France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (2)
Partie 2 : des habitants. "Notre association intervient également dans le champ du patrimoine. Nous considérons celui-ci comme l'ensemble des biens d'une collectivité, d'un groupe social ou de l'humanité considéré comme un héritage commun et universel. Les chantiers réalisés par les volontaires sont le seul lieu où Concordia s'investit dans ce champ d'action.(...) Parfois cette action sur le patrimoine concerne l'aménagement des espaces qui l'entourent. Nous trouvons dans ce type d'actions le lieu idéal où se rencontrent le projet d'une communauté locale et notre projet international, permettant ainsi aux volontaires, et à la population qui les accueille, de se rendre compte immédiatement de l'impact de leur action dans un milieu donné". Cet extrait du projet éducatif de l'association Concordia l'évoque: un chantier de bénévole doit se réaliser, dans l'idéal, en lien avec la population locale du territoire sur lequel il se déroule. Le site Natura 2000 de Guissény, comme tout site naturel, est connu de tous, aimé de certains, et activement géré par d'autres: ingénieurs gestionnaires, acteurs associatifs, habitants, agriculteurs etc. La gestion d'un site naturel prend alors davantage de sens, celui de relier l'habitant plus ou moins urbanisé à sa nature environnante.
Alors que le jour se lève, une Skoda arrive au club de voile de Guissény. Il fait beau, la mer est bleue et d'un pas calme et déterminé, Monsieur Boucher apporte quelques légumes aux volontaires fraichement encaféinés. l'Homme, fonctionnaire hydraulicien retraité et dynamique habitant du bourg, est accueillant et très motivé par le chantier. Il livre une explication remarquable sur le fonctionnement hydraulique du bassin hydrographique dans lequel se situe le site naturel. A ce moment, Michal, jeune tchèque de 19 ans, s'excuse au nom de son pays pour les nombreux problèmes que Mr Boucher a rencontré sur sa voiture: rire général.
Un de ses fidèles compères se nomme Mr Roudaut, qui, s'il ne radotte pas, grimace un peu du regard et grogne un peu de la voix. Les deux forment une paire d'habitants motivés pour faire avancer la commune. Une bien bonne entente, autour d'un jardin partagé, par exemple. Mais ce monsieur là à une passion, qu'il fera découvrir aux volontaires: la soie. Un étage entier, pour fabriquer et traiter ce matériau précieux et méconnu. Des oeufs de diverses couleurs, d'un ton clair, offrent un mélange agréable à l'oeil.
Dans ce bourg rural du Finistère Nord se situe également un professeur de dessin et artiste à ses heures de pause. A travers ses dessins, il alimente l'Histoire de Guissény et de son site naturel. Ailleurs, en centre-ville, une habitante demande: "y a t'il un Grec parmi vos volontaires ?" Lisette a en effet vécu une année dans ce pays, il y a longtemps, et aurait été ravi de croiser une personne de là-bas. Ses racines sont à Guissény, et elle se dit d'origine celte, bretonne de coeur, française par annexion, et européenne pour l'égalité de peuples. Son engagement s'est fait notamment par la création d'une association ayant oeuvré pour la connaissance et l'éducation à l'environnement autour de ce site naturel qu'elle a vu évoluer négativement au fil des décennies. Et à travers ses échanges avec les volontaires, on apprend à connaître le site, et ce qu'il représentait pour certains à l'époque de la guerre des boutons. Alors qu'ailleurs, les enfants fumaient des lianes, ici, Lisette et ses copains fumaient du crottin de cheval, pendant qu'ils gardaient des vaches. Et puis Mr Marhadour, lui, était ouvrier sur la tourbière, qui dans le temps, était exploitée pour le pouvoir calorifique que possède la tourbe. Cette exploitation se faisait à l'aide d'outils spéciaux, après avoir coupé les roseaux des marais.Toutes ces personnes qui ont traversé la seconde moitié du 20ième siècle avec les progrès techniques qui ont transformé le Monde connaissent mieux que quiconque l'histoire et l'évolution des sites naturels qu'ils parcouraient enfants. Leur implication pour une gestion durable de ces mêmes sites qui serviront aux enfants d'aujourd'hui et de demain est une richesse. Car comme la revue "Terre Sauvage" le souligne dans un récent hors-série: la Nature est l'avenir de l'Homme.
"La Nature est l'avenir de l'Homme" (Bon, en ce qui concerne les requins, murènes et méduses, on peut peut-être en rediscuter) Oceanopolis, Brest.