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Une Souris et des Hommes

16 février 2013

France/Rhône-Alpes/Ain - Des souris et un homme

Une immersion dans le quotidien des techniciens et ingénieurs chargés de la gestion d'un site naturel protégé permet de découvrir quelques facettes des difficultés rencontrées au jour le jour. Les points de vue du grand public, souvent peu argumentés, vis-à-vis des programmes de conservation de la nature, sont également intéressants à prendre en compte. Un certain nombre de personnes ont du mal à relier et concevoir ces programmes, financés par des fonds public, avec les besoins économiques existant autour des sites naturels. Il y a parfois conflit entre le passant, promenant son chien par exemple, et les contraintes demandées par les gestionnaires. Sur les plages de Guyane, la tenue en laisse des chiens est lié au risque de destruction de nids et tortues. Dans le Jura, il y a probablement un lien entre ces contraintes et la grande sensibilité du grand tétra, oiseau phare de la réserve naturelle, à la présence humaine. Un brin de diplomatie s'avère alors nécessaire lorsque certaines personnes s'ennervent contre les mains de Dieu que sont les gestionnaires. Ceux-ci, sans doute à la fois sensible, à juste titre, aux conditions de vie de certains habitants, et insensibles, à tord, à l'importance de la préservation de la nature, ne voient pas l'utilité de ces programmes pour le bien-être humain. Souvent, les gestionnaires sont des structures associatives représentées par des personnes mal payées, mais passionnées par les problématiques qu'ils défendent. De plus, la plus-value des projets de Conservation pour les territoires et habitants sont probablement sous-évalués par le grand public. Dans tous les cas, soyons terre-à-terre: comment vivront les millions de pêcheurs si les stocks deviennent trop faibles pour que l'activité soit non subventionnée et tout façon inutile ? Comment sera financé le traitement de l'eau de boisson, si les teneurs en micropolluants deviennent trop importantes ?

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S'immerger dans le travail quotidien des gestionnaires d'espaces naturels permet aussi de rencontrer différents acteurs et corps de métier liés à la nature: agents de l'Office Nationale des Forêts, écologues, biologistes, agriculteurs, chasseurs etc. Souvent tous passionnés par leurs missions, certains pourraient être qualifiés d'atypiques. Je pense à cet expert naturaliste, spécialisé notamment dans l'étude et la connaissance des populations de micro-mammifères dans l'arc alpin. Des souris, et un homme pour les étudier. Il nous avait expliqué le contenu de son travail, à l'époque où j'avais travaillé pour la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura. Intéressant, en tout cas pour moi, mais pas forcément pour les volontaires...Tout le monde n'est pas amateur de campagnols et autres mulots! A une question d'une volontaire, sur l'utilité des études de micro-mammifères, sa réponse était simple: "étudier les micro-mammifères, cela ne sert pas forcément à grand-chose, peut-être même à rien: c'est comme Mozart."

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Et au milieu passe une fourmi (macro au sol)

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Echange avec Jacques Gilliéron, expert naturaliste, sur les micro-mammifères (été 2010)

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24 novembre 2012

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Priay

"Si en Europe les caractéristiques biologiques et écologiques des cours d'eaux sont connus depuis près de 70 ans, en Guyane, les premières études remontent seulement aux années 1980. Aujourd'hui, une vaste étude sur les petites criques de têtes de bassin versant est mise en oeuvre afin de proposer aux gestionnaires une méthode qui permette de définir un indice de qualité de ces milieux. L'objectif étant, à terme, d'y évaluer l'impact des activités humaines." Cette phrase introductive est issue du 9ième numéro de la formidable revue "Une saison en Guyane", semestriel de grande qualité qui décrit, photos à l'appui, l'ensemble du plateau des Guyanes, du Vénézuela à l'Amapa au Brésil, sous l'angle des activités économiques, de la Nature, de l'Histoire, interrogeant certaines personnes, décrivant des programmes scientifiques en cours etc. Le genre de revue formidable pour les personnes s'intéressant à une région géographique donnée, alors que la plupart des revues du genre portent essentiellement sur des articles en lien avec le tourisme. Découvrir ce numéro un dimanche d'août permet de s'évader par la douceur des textes et la beauté des clichés photographiques. On y apprend que "ces petits cours d'eau, que l'on franchit à pied, sont des milieux naturels sensibles qui abritent des espèces que l'on ne rencontre pas souvent. Il reste encore un voile à lever sur ces écosystèmes et sur l'écologie des communautés aquatiques qu'ils abritent." Quelques pages plus loin, l'interview d'un photographe subaquatique et gérant d'un bureau d'études laisse rêveur l'amateur d'ichtyologie, de photographie de la nature ou tout amateur d'aquariophilie d'eau douce: "la passion de la nature est un phénomène inexplicable qui vous prend au berceau: on préfère regarder les grenouilles plutôt que les voitures, élever des poissons plutôt que collectionner des petits soldats. L'envie de montrer ces spectacles que si peu de personnes prennent la peine d'observer, ainsi qu'une sensibilité artistique, m'ont amené naturellement à photographier la nature." Puis un peu plus loin: "j'ai toujours été étonné de voir que les gens connaissaient mieux la faune des récifs coralliens que celle des rivières qui coulent devant chez eux." Après quelques minutes à révasser à ce genre d'observations naturalistes particulièrement intéressantes et atypiques, cette remarque fait "tilt". 

Une semaine de canicule plus tard. Dans une sorte de symbiose entre un principe de plaisir et un champ de compétences professionnelles, la chaleur estivale est l'occasion de photographier la rivière d'Ain, sauvage et préservée, et découvrir, à l'aide d'un masque et d'un tuba, ses habitants subaquatiques.

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L'observation d'une petite dizaine d'espèces de poissons dans leur milieu naturel est particulièrement plaisant. On y découvre que certaines espèces s'observent plus particulièrement dans des parties peu agitées du lit de la rivière. Au contraire, les barbeaux communs ont été vus systématiquement près du fond dans les parties de la rivère à fort courant. Puis, retournant quelques pierres, des espèces benthiques sont alors observées. La loche, par exemple. Ces observations sont particulièrement sympathiques dans une rivière à l'eau peu chargée en limons. L'intérêt personnel est là, et peut être complété par la découverte des bases de données sur la diversité biologique des espèces en Europe, telle que la base de données Faune Europaea, crée par la commission européenne. On y découvre par exemple en quelques clics que les chiroptères, nos chauve-souris, regroupent 54 sous-espèces sur l'ensemble du continent. La préservation des berges de l'Ain donne une tonalité amazonienne à celle-ci, alors que nombre de rivières apparaissent souvent canalisées en France métropolitaine.

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L'observation naturaliste dans un cours d'eau européen n'offre bien sûr pas le même nombre d'espèces que celle pratiquée dans un milieu tropical marin. Mais, couplé à des lectures scientifiques ou grand public, ce moyen efficace d'allier sport, détente et culture générale permet aussi de prendre davantage conscience des interactions hommes-environnement. Un moyen simple, économique et efficace de se rappeler que même si traverser un océan permet de découvrir des environnements naturels particulièrement différents de ceux rencontrés quotidiennement, de nombreuses richesses naturelles existent  autour de chez soi et méritent tout autant une attention particulière de la part des habitants sensibles aux enjeux environnementaux des territoires anthropisés européens.

15 avril 2012

Une souris et... Mme expat., en pleine révolution

Un clic de souris permet d'échanger avec des personnes du monde entier. Un clic de souris permet aussi de rechercher une colocation. Et c'est d'un clic de souris que je trouvais, il y a 3 ans et demi, la colocataire avec qui j'allais partager 8 mois de Guyane et d'échanges divers et variés. Il faut dire que Mme expat, entrée dans sa cinquième décénnie, fait partie de ces personnes expatriées par choix, passionnées avant tout par la fine découverte de contrées lointaines. Avec de la patience, beaucoup de travail, et une tranquille détermination, c'est les Canada, France francilienne, République dominicaine, Cap Vert et Guyane qui lui ont permis de développer des compétences dans le champ de l'Education Nationale, de la francophonie, de la formation d'enseignants, pendant plus de 20 ans. Alors bien sur, les périodes les plus exigentes, et ses plus riches expatriations, se sont déroulées après 40 ans, mais c'est bien dès 20 ans qu'elle partait au Canada et dans sa trentaine que se préparait la suite. 30 ans, l'âge ou la plupart des choses restent encore possible, à condition de s'en donner les moyens. Et dire que Marine Le Pen arrive comme choix de vote chez toute une partie de la jeunesse française. Quelle tristesse, alors que l'Europe et la nationalité française offrent tellement de possibilité à ceux qui veulent les saisir. Comme si les diasporas de France étaient la cause de la situation économique mondiale, alors qu'elles sont les premières à la subir. Bien sur, certains radicaux doivent être surveillés de prêt, mais les amalgames sont tellement faciles, et malheureusement facilitées par une partie de la classe politique actuelle. Cela met en évidence que la période est importante pour s'investir et/ou utiliser les outils des politiques jeunesse de France. Les Services Civiques, volontariats associatifs divers, programmes de mobilité. sont malheureusement mal connus malgré leur utilité évidente, malgré cette chance d'y avoir accès pour toute la jeunesse, indépendamment d'un niveau d'études requis, particulièrement en cette période de crise économique.

Mais revenons à Mme expat. Car après 6 ans de Guyane, son envie de relancer la machine l'ont poussé a postuler dans des écoles françaises... Et c'est pour le poste de directrice d'une école dans une petite ville du Nord Tunisien que son profil est retenu. C'est un chouette échange que de faire découvrir la ruralité française à des expatriées tunisiennes. Réciproquement, se lier d'amitié avec des tunisien(nes), qui plus est dans un pays en plein changement, offre une vision du pays d'accueil particulièrement intéressante et fine. Mme expat nous avait envoyé un email. Suite à ma proposition de le valoriser sur ce site, le voici. Un témoignage français du printemps tunisien, avant la Lybie, avant la Syrie, avant les élections qui s'en suivirent.

Date: Mon, 17 Jan 2011 22:36:58 +0100
Subject: news

Bonsoir de Hammamet, ce soir de nouveau gouvernement d’union nationale,

Oui, une page se tourne. Et c'est un soulagement extrême et un espoir immense chez les Tunisiens. Enfin, ils peuvent parler, s’exprimer, après tant d’années à baisser la tête dans la crainte. Mon amie tunisienne de 67 ans « ne pensait jamais vivre ce jour de son vivant et est très fière d’être à la une du monde entier pour une aussi belle révolution ». (je suis chez elle ce soir et je lui ai demandé de vous dire un mot); savez-vous qu’on l’appelle « la révolution du jasmin ». Elle me parlait le 11 janvier du régime en place et le faisait tout bas, de peur que nos téléphones portables enregistrent notre conversation et l’envoient en tôle. 3 jours après, elle hurlait sa joie au milieu de ses larmes et me racontait sa Tunisie politique. Le 12 et le 13,  le ras-le-bol s’exprimait dans la répression féroce des policiers et  le 14, Ben Ali, le dictateur, dégageait. Aujourd’hui, on apprend que Leila, sa femme, a foutu le camp en emportant 1 tonne et demie d’or de la banque centrale.

L'école est fermée (mais j'y passe chaque matin ; maintenant  tout est calme) depuis mercredi. Nous avons eu 2 jours de vraies manifestations très dures, très violentes: les tirs de l’après-midi se sont poursuivis tard dans la nuit , accompagnés d’odeurs de gaz lacrymos, de pneus brûlés, de clameurs, de hurlements. Les matins, le calme revenait, l’après-midi et les soirs, la mitraille reprenait... De nbrx batiments st détruits à Nabeul : poste, agences bancaires, tunisair, carrefour, monoprix...pillés, incendiés. autant d'entreprises où la famille de Madame avait des parts.

Le matin, la vie reprend, on peut acheter le pain après une longue queue; j'ai même trouvé de beaux poissons; vers 13 h, les cafés rentrent les tasses ds des cartons et les emportent ailleurs, on rentre les chaises, les tables, les magasins ferment le rideau en attendant l'orage...Depuis plusieurs jours on a le couvre-feu;  maintenant,  on traque les pilleurs du gouvernement, et nous nous organisons en comités de quartiers. Les gardes ont de pauvres bâtons, des tuyaux mais la solidarité est grande.

A Nabeul, Hammamet, la situation n’est pas angoissante comme elle l’est à La Marsa où hier encore, les tirs ont retenti toute la nuit. Certains profs du Lycée français de La Marsa semblent même très choqués: on envisage presque une cellule psychologique pour certains. Il est sûr que certains ont dû assister à des scènes très dures. On a été plus épargnés ici.

Je n’ai plus passé les nuits seules après les grosses manifs, soit chez des amis, soit une amie est venue à la maison. Les infos sont très bien relayées par le proviseur du lycée et l’IEN. Mes collègues dirlos s’envoient aussi des messages réguliers.

Nos écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre, qui va, je pense, être très proche. Bcp de familles françaises de nos écoles sont parties; certaines vont revenir très vite; d’autres attendent que la situation soit définitivement calmée et ont inscrit leurs enfants aujourd'hui dans des écoles en France. D’autres ne reviendront plus. Certaines autres, tunisiennes celles-là, proches de l’ancien régime ont-elles aussi quitté le navire et ne reviendront plus non plus, mais pour d’autres raisons. Mes élèves s’ennuient et me demandent du boulot. Hier, j’ai passé l’après-midi avec 2 d’entre eux dans un hôtel, pour changer d’air (surtout pour eux).Ds les jardins vides et silencieux, il faisait plus de 30 °C au soleil...et la piscine en bord de mer contrastait avec la situation.

Bcp d’espoir, bcp de fierté même si mâtinées d’incertitudes chez les Tunisiens. Ils méritent leur victoire. On attend maintenant des élections qui seront tout à fait nouvelles pour les électeurs qui ne seront pas obligés de prendre le bulletin obligatoire que des hommes armés leur tendaient. La période à venir risque d’être troublée mais sans armes.

Voilà. Merci à tous d’avoir pris de mes nouvelles. Je suis contente d’avoir vécu cette révolution sur place avec mes amis tunisiens. Biz

7 avril 2012

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Saint-Jean-Le-Vieux

L'Ain recèle de nombreux villages charmants, de régions économiques diverses et de paysages variés. Mais qui connait Ambérieu-en-Bugey et sa région, n'y verra souvent que la fameuse gare SNCF à laquelle de nombreux TER et TGV font un arrêt sur la ligne de Lyon. D'autres, plus sportifs, feront le lien avec les nageurs olympiques de la famille Manaudou. Ambérieu et le Bugey est, malgré une faible attractivité touristique apparente, une région où il fait bon vivre, agréable, dynamique sur le plan économique et marquée d'une identité locale assez forte. Les villages aux alentours sont riches d'une histoire et d'un patrimoine qui intéressera tout amateur d'art, d'histoire économique ou de photographie. Et les monts du Bugey, une extrémité géologique du Jura, ne sont jamais bien loin. Un dimanche d'avril, le temps grisatre ou ensoleillé, est une opportunité de découverte pour tous ceux aimant la marche et le patrimoine. Et alors que dans le passé, des habitants d'Irlande ou de Guyane m'avaient montré avec enthousiasme leurs lieux de vie, alors que le Couchsurfing se base sur le principe que "le meilleur guide d'un lieu ne peut être que l'habitant local", cette découverte en cours du Bugey ne serait-elle pas mieux partagée? Transmise? Expliquée, dans la mesure d'un champ de connaissances même limité. Imen et Amira, deux soeurs tunisiennes rencontrées à Lyon, Nadja et Rémy, nouveaux habitants rhône-alpins, Stefano, Italien fraîchement débarqué du Piemont, et moi-même décidions de découvrir un peu mieux le Bugey. Un point commun nous rassemble: le besoin de lien amical en dehors des heures de travail. Un outil fédérateur de lien social, une association de bénévoles faisant vivre un projet. Une rencontre à une sortie de métro, et le plaisir de faire découvrir un peu la France rurale à deux Tunisiennes rarement sorties de la cité des Gones.  

Lyon. 10h00. Un signe de main à l'autre bout de la place Charpennes. Imen et Amira s'approchent, pétillantes, heureuses de partir à la découverte d'une France rurale mal connue de ces deux doctorantes tunisiennes. Le regard curieux, l'envie de prendre l'air, sortir d'une ville agréable à la rencontre de la ruralité toujours difficile d'accès lorsqu'on est sans guide et sans voiture. 

Ambérieu. 11h00. Les nuages masquent un soleil que l'on devine rayonnant. Une légère épaisseur brumeuse, augmentant l'incertitude sur le déroulement de la journée. Pluie ou soleil ? Stefano, récemment arrivé à Lyon depuis l'Italie, Nadja et son ami Rémy nous retrouvent à la gare d'Ambérieu. Direction Saint-Jean-Le-Vieux, petite bourgade bugiste où au milieu coule une rivière. L'idée de la journée: un décrassage dans les chemins de ce village, près de la nature, près des champs, pour dérouiller le corps avant d'autres aventures plus escarpées. Le chemin de Cheminant relie l'entrée de Saint-Jean à Jujurieux, village voisin, en traversant Varey et son chateau, le long de champs, pâturages bucoliques, traversant quelques hameaux s'éveillant dans la tranquillité d'un dimanche de printemps.

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Imen et Amira dans la brume printanière d'un village bugiste

Les chemins escarpés offrent une vue sur le chateau de Varey, un des chateaux composants le paysage des alentours, parmi d'autres. A gauche, une haie de forcicias fleuris rappellent la fin de l'Hiver. Mais ces chemins de traverse ne sont pas faciles à connaître pour un lyonnais. L'habitant local et sa fine connaissance des environs est, s'il se veut accueillant, le meilleur guide possible pour le promeneur de passage. Outre l'accueil de la personne étrangère à son territoire, il peut affiner son ouverture sur le Monde et sa tolérance vis-à-vis de personnes venant "de l'extérieur". Cette démarche se retrouve via le projet du Couchsurfing ou des chantiers de bénévoles. Faire vivre ces villages dans lesquels l'été rime avec "ennui" pour la jeunesse rurale, dynamiser la saison estivale, nouer les liens sociaux entre habitants et personnes de passage, permettre à des personnes extérieures de rencontrer l'autochtone. Chacun de ceux qui apprécient la découverte de nouveaux territoires connaissent le plaisir qu'est la découverte de parties profondes de celui-ci. Les îles d'Aran en Irlande, par exemple.

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Le retour par Jujurieux, puis la visite guidée de l'Abbaye d'Ambronay, concluaient le premier dimanche de sortie pédestre de l'année. L'occasion pour chacun de mieux connaître les alentours lyonnais et à tous de souffler un air campagnard avant une nouvelle semaine de travail.

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31 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (2)

Partie 2 : des habitants. "Notre association intervient également dans le champ du patrimoine. Nous considérons celui-ci comme l'ensemble des biens d'une collectivité, d'un groupe social ou de l'humanité considéré comme un héritage commun et universel. Les chantiers réalisés par les volontaires sont le seul lieu où Concordia s'investit dans ce champ d'action.(...) Parfois cette action sur le patrimoine concerne l'aménagement des espaces qui l'entourent. Nous trouvons dans ce type d'actions le lieu idéal où se rencontrent le projet d'une communauté locale et notre projet international, permettant ainsi aux volontaires, et à la population qui les accueille, de se rendre compte immédiatement de l'impact de leur action dans un milieu donné". Cet extrait du projet éducatif de l'association Concordia l'évoque: un chantier de bénévole doit se réaliser, dans l'idéal, en lien avec la population locale du territoire sur lequel il se déroule. Le site Natura 2000 de Guissény, comme tout site naturel, est connu de tous, aimé de certains, et activement géré par d'autres: ingénieurs gestionnaires, acteurs associatifs, habitants, agriculteurs etc. La gestion d'un site naturel prend alors davantage de sens, celui de relier l'habitant plus ou moins urbanisé à sa nature environnante.

Alors que le jour se lève, une Skoda arrive au club de voile de Guissény. Il fait beau, la mer est bleue et d'un pas calme et déterminé, Monsieur Boucher apporte quelques légumes aux volontaires fraichement encaféinés. l'Homme, fonctionnaire hydraulicien retraité et dynamique habitant du bourg, est accueillant et très motivé par le chantier. Il livre une explication remarquable sur le fonctionnement hydraulique du bassin hydrographique dans lequel se situe le site naturel. A ce moment, Michal, jeune tchèque de 19 ans, s'excuse au nom de son pays pour les nombreux problèmes que Mr Boucher a rencontré sur sa voiture: rire général.

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Un de ses fidèles compères se nomme Mr Roudaut, qui, s'il ne radotte pas, grimace un peu du regard et grogne un peu de la voix. Les deux forment une paire d'habitants motivés pour faire avancer la commune. Une bien bonne entente, autour d'un jardin partagé, par exemple. Mais ce monsieur là à une passion, qu'il fera découvrir aux volontaires: la soie. Un étage entier, pour fabriquer et traiter ce matériau précieux et méconnu. Des oeufs de diverses couleurs, d'un ton clair, offrent un mélange agréable à l'oeil.

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Dans ce bourg rural du Finistère Nord se situe également un professeur de dessin et artiste à ses heures de pause. A travers ses dessins, il alimente l'Histoire de Guissény et de son site naturel. Ailleurs, en centre-ville, une habitante demande: "y a t'il un Grec parmi vos volontaires ?" Lisette a en effet vécu une année dans ce pays, il y a longtemps, et aurait été ravi de croiser une personne de là-bas. Ses racines sont à Guissény, et elle se dit d'origine celte, bretonne de coeur, française par annexion, et européenne pour l'égalité de peuples. Son engagement s'est fait notamment par la création d'une association ayant oeuvré pour la connaissance et l'éducation à l'environnement autour de ce site naturel qu'elle a vu évoluer négativement au fil des décennies. Et à travers ses échanges avec les volontaires, on apprend à connaître le site, et ce qu'il représentait pour certains à l'époque de la guerre des boutons. Alors qu'ailleurs, les enfants fumaient des lianes, ici, Lisette et ses copains fumaient du crottin de cheval, pendant qu'ils gardaient des vaches. Et puis Mr Marhadour, lui, était ouvrier sur la tourbière, qui dans le temps, était exploitée pour le pouvoir calorifique que possède la tourbe. Cette exploitation se faisait à l'aide d'outils spéciaux, après avoir coupé les roseaux des marais.Toutes ces personnes qui ont traversé la seconde moitié du 20ième siècle avec les progrès techniques qui ont transformé le Monde connaissent mieux que quiconque l'histoire et l'évolution des sites naturels qu'ils parcouraient enfants. Leur implication pour une gestion durable de ces mêmes sites qui serviront aux enfants d'aujourd'hui et de demain est une richesse. Car comme la revue "Terre Sauvage" le souligne dans un récent hors-série: la Nature est l'avenir de l'Homme.

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"La Nature est l'avenir de l'Homme" (Bon, en ce qui concerne les requins, murènes et méduses, on peut peut-être en rediscuter) Oceanopolis, Brest.

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30 décembre 2011

France/Rhône-Alpes/Ain - Est-elle Nature, la vache ?

La vision que l'on a des choses est en partie liée à notre parcours individuel, lui même fonction de choix selon des goûts et envies et des contraintes suivant la réalité du moment. Prenons l'exemple de ce pâturage jurassien photographié en août 2010. Alors qu'une connaissance, en école d'infirmier, signalait, selon sa vision, qu' "un champ de vâches, c'est la nature", Il existe mille est une façon de percevoir ce pâturage bovin. Exemples.

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Troupeau de vâches dans un pâturage jurassien, les Moussières, août 2010

1. L'éleveur propriétaire du troupeau: "le Ministère de l'Agriculture a officiellement annoncé la mesure permettant de garantir à tous les producteur un dépassement de quota de 2% sans en être pénalisé. Cela va me permettre de produire un peu plus et profiter de la bonne tenue du marché laitier".

2. Le fromager: "Le lait de ces vâches et pâturages est de très bonne qualité pour la production de nos fromages locaux. Mais suite aux décès de plusieurs dizaines de personnes en Europe en 2011 à cause de contaminations par E.Coli, on risque de devoir faire davantage de contrôle sur nos produits."

3. L'ingénieur Analyste du Cycle de Vie: "Dans le cadre des expériences d'affichage des caractéristiques environnementales des produits de grande consommation, il est impératif que je prenne en compte le fait que la vâche ne produit pas uniquement du lait, mais aussi de la viande. Ah là là, ces allocations !"

4. Le végétarien: "Ah là là, que ce système de production bovin est mauvais: d'une part, un amateur de cuisine sait que la majorité du goût de la viande se situe dans la sauce. En plus, la consommation de viande n'est pas très bonne pour la santé, et une trop grosse consommation à l'échelle mondiale n'est pas tenable écologiquement. Pourvu que le végétarisme se développe en Europe !"

5. Le gestionnaire des espaces naturels: "Ce qui est notamment intéressant dans la gestion d'un site classé Natura 2000, c'est de travailler en collaboration avec les agriculteurs, notamment pour qu'ils adoptent une gestion plus douce des surfaces d'alpages exploitées."

6. L'ingénieur agro-alimentaire: "L'alimentation bovine en France est composé à près de 80% de fourrages. Il y a sans doute des améliorations à faire à ce niveau là pour diminuer les impacts que génèrent cette consommation sans baisser la qualité du lait ou de la viande."

7. L'ingénieur en agriculture: "il est important de maintenir une agriculture de qualité dans ces zones ou l'urbanisation est à forte pression. J'espère que mes conseils aux collectivités sur leurs plans d'occupation des sols seront suivis par le maintien en zone agricole de surfaces importantes dans le pays de Gex".

8. Le promeneur à son enfant: "Dis moi la couleur des choses suivantes: une feuille de papier ? la vâche là-bas ? la neige ? La tapisserie de ta chambre ? La voiture de maman ? L'enfant: Blanc. Blanc. Blanc. Blanc. Blanc. Le promeneur: "qu'est ce qu'elle boit la vâche ?". L'enfant: "Du lait".

9. Un cadre de la communauté de communes du Pays de Gex, parlant à un volontaire international: "s'il n'y avait pas de réserve, il y aurait sans doute des parkings bétonnés, une plus grande station de ski, plus de maisons, davantage de trafic, etc".

10. Le promeneur retraité: "Ah, ces champs me rappellent mon enfance. Dans le passé, il y avait aussi du bétail, et ces zones servaient de transhumance au bétail avant la montée en alpage sur la haute-chaîne. Ce patrimoine historique, il ne faut pas l'oublier."

11. L'écologue: "Il est particulièrement intéressant d'étudier les espèces se développant dans les zones de refus du bétail, à savoir des surfaces du pâturage non broutées et ou les fèces vont davantage être déposées. Ces zones permettent à des espèces végétales de se développer, alors qu'ailleurs elles ne le pourraient pas". 

12. Le bénévole sur un chantier de bénévoles internationaux en 2010: A quoi ça sert de débrousailler ces surfaces de prairies sêches ? Parce que c'est un peu chian au bout d'un moment. L'animateur: "A préserver ces habitats importants pour de nombreuses espèces."

Comme quoi, il existe mille manière de "comprendre" une chose à priori banale comme ce pâturage bovin ! Quand aux volontaires venus de ces quatre coins du Monde, ils ont même pu assister à la traite de vâches laitieres. Naturel, non ? 

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28 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (1)

Partie 1 : des habitats. Guissény. Ce nom vous est inconnu ? C'est assez normal ! Petit commune du Finistère Nord, elle n'est pas la plus touristique de la Bretagne. Et pourtant, qui sait apprécier la nature et la beauté d'un paysage authentique prendra grand plaisir à découvrir les plages et le site Natura 2000 aux multiples biotopes qui composent son territoire. Natura 2000 est un dispositif européen de gestion sites naturels d'importance européenne. A la différence d'une réserve naturelle où l'activité humaine se veut particulièrement restreinte, celle en lien avec un site Natura 2000 n'a pas pour vocation d'être nulle mais simplement d'être particulièrement soucieuse de la préservation des espèces.

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Guissény: un site naturel caractérisée par sa petite surface, sa grande diversité d'espèces et de milieux, et d'une situation de milieu récepteur d'un bassin versant à vocation agricole.

S'y trouvent une tourbière, un étang entourée d'une roseraie, une zone océanique riche, des prairies, un cordon dunaire à la flore particulière...le tout sur quelques km2. 

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Suki (Corée du Sud, 31 ans): "l'autochtone breton possède des techniques hydrauliques tout de même assez primitives: il vide l'eau de son bateau avec un seau et ne connait visiblement pas l'effet siphon"

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17 volontaires internationaux ont ainsi pu découvrir ce site splendide et comprendre quels enjeux se trouvent derrière la préservation de tels milieux tout en permettant une utilisation douce des terrains par l'Homme. L'une des problématiques environnementales les plus célèbres de France est la prolifération des algues vertes sur les côtes de Bretagne. une sujet sensible, où l'activité professionnelle des uns (les éleveurs de porcs notamment) agit sur celle des autres (les pêcheurs notamment), et éventuellement sur l'activité touristique de la région. Tamito, un japonais de 32 ans, a peut être trouvé la solution à ce problème: pourquoi ne pas développer des recettes de sushi ! Plus sérieusement, la prolifération d'algues, les dépôts de nombreuses tonnes de végétaux marins sur les plages, les risques de pollution et de toxicité de celles-ci (certaines espèces génèrent des toxines) sont un sujet sensible car réellement problématique.

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Dépôt d'algues sur la côte de Granit Rose, Côtes d'Armor

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Dépôt d'algues vertes sur une plage du Finistère Nord, août 2010

Le site Natura 2000 de Guissény offre donc une variété de sites naturels, de biotopes, particulièrement sensibles et dont la préservation est importante voire essentielle à l'échelle géographique de l'Europe. Cette zone littorale, comme beaucoup d'autres en France, est en effet potentiellement soumis à des contraintes foncières particulièrement fortes. Cela est bien sur une richesse, mais nécessite aussi des approches de travail et de gestion différentes d'un habitat à un autre. En revanche, la découverte de certaines espèces sensibles et protégées devient particulièrement riche pour le promeneur lambda. 

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Plante carnivore protégé dans un site tourbeux de Guissény

Ce promeneur, ce peut typiquement être l'un des habitants du village, dont certains, fin connaisseurs du site, deviennent des piliers pour le gestionnaire chargé de la mise en oeuvre du document d'objectif du site. Un site naturel, c'est ses habitats, mais aussi ses habitants ! Une petite présentation de certains d'entre eux sera pertinente....dans un prochain article !

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22 décembre 2011

Une souris et...Kayoung, Saena et Agnes: " C'est triste "

La conscience internationale, la compétence interculturelle, une meilleure compréhension de notre Monde. Quelques exemples de ce que peuvent apporter des expatriations, des rencontres internationales, des chantiers de bénévoles, internet, les lectures, les conférences etc. Mais une chose est plus puissante que les autres pour la tolérance entre les peuples: le partage de moments de vie avec des personnes d'autres lieux. Oh que cela n'est pas toujours valorisé en France, et que la direction actuelle tend plutôt vers davantage de communautarisme, à première vue. L'échange avec des coréens et coréennes, il est aisé en Europe, tant ceux-ci s'expatrient plus qu'auparavant. La naissance d'amitiés a eu lieu, amitiés éphémères physiquement, mais qui restent dans un coin de cerveau. Alors que j'avais commencé à écrire ce message il y a quelques mois, et que, faute de motivation, le brouillon était resté en l'état, voilà que le dictateur nord-coréen meurt, et que les vidéos des habitants endoctrinés, en pleurs, apparaissent au monde entier. C'est il y a quelques jours seulement que j'ai davantage mesuré l'acquisition de cette conscience internationale, quand, pensant à Kayoung, cette petite coréenne qui a partagé un chantier international en ma compagnie, une légère insomnie s'est déclarée suite aux images de Corée du Nord. Une bonne raison de finaliser cet article sur des échanges avec ces copains coréens.

Août 2010: soirée en refuge. Une bougie. Une flamme. Un au-revoir. Un adieu ? Kayoung et Saena terminent d'écrire leur perception du jour ou de la semaine. Comme beaucoup de coréens à l'étranger, elles tiennent à jour un journal personnel de leurs expériences et de leur vécu. L'écriture coréenne est fine, esthétique, et même élégante. Pourquoi ne pas l'apprendre un jour ?

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L'écriture du soir se termine doucement. Les deux volontaires ont passé du temps ensemble, et l'entente fut bonne. L'une partira peu de temps au Portugal, faire un nouveau chantier. L'autre finira sa formation dans l'hotellerie en France. Deux parcours très différents, mais qu'un élément rapproche: leur origine sud-coréenne. Le silence est d'or. Plus un bruit. Seul un léger mouvement de la flamme. Un an et demi plus tard, le souvenir est flou, un peu illusoire. Ces journeaux intimes, sans doute plein de belles anecdotes de vie, des remarques sur les lieux découverts. Kayoung a t'elle aimé la tartiflette savoyarde ? Je ne le saurai pas. Nous parlons plutôt d'un sujet nettement plus intéressant, mais aussi beaucoup plus sensible; La Corée du Nord. La séparation de la Corée en deux blocs. C'était en 1953. Une éternité quand on a 10 ans, récemment quand on en a 30, le jour de ses 10 ans quand on en a 70. 60 ans, la guerre froide et cet autre monde. La Corée du Nord sera communiste, la Corée du Sud rattachée à l'économie de marché. Et les coréens alors ? Certains perdront de vue des membres de leur famille, de l'autre côté. La folie des puissants de ce Monde. Je ne rentrerai pas dans le détail de l'histoire des Corées, trop inconnue et sans doute très bien expliquée sur la toile. Mais ce sujet, Kayoung le résume dans cette phrase: c'est triste.

Cette phrase je m'en souviens bien. Cette méconnaissance du sujet que j'avais aussi. La discussion qui s'en suivi, sur le budget d'armement des nord-coréens, les tentatives de fuite, les frontières ultrabarricadées, la folie du dictateur. Cette vision par deux habitantes locales du Sud, la plus profonde, la plus importante à écouter. C'est sans doute pour cela qu'il y a quelques jours, Kayoung était omniprésente dans mon esprit. Le temps d'une nuit, comme la forte envie de lui envoyer un mail, sans nouvelle d'elle depuis un an et demi. Juste avant, j'ai écrit à Agnes, coréenne en Service Volontaire Européen à la délégation Auvergne de l'association Concordia. Nos chemins s'étaient croisé une petite semaine en 2010, dans le cadre d'une formation d'animateurs. Une jolie asiatique pleine d'humour.

Agnes Kim

J'approche la conclusion de ce petit article sans prétention par le petit échange de mail avec Agnes.

Moi. " Hello Agnes. How r u ? I'm wondering how you are doing and a bit "sad" for my corean friends cause of what happens in North Korea. I mean, the videos we can see on youtube are really impressive. What is your opinion ? "

Agnes. " I'm doing great! How are you doing?  Well, I'm not in the Korea now but when I read the news it seems like many s.korean people is afraid cuz no body know what is gonna happen.. Our president is (it's really easy if you think he's like a president of France) very negative to N.Korea so. Anyway, I saw that video too.. It was really impressive. but it's kind of scary that everyone cried like their family died.. I know it's sad but I could feel there is a lot of propagonda... Hopefully, we gonna reunited in a peaceful way someday, but sadly, many s.korean people doesn't want it anymore.. sad. really.  Thanks to ask anyway. Peace!" Best wishes Emmanuel! "

Cette séparation entre les deux corées, non réunies après 60 ans, Agnes le vit comme Kayoug et sans doute beaucoup d'autres de leurs compatriotes. Et c'est ce sentiment de tristesse qui revient dans les échanges.

12 juin 2011

France/Rhône-Alpes/Ain: Anecdotes coréennes en France

la Haute-Chaîne du Jura est l'une des plus grande réserve naturelle de France, outre-mer compris. Réserve naturelle ? Comme son nom l'indique, cette terminologie désigne un territoire protégé à des fins de conservation de la nature. Conserver un environnement naturel est en effet une priorité en France, et l'Etat dispose pour cela d'un certain nombre d'outils réglementaires. Les réserves naturelles en font partie comme les parcs nationaux. La réserve naturelle de la Haute-Chaîne s'est construite au fil des années 70 et 80 à cette fin: protéger ce patrimoine paysager et naturel d'une grande valeur écologique et assurer la pérénnité d'un territoire soumis à une forte pression démographique. L'espèce symbole de la Haute-Chaîne est le Grand-Tétra, mais la valeur de la flore et de la faune ne se résume en aucun cas à cette unique espèce. Ces notions de protection du patrimoine naturel sont intéressantes à apporter à un groupe de volontaires internationaux, dont la plupart ne sont pas formés en gestion environnementale et ne connaissent presque rien à ces outils. Mais en plus d'une approche pédagogique lié à la réalisation d'un travail d'utilité publique par le groupe, le chantier de jeunes bénévoles permet aux personnes inscrites de vivre une expérience de vie assez puissante durant trois semaines, avec des personnes venant de 5 ou 6 pays différents, répartis sur plusieurs continents. Apprendre à gérer une réserve d'eau pluviale limitée pour tout le groupe. Se doucher à l'aide de douches solaires au milieu des épicéas. Marcher au milieu des vâches.

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C'est ce qu'une semaine en refuge au sein de la réserve peut faire vivre à une habitante de Moscou ou de Séoul. Sacré dépaysement ! Et le matin, travail pour dégager les arbres coupés par des agents de l'ONF, afin de laisser ouvert les habitats typiques des gélinottes et grand-tétras. Sans un habitat favorable, impossible à l'espèce de ce développer et à ses effectifs de rester stable ou en augmentation. C'est un peu cette problématique qui se retrouve dans les renaturation de cours d'eau: améliorer l'habitat sur le long-terme plutôt que repeupler une rivière chaque année. Et puis comme souvent, séjourner en refuge permet l'accès à des milieux protégés et à des paysages préservés. 

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Coucher de soleil dans le Jura français

La Haute-Chaîne sépare deux régions, deux départements, deux économies, deux manières de vivre. Le pays de Gex et le genevois d'un côté, la franche-comté et ses paysages agraires de l'autre. Le col de la Faucille permet le passage entre ces deux territoires, et l'ascencion de la haute-chaîne donne une vision panoramique exceptionnelle des environs.

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Vue sur les Alpes et le Jura depuis le Reculet, Haute-Chaîne du Jura

La plupart des personnes réalisant un chantier durant l'été ont entre 16 et 25 ans et ont plusieurs objectifs: valoriser un temps de vacances après un travail saisonnier et une année d'études. Rencontrer des jeunes internationaux, parler une langue étrangère et s'ouvrir sur le monde. Découvrir un territoire et ses habitants, en France ou à l'étranger. Beaucoup sont étudiants, certains sont déjà insérés dans le monde du travail. Certains viennent aussi parce que les politiques éducatives et internationales de leurs pays respectifs poussent à l'expatriation et à l'expérience internationale. C'est notamment le cas des étudiants coréens, dont le nombre explose sur ces chantiers internationaux, depuis 15 ans. Kayoung, en photo ci-dessous, exprime bien cette nouvelle mobilité de la jeunesse coréenne à travers le monde. En master de LEA, elle a préféré prendre une année de pause avant de terminer ses études, en venant vivre et voyager en Europe. Après quelques mois de travail à Séoul, c'est une série de quatre chantiers internationaux qu'elle a réalisé en 2010, en Europe du Sud. L'idée, progresser en anglais et mieux connaître les européens. Très utile, tant professionnellement que personnellement.

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Suki, rencontrée sur un autre chantier, en Bretagne, avait elle un autre objectif. A 31 ans, tenter l'aventure en partant 3 mois en Europe, seule, sans parler aucune langue du vieux continent, et sans jamais être sortie de Corée du Sud. Un challenge à relever, car sans aucune base en anglais, séjourner en Europe trois mois ne doit pas être si facile ! Brest, un matin, à la gare ferroviaire. Le soleil brille, un groupe de jeunes internationaux s'apprête à prendre le train, et d'un pas déterminé, Suki prononce au guichet, cette suite approximative de mots: "Moi, billet, Bénélux". Une tranche d'aventure! 

8 janvier 2011

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Crozet

Save Lulu. Mot-clé d'un chantier de bénévoles qui a eu pour cadre de travail la haute-chaîne du Jura, massif surplombant le lac et qui délimite deux mondes bien différents. D'un côté, le pays de Gex, un des territoires du département de l'Ain, séparé du reste du département par le Fort l'Ecluse, et disposant d'une réelle identité culturelle de part son intime relation au canton de Genêve. De l'autre, le Jura, un des plus grands massifs calcaires de France, ses pâturages, son Parc Naturel Régional, sa zone Natura 2000, sa réserve naturelle...protéger les mille-pâtes se fait avec un mille-feuille ! Quoi que, des mille-pâtes, il en existe surement dans la réserve naturelle Haute-Chaîne du Jura, mais il ne s'agit pas de l'espèce emblêmatique du territoire. Non, qui dit Haute-Chaîne dit Grand Tétra ! Mais revenons à Lulu ; C'est un peu un emblême dans certaines parties du Monde maintenant, en Ukraine, à Moscou ou à Séoul. Et pour cause, de jeunes et dynamiques volontaires sont venus travailler dans les bas-monts de la Haute-Chaîne, dans le cadre de la gestion de ces habitats précieux à de nombreux égards.

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L'année 2010 était l'année de la biodiversité. Thème dont le matraquage médiatique peut fatiguer l'esprit et mettre aux oubliettes du citoyen lambda l'importance de sa préservation pour la pérénnité de tous. Car en plus d'une valeur intrinsèque, ce papillon ne pourrait-il pas un jour fournir la molécule salvatrice d'une épidémie de l'Homme ou de ses sources d'alimentation ? Et dans la prise en compte du développement pérenne d'un territoire, comment l'agriculture peut-elle rester viable si des lieux de pâtures gêrés de manière extensive ne subsistent pas au sein de celui-ci. La région des alentours de Genêve est, comme dans beaucoup d'autres villes du monde, soumise à une pression de l'urbanisation sans cesse croissante...une pression pour l'agriculture, qui se doit de garder des terres arables pour survivre, et que les réseaux de type AMAP soutiennent. Pression pour la biodiversité, car dans des régions ou l'habitat résidentiel est important, qu'en est il de la richesse écologique des jardins et autres parcs? Ici ou là-bas, des associations veillent à encadrer l'aménagement du territoire. LA FRAPNA, par exemple. Et puis, n'y a t'il pas des perceptions de la nature en ville à faire évoluer au sein des habitants urbains, de 7 à 77 ans. Prendre en compte le maintient et le développement de la diversité biologique en ville doit devenir un axe majeur dans les projets d'urbanisme et d'aménagements. Mais revenons à nos bas-monts...

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Ces habitats sont des pelouses sêches. D'un sol calcaire et sec et d'un ensoleillement important  découle une flore très riche avec des espèces méditéranéennes. Un habitat assez ouvert, et qui se doit de le rester pour maintenir une avifaune de valeur en Europe, telle que l'atteste la présence des pie grièche écorcheurs ou des alouettes Lulu. Ces sites possèdent également une valeur patrimoniale en tant qu'anciens sites de transhumance, et agricoles. Août 2010, le clocher de Crozet sonne l'heure du levé, et d'un pas éclairé, Kayoung et ses compères partent dans les bas-monts avec un objectif en tête: Save Lulu!

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Les chantiers de bénévoles (locaux ou internationaux), démarche fréquemment utilisée par les structures de protection du patrimoine naturel à des fins de travaux, d'animation et/ou de communication

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