Irlande - L'Eire, jeune comme toujours, riche comme jamais
Voilà des extraits d'un article que j'ai lu sur internet, et qui relate exactement les impressions que je ressens depuis que je suis à Dublin. "La pluie, le vent et l'heure tardive n' y changent rien". Même en pleine semaine, vers minuit, les rues du centre de Dublin débordent de monde. Plus précisément, elles grouillent de jeunes. Il faut zigzaguer sur les trottoirs pour contourner les groupes des fêtards agglutinés devant l'entrée des pubs, des restaurants et des cinémas. Dublin n'a plus rien de la belle endormie naguere chantée par ses poètes mélancoliques. Parce que la ville vit 24 heures sur 24, certes, mais surtout parce qu'à la langueur a succédé une euphorie juvénile sans précédent. Après quinze années d'un boom économique qui n'a pratiquement pas d'équivalent, même en Asie, l'Irlande vit en effet une période triplement historique: jamais elle n'a été aussi jeune, aussi riche et aussi fière. Fière, parce que, pour la première fois, les enfants du boom, ces moins de 25 ans qui représentent 37.5% de la population et font de l'Ile d'émeraude le plus jeune pays d'Europe, ne sont pas obligés de s'exiler pour se bâtir un avenir prospère. Qui aurait pu croire, à la fin des années 80, que le pays connaîtrait une telle métamorphose? En l'espace d'une décennie, le tigre celtique a terrassé tous ses démons: le chômage de masse, un endettement chronique et, surtout, la désastreuse émigration de ses jeunes talents. Inutile de scruter l'histoire, de remonter à la grande famine du milieu du XIXe siècle, pour en trouver les traces. La dernière grande vague de fuite des cerveaux remonte à seulement...1989. Cette année-là, un Irlandais sur cent a quitté le pays. Imaginez, en France, l'impact qu'aurait le départ de près de 600000 jeunes en une seule année... Au-delà des chiffres, le pays transpirait la morosité. «Nous avions un immense sentiment d'échec depuis notre indépendance, en 1922. C'était cela, notre héritage collectif», insiste Padraic White, l'un des pères des réformes économiques qui sont à l'origine du miracle. Confortablement installé au coin de la cheminée d'un hôtel cossu de Dublin, il peut aujourd'hui en sourire. «Mais à l'époque, dit-il, nous avions l'impression d'être condamnés à ressasser sans fin nos problèmes». C'était hier, et c'est pourtant presque de la préhistoire pour les jeunes Irlandais déjà habitués à leur nouvelle opulence, au point qu'ils ne s'étonnent même plus de collectionner les premières places dans les palmarès économiques européens. Qu'on en juge: l'Irlande est le pays européen où le chômage est le plus bas (4,3 % de la population active) et la natalité, la plus forte. C'est aussi le deuxième pays le plus riche de l'Union européenne, derrière le Luxembourg, avec un produit intérieur brut par habitant de 38 600 euros - presque trois fois plus qu'il y a dix ans! Du coup, un Irlandais gagne en moyenne cinq mois de salaire de plus par an qu'un Français...«Je ne connais pas d'autre pays européen qui ait réalisé ce que l'Irlande a fait ces dix dernières années », insiste Edward Melaniphy, le jeune vice-président de 35 ans de Citigroup, première banque étrangère dans le pays. Désormais, l'île attire comme un aimant la jeunesse du monde entier. Fermez les yeux et ouvrez grand vos oreilles et vous entendez une cacophonie de langues dans les rues de Dublin. On y croise des Français, des Espagnols, des Chinois... Et des Polonais, beaucoup de Polonais. Ces derniers sont arrivés en masse (120 000) dans le pays depuis l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux membres, anciens pays socialistes pour la plupart, en mai 2004. Rien d'étonnant à cela: l'Irlande est l'un des trois pays (avec le Royaume-Uni et la Suède) qui n'ont pas imposé de restrictions à la libre circulation de la main-d'oeuvre en provenance des pays d'Europe centrale. Ce renfort est un changement spectaculaire. Psychologique, d'abord, car l'Irlande apprend maintenant à être un pays d'immigration, pour la première fois de son histoire. Démographique, ensuite : grâce à cet apport, la population irlandaise vient de franchir la barre symbolique des 4 millions d'habitants.« Jusque dans les années 80, les personnes les plus exotiques que l'on pouvait rencontrer à Dublin venaient des comtés de Kerry ou de Donegal », plaisante l'historien Diarmaid Ferriter. Aujourd'hui, en slalomant entre les poussettes qui envahissent Grafton Street, l'une des artères commerçantes de la capitale, on croise des musiciens andins jouant de la flûte de pan, une danseuse de flamenco, un acrobate chinois et, tout de même, une petite blonde avec une harpe celtique. La lune de miel avec les étrangers bat encore son plein, tant les Irlandais sont fiers de leur nouveau statut de pays courtisé. A en juger par la fréquence avec laquelle l'expression boyfriend revient dans la conversation de ces deux jeunes Philippines gloussant sur la banquette d'un bus, l'intégration ne pose pas de problème pour l'instant..."
Quelles sont les clés de la prospérité irlandaise? Une approche tres liberale conjuguant une grande flexibilité et une faible fiscalité avec un impot sur les sociétés limite depuis 2003 a 12.5%. Un système éducatif tres performant, l'Irlande ayant massivement investi ses subventions européennes dans la formation. L'attraction de secteurs de pointes des leur emergence : pharmacie dans les annees 70 (Pfizer), puis l'informatique dans les annees 80 (Intel) et enfin les nouvelles technologies de l'information (Ebay) depuis les annees 90. Actuellement, les biotechnologies.