Espagne/Catalogne - Une journée à Barcelone
"Bievenido Emmanuel !". Comment ne pas mieux commencer cette nouvelle étape géographique - et l'ouverture d'une nouvelle période dans le contenu des articles à venir, toujours selon la même ligne éditoriale - par cette affirmation: Bievenue ! Cette invitation à bien venir m'installer dans cette nouvelle société, n'est pas si anodine que cela. Car toujours pour réfléchir et tâcher de comprendre un peu mieux notre monde, me voilà travaillant ponctuellement, depuis quelques années déjà, sur deux livres de Michel Sauquet, auteur à priori sérieux de réflexions et outils méthodologiques sur l'intelligence de l'autre et l'intelligence interculturelle. Et comme décidé dès 2010, après avoir noué de belles relations humaines avec des concordiens un peu partout sur les routes de France, et après avoir pris de la bouteille personnelle et professionnelle, comme tout le monde, durant la trentaine, il est donc grand temps maintenant, pour le jeune quadra que je suis, de me...sédentariser ? Mais non, bien sûr que non ! Il est grand temps de repartir à l'international, au moins à l'échelle européenne ! Et le jour où mon coloc dublinois et ami martiniquais Philippe viendra lui aussi sur les routes d'Espagne partager des tapas et ajouter une nouvelle étape à son choix de vie nomade, nous ne serons que nous deux, assis à notre table entourés d'une centaine de locaux, à vouloir partir à l'international. 2% : voilà environ la proportion de Français voulant partir vivre à l'étranger à 40 ans, d'après une étude que j'avais survolé il y a quelques années.
Me voilà donc en Catalogne depuis Septembre 2023, pour 4 mois, et, au moment où je rédige ces lignes en Février 2024, à Valencia, pour plusieurs années, normalement.
Alors de quoi vais-je essayer de parler, sur ce blog, à partir de maintenant ? "Une souris et des hommes" restera concentré sur sa ligne éditoriale depuis 2010, et continuera donc à présenter des tranches de vie de copains de la planête. Mais "Une souris et des hommes" parlera aussi de cette nouvelle société, et des rencontres faîtes au jour le jour, sans trop tomber dans des posts trop orientés "Vie personnelle" ou "Tourisme" comme dans cette autre vie dublinoise ou guyanaise. Non, je ne posterai pas une photo comme celle-ci à mon arrivé en terre irlandaise, où, alors débutant mes découvertes interculturelles hors du bassin franco-suisse lémanique, je m'extasiais devant cette femme tellement (stéréo)typique de l'Irlande qu'elle fût la seule femme rousse habillée en vert que je rencontrai en un an à Dublin. Car comme cette femme est en Irlande mais n'est pas l'Irlande, comme le Centre Spatial est en Guyane mais n'est pas la Guyane, comme Punta Cana est en République dominicaine mais n'est pas la République dominicaine...j'essaierai d'éviter de tomber dans la recherche et le renforcement de stéréotypes sur la Catalogne et l'Espagne. Oui, vous verrez quelques photos des hots-spots touristiques du pays, mais non, je ne passerai pas beaucoup de temps à rédiger ce type de posts sur des thématiques bien mieux maîtrisés par des spécialistes, sur la toile. Mon souhait serait plutôt d'avoir une approche anthropologique dans les futurs articles de ce blog, que je devrais de nouveau alimenter un peu plus régulièrement que depuis 8-10 ans. Le monde sera celui qu'on s'imagine, l'Espagne aussi. Alors, en me basant sur les travaux pré-cités, sur des lectures d'articles de recherche, et utilisant des outils d'anthropologie (à mon humble niveau de connaissances sur ceux-ci), je tâcherai d'écrire et de m'imaginer l'Espagne et le monde à ma manière. Sur la base d'échanges, de discussions, de rencontres, d'observations etc...j'essaierai de proposer une lecture détendante pour mes quelques lecteurs, principalement des amis et membres de ma famille.
Et si on sortait un peu du cadre habituel d'un blog d'expat ou de voyage?
Mais pourquoi ce "bienvenue"-là est-il souligné ? Peut-être car je ne me souviens pas l'avoir entendu lors de mon arrivée dans le Grand-Est français. Peut-être car ici, cela a été une constante dans mes discussions avec l'altérité catalane, en 4 mois. Mais ne portons pas de jugements sur cette observation. Celle-ci n'est après tout pas statistiquement robuste, le nombre de personnes cotoyées étant forcément très faible. Simplement, ma perception de l'accueil de l'étranger européen par la population locale m'a paru plus agréable que l'accueil général auquel j'avais eu droit en 2019 dans le Grand-Est. Il n'y a pas de jugement à porter, car il y a probablement une dimension culturelle dans cette nuance observée. Et comme nous le savons au fil de la lecture de ce blog, un être humain qui a toujours été dans son territoire de référence aura naturellement un peu plus de mal à se mettre dans la situation d'un être humain en situation de mobilité. Car il n'aura pas appris de cette expérience. Je m'inclus évidemment dans les savoyards "entre eux" et peu ouverts sur le monde...avant 2007. Pas d'expérience : pas d'apprentissage expérientiel, tout simplement. Il semblerait donc, c'est une hypothèse, que les rapports à l'autre soient plus spontanés en Espagne qu'en France. J'essaierai de trouver une explication à cela, au fil de mes lectures, échanges et discussions. Et avec un esprit critique en cours de renforcement, depuis quelques années. "Il y a probablement une dimension culturelle dans cette nuance observée": voilà une affirmation qui méritera d'être développée au fil des articles et des années à venir.
Alors que retenir de ces 4 mois ? Qu'aurais-je plaisir à me remémorer si je relis cet article dans 10 ans, quand beaucoup de choses auront été intégrées mais aussi factuellement oubliées. Que Gaudi était génial ? (Mince, un stéréotype !). Sans doute. Et pour la petite anecdote intime, que je me sens vraiment bien dans cette société, qui m'offrera la possibilite de me faire de nombreuses nouvelles belles rencontres internationales, catalanes, espagnoles et latino-américaines notamment.
Et comme la vie est belle et le monde petit, l'obtention d'un super poste à Valencia suite à ces quelques mois de recherche d'emploi à Barcelone coïncidera avec une belle retrouvaille dans la dernière semaine de Janvier 2024: celle de Marolin, cousine de Lery, chez qui j'avais passé une soirée à Saint-Domingue. Cette jeune journaliste vient passer un an à Barcelone pour compléter son cursus par un Master en communication d'entreprises. Pour sa première expérience de mobilité en dehors de la République dominicaine, accompagnée de comparses de route Jeni et Francina, la voilà en terres européennes. En ce mois de Janvier, nous partageons leurs premières impressions. Je savoure la chaleur hivernale de l'Europe du Sud pendant que Marolin découvre la froideur hivernale de l'Europe du Sud. Nous organiserons un voyage en France cet été. Et Marolin me tend un cadeau de Lery, son premièr livre de poésie, publié en 2023. Partons à Valencia commencer une nouvelle étape professionnelle et évadons-nous avec un petit texte de mon amie.
Marolin et Jeni, dans les premières journées de leur vie à l'étranger
DESTRUIR EL MIEDO
Enfrentar el miedo,
Habitar el miedo,
Honrar el miedo,
Que mas he de hacer para destruirlo ?
Lery Laura, dans son livre "Tanta veces la palabra miedo", 2023