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Une Souris et des Hommes
31 décembre 2014

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Ambérieu-en-Bugey

Il est pafois sympathique de réfléchir aux stéréotypes qu'on peut avoir sur un territoire, à toute échelle : de la ville au pays, en passant par la région ; des espaces ruraux au centre-ville des métropoles, en passant par les banlieues ; Dépasser ces représentations est souvent possible lorsqu'on a l'occasion d'aller vivre dans ces lieux. C'est depuis longtemps que je me posais la question de mes capacités de socialisation et d'intégration en milieu rural; Ayant eu la possibilité de m'installer à Ambérieu-en-Bugey dans le cadre d'un emploi, ce questionnement allait pouvoir être mûri ! En effet, Ambérieu est une petite ville d'environ 18 000 habitants située au sein d'un territoire rural : comment s'y adapter ? Revenons à nos outils utilisés à Dublin et Cayenne : école de langues, couchsurfing, colocations. A Ambérieu : niet ! Plusieurs raisons : une dynamique couchsurfing vierge, idem pour l'offre de colocation, ou presque. L'âge joue aussi un rôle : la trentaine entamée, pas forcément les mêmes envies qu'à 20 ans, âge de la majorité des personnes rencontrées dans les quelques pubs où se retrouvent les jeunes ambarrois n'étant pas partis dans les villes universitaires. Bref, rien d'extraordinaire, finalement. Mais cette simple constatation oblige à d'autres approches pour tenter de se créer une vie sociale en dehors des rencontres faîtes via le travail.

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Un lieu stratégique du socializing ambarrois : le jacuzzi de l'espace Laure Manaudou ! Oui, à défaut de se faire des potes à l'aide des moyens traditionnels, essayons le sport. La piscine en tant que telle, cela ne marche pas. Mais l'espace Manaudou offre aussi un espace détente, composé notamment d'un jacuzzi : que de rencontres dans ses bulles ; des gitans dans un jacuzzi : "pourquoi roulez-vous avec de vieilles mercedes"? Pas de réponse, tanpis ; des rugbymen dans un jacuzzi : "non, non, je ne suis pas l'un des vôtres". De nombreuses autres rencontres, mais pas vraiment de lien crée finalement. Force est de constater que l'intégration dans une petite ville rurale de France métropolitaine, quand on est seul, en début de trentaine, est bien plus difficile qu'à Dublin ou Cayenne. Et encore, j'avais la voiture...de quoi découvrir les petits chemins perdus et prendre quelques photos des beaux couchers de soleils locaux.

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Ah, la voiture ! En milieu rural et périurbain, la dispersion de l'habitat, la concentration des services dans les bourgs-centre et par conséquent l'allongement des distances parcourues tendent à créer une forte dépendance à l'égard du véhicule personnel. Les ménages ne disposant pas de moyens de locomotions propres, par choix ou par nécéssité (absence de permis de conduire, incapacité à conduire, contrainte financière etc) sont dépendants des transports publics ou des systèmes de solidarité. Or, dans les zones peu denses, les transports publics réguliers ne proposent pas toujours un maillage assez fin ou une fréquence suffisante pour permettre à l'ensemble de la population demandeuse d''accéder aux services selon les modalités que l'on peut trouver en milieu urbain (arrêt de bus trop éloigné, horaire inadapté à certaines démarches). L'absence de véhicule personnel, qui touche principalement les jeunes, les personnes âgées en perte d'autonomie et certaines personnes en parcours d'insertion professionnelle, contribue à créér localement des situations d'isolement, voire d'exclusion. Concernant les jeunes habitants des milieux ruraux, si le transport scolaire est bien pris en compte, les besoins de déplacements pour accéder aux loisirs sont réels. L'accès aux activités extrascolaires relève du transport privé. Le transport est principalement assuré par les parents. En cas d'impossibilité ou d'absence de système de solidarité, la pratique de telles activités peut être exclue. C'est pourquoi la liaison vers les pôles de loisirs et d'activités culturelles et vers les équipements sportifs est fortement demandée de la part des jeunes. C'est pour pallier à ces difficultés de transport que la commune de Grenay, dans le Nord-Isère, avait travaillé avec l'association dans laquelle je baigne sur mon temps libre, Concordia, en 2011, pour réaliser un chantier international atypique: l'aménagement intérieur et extérieur d'un bus, en partenariat avec le Point Enfance Jeunesse de la communauté de communes, pour aller à la rencontre des jeunes sur leur territoire et leur proposer activités et autres projets. Au programme : atelier graf, pose du parquet, création de mobilier.

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Chantier international "Point Jeunesse mobile", Grenay 2011

Mais revenons à nos réfléxions ambarroises...deux ans en Bugey...et pas un seul ami. Voilà une réalité de l'intégration dans une petite ville de province: trop peu de personnes en recherche de nouvelles amitiés, et une quasi-impossibilité de rentrer en contact avec elles; pas assez d'outils permettant de créer le lien social avec des personnes en besoin. Beaucoup de trentenaires, certes, mais avec une vie de famille construite et n'étant pas dans un besoin de sociabilisation. C'est un fait, le Bugey, que j'évoque ponctuellement dans ce blog, est une belle région...une région assez authentique, car préservée du tourisme de masse, à la différence du Beaujolais par exemple. Mais c'est un autre fait, venir s'installer dans un territoire à dominante rurale nécessite de réfléchir à ses attentes. Pour faire le lien avec les autres espaces géographiques que j'évoque dans ce blog, est-il rééllement pertinent de partir vivre et travailler dans les villages intérieurs de Guyane, tels que Grand-Santi sur le Maroni, ou Camopi sur l'Oyapock, quand on vient de France métropolitaine et qu'on baigne dans une culture plutôt urbaine ? Bien sûr, loin de moi toute généralisation, mais de ma petite expérience de l'époque, enrichie d' échanges avec de nouveaux habitants et professionnels des fleuves, il me semble que la question doit être mûrement réfléchie par les recruteurs et recrutés; "On n'envoie pas n'importe-qui à Trois-Sauts", commune amérindienne la plus reculée de Guyane, ai-je entendu lors d'une réunion. La Guyane est traditionnellement une terre d'accueil, et les gens y sont majoritairement accueillants; mais si je devais extrapoler mon expérience ambaroise à mes expériences irlandaise et guyanaise, j'en conclurais : "wow, qu'est-ce-qu'on est bien dans une bonne ville !"

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Le Bugey, c'est bien, Lyon, c'est mieux !

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18 décembre 2014

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Cerdon

Dispositif de mobilité internationale. Voilà un terme qui m'était inconnu lors de mon départ en Irlande, en 2007, relaté dans les pages historiques de ce blog. Il faut dire qu'en 7 ans, il s'en passe des choses. Alors que l'Irlande fonctionnait dans une économie en plein emploi, la crise financière est passée par là, et le pays est revenu à une croissance dans "la normale". Et puis quand on sort tout juste des études, il n'est pas forcément évident de connaître les dispositifs qui existent à côté du célèbre Erasmus...enfin, partir dans un pays anglosaxon pour affiner sa connaissance de la langue de Shakespeare et s'ouvrir à une nouvelle culture passe par un emploi, qui même s'il n'est pas toujours très utile à moyen terme, permet au moins de pratiquer un peu le pays et ses gens. Mais voilà. Comment partir en Lituanie, pendant quelques mois, sans avoir à apprendre cette langue à priori peu utile en dehors du pays !? L'Union Européenne offre cette possibilité via un dispositif, le Service Volontaire Européen. Et c'est via ce dispositif qu'Evgeniya, Bielorusse originaire de Pinsk et vivant à Minsk, se retrouve pour 6 mois à Lyon. Pourquoi faire un SVE ? Une question, plusieurs réponses : "j'ai décidé d'utiliser ce dispositif de mobilité internationale car je ressentais le besoin de partir du Belarus, et en quelque sorte de davantage me trouver" Et c'est donc pour 6 mois qu'Evgeniya rejoint Concordia Rhône-Alpes pour apporter une pierre à la vie de la structure, en compagnie de Giselle, d'Italie. Quelques mois après son arrivée, elle confie avoir affiner les objectifs de son expérience expatriée en France : apprendre sur le montage de projets Erasmus+; apprendre sur la culture française, et la vie de tous les jours. Et pour apprendre sur la vie des habitants d'un territoire au jour le jour, un des outils les plus puissants n'est-il pas l'échange avec eux ? Dans un centre-ville mondialisé comme celui de Lyon, ou dans un village reculé de ce que le géographe Christophe Guilluy appelle la France périphérique, ou du moins d'une France plus rurale et moins mondiale ? Oui, mais pour pouvoir échanger, il faut aller les voir. Et pour pouvoir aller les voir, il faut une voiture ! Et pour avoir une voiture, on fait quoi ? On demande à la pop loc ! Ben oui, bien sûr ! C'est donc en cette belle journée du 8 novembre 2014 qu'Evgeniya et Giselle profitent de leur première expérience d'expatriée en France pour s'en aller visiter quelques jolies places du Bugey : Pérouges pour commencer.

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Giselle, elle, a 19 ans. Son désir : exploiter ce dispositif de mobilité pour partir dans un pays de langue inconnue. Pas en France, dont la langue lui est connue, mais plutôt un pays du Nord : Danemark, Norvège, Suède. Malheureusement, les différentes organisations d'accueil dans ces pays ne fournissent aucune réponse positive, et c'est à Lyon qu'elle se retrouve. Et finalement, elle en est très heureuse ! Même si son français est déjà excellent, elle utilise cette possibilité de mobilité pour se déplacer en divers points du pays, affiner sa conscience de la diversité géographique et humaine de la France métropolitaine. Par exemple, en allant visiter le joli village de Cerdon.

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Puis vient la fin de journée...qui nous laisse le temps d'aller observer le coucher de soleil depuis le mont Balvay, sur la commune de Leyssard. Une belle journée, qui est rendu possible grâce à l'existence de ces programmes de volontariat européen...et des systèmes de "solidarité" locale, via le véhicule individuel notamment. De quoi continuer à intégrer le concept de la vertu de la mobilité entre quartiers, entre régions, ou entre milieux urbains et ruraux...permettant l'échange interculturel, le choc culturel, tant pour les citoyens étrangers que français.

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20 novembre 2014

France/Bretagne/Côtes d'Armor - Une journée à Laurenan

Un samedi matin à Laurenan, Eva, Vénitienne de 18 ans, prend Monica, Barcelonaise de 20 ans, dans ses bras, pour un au-revoir chaleureux. Deux semaines plus tôt. En ce vendredi 15 août 2014, la petite commune de Merdrignac est d'un calme étonnant. Dans un des rares bus circulant en ce jour ferié, 9 Terriens. Le bus stoppe, ils descendent et retrouvent 2 compères, formant ainsi un groupe aussi puissant que temporaire : un groupe de volontaires participant à un chantier international. Pour les accueillir, les 2 animateurs du groupe, Madame le Maire de Laurenan, Valérie, et Bernard, 1er adjoint : "Good evening everybody. Here we are, here you are" ! la phrase est lancée...le chantier suit.

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"Terriens 2014" découvrant le résultat du travail volontaire du groupe de 2013

Premier repas très calme. un bon café, quelques échanges et la nuit s'installe doucement...il fait froid, le ciel est étoilé et les pieds...gelés. Samedi, jeux de présentation, échanges, rires...la dynamique du groupe est lancée. L'après-midi, balade dans le village et découverte des résultats des précédents chantiers réalisés par d'autres volontaires, d'ici où là : le mur de l'école ; le lavoir ; le four à pain. Le dimanche, rallye-patate au sein du village, pour permettre les premiers échanges entre habitants et volontaires. Ici est le premier objectif de ce chantier: faire découvrir le travail volontaire aux habitants, leur permettre d'échanger avec des personnes de différents pays. D'une patate, échange après échange, se forge la suite: rencontres, implication des habitants, venue à la porte ouverte du lundi soir. Une porte ouverte où chaque volontaire se présente, dans sa langue d'origine, en anglais, avec traduction en français. S'ensuit une première semaine de travaux pour valoriser le chemin de l'Etrat, une ancienne voie romaine, sur une distance de 300 mètres au sein de la forêt. Davantage d'informations sur le site web du chantier, ici. Première semaine ponctuée par des animations, la découverte de danses bretonnes, la participation aux jeux inter-villages etc.

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 La deuxième semaine, l'aventure continue : dimanche à la plage d'Erquy ; visite d'une ferme laitière ; atelier de fabrication d'un pain biologique ; découverte du centre-ville de Rennes.

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Pour les animateurs, ça fait du bien, un chantier qui roule comme ça. Où tout le monde est globalement content. Faut dire, quand on baigne, sur son temps libre, dans le monde de l'éducation populaire et des mouvements de jeunesse, on se rend compte qu'on peut en proposer, des choses, lorsqu'on anime un chantier de bénévoles internationaux. Pour discuter, par exemple. Un outil, le débat mouvant. L'idée : trouver une affirmation clivante, une phrase simple résumant une position sur un sujet dont on suppose qu'elle divisera le groupe en "pour" et "contre". Puis proposer l'affirmation et enjoindre les participants à choisir leur camp par rapport à une ligne au sol laissant l'espace en 2 parties. Chaque camp a alors alternativement la parole pour exposer un argument ; les personnes convaincues peuvent alors changer de camp, d'où le nom de cet outil d'animation. L'affirmation débattue à Laurenan : "il est plus important de s'investir sur des activités/projets d'où l'on est, plutôt qu'à une autre échelle, typiquement internationale". De quoi débattre, dans cette logique qu'est celle du travail volontaire, avec Ayumi par exemple, 19 ans, qui sortait du Japon pour la première fois pour aller donner un coup de main à cette communauté bretonne.

photo Erquy

Et voilà le départ. Deux semaines, c'est rapide. Mais intense. Et forcément, on est un peu triste de se séparer. Même si on le sait, il sera possible de se recroiser. Un jour. Peut-être. C'est entre nos mains. Espérons-le, du moins. Finalement, mûrissant ma connaissance sur le thème de l'animation, je concluerai ce petit article par une citation issu de l'ouvrage "Equiper et animer la vie sociale" de 1966 : "Animer, c'est susciter ou activer un dynamisme qui est à la fois biologique et spirituel, individuel et social : c'est engendrer un mouvement qui passe par l'interieur des êtres, et donc par l'intérieur de leur liberté. De l'extérieur, on peut contraindre et diriger, mais sans communication par le dedans, on ne peut animer. C'est dire du même coup que l'animateur n'est jamais neutre, car le dedans des hommes n'est jamais atteint lorsqu'on ne veut pas sa préoccuper des valeurs auxquelles ils tiennent profondément."

16 février 2013

France/Rhône-Alpes/Ain - Des souris et un homme

Une immersion dans le quotidien des techniciens et ingénieurs chargés de la gestion d'un site naturel protégé permet de découvrir quelques facettes des difficultés rencontrées au jour le jour. Les points de vue du grand public, souvent peu argumentés, vis-à-vis des programmes de conservation de la nature, sont également intéressants à prendre en compte. Un certain nombre de personnes ont du mal à relier et concevoir ces programmes, financés par des fonds public, avec les besoins économiques existant autour des sites naturels. Il y a parfois conflit entre le passant, promenant son chien par exemple, et les contraintes demandées par les gestionnaires. Sur les plages de Guyane, la tenue en laisse des chiens est lié au risque de destruction de nids et tortues. Dans le Jura, il y a probablement un lien entre ces contraintes et la grande sensibilité du grand tétra, oiseau phare de la réserve naturelle, à la présence humaine. Un brin de diplomatie s'avère alors nécessaire lorsque certaines personnes s'ennervent contre les mains de Dieu que sont les gestionnaires. Ceux-ci, sans doute à la fois sensible, à juste titre, aux conditions de vie de certains habitants, et insensibles, à tord, à l'importance de la préservation de la nature, ne voient pas l'utilité de ces programmes pour le bien-être humain. Souvent, les gestionnaires sont des structures associatives représentées par des personnes mal payées, mais passionnées par les problématiques qu'ils défendent. De plus, la plus-value des projets de Conservation pour les territoires et habitants sont probablement sous-évalués par le grand public. Dans tous les cas, soyons terre-à-terre: comment vivront les millions de pêcheurs si les stocks deviennent trop faibles pour que l'activité soit non subventionnée et tout façon inutile ? Comment sera financé le traitement de l'eau de boisson, si les teneurs en micropolluants deviennent trop importantes ?

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S'immerger dans le travail quotidien des gestionnaires d'espaces naturels permet aussi de rencontrer différents acteurs et corps de métier liés à la nature: agents de l'Office Nationale des Forêts, écologues, biologistes, agriculteurs, chasseurs etc. Souvent tous passionnés par leurs missions, certains pourraient être qualifiés d'atypiques. Je pense à cet expert naturaliste, spécialisé notamment dans l'étude et la connaissance des populations de micro-mammifères dans l'arc alpin. Des souris, et un homme pour les étudier. Il nous avait expliqué le contenu de son travail, à l'époque où j'avais travaillé pour la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura. Intéressant, en tout cas pour moi, mais pas forcément pour les volontaires...Tout le monde n'est pas amateur de campagnols et autres mulots! A une question d'une volontaire, sur l'utilité des études de micro-mammifères, sa réponse était simple: "étudier les micro-mammifères, cela ne sert pas forcément à grand-chose, peut-être même à rien: c'est comme Mozart."

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Et au milieu passe une fourmi (macro au sol)

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Echange avec Jacques Gilliéron, expert naturaliste, sur les micro-mammifères (été 2010)

24 novembre 2012

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Priay

"Si en Europe les caractéristiques biologiques et écologiques des cours d'eaux sont connus depuis près de 70 ans, en Guyane, les premières études remontent seulement aux années 1980. Aujourd'hui, une vaste étude sur les petites criques de têtes de bassin versant est mise en oeuvre afin de proposer aux gestionnaires une méthode qui permette de définir un indice de qualité de ces milieux. L'objectif étant, à terme, d'y évaluer l'impact des activités humaines." Cette phrase introductive est issue du 9ième numéro de la formidable revue "Une saison en Guyane", semestriel de grande qualité qui décrit, photos à l'appui, l'ensemble du plateau des Guyanes, du Vénézuela à l'Amapa au Brésil, sous l'angle des activités économiques, de la Nature, de l'Histoire, interrogeant certaines personnes, décrivant des programmes scientifiques en cours etc. Le genre de revue formidable pour les personnes s'intéressant à une région géographique donnée, alors que la plupart des revues du genre portent essentiellement sur des articles en lien avec le tourisme. Découvrir ce numéro un dimanche d'août permet de s'évader par la douceur des textes et la beauté des clichés photographiques. On y apprend que "ces petits cours d'eau, que l'on franchit à pied, sont des milieux naturels sensibles qui abritent des espèces que l'on ne rencontre pas souvent. Il reste encore un voile à lever sur ces écosystèmes et sur l'écologie des communautés aquatiques qu'ils abritent." Quelques pages plus loin, l'interview d'un photographe subaquatique et gérant d'un bureau d'études laisse rêveur l'amateur d'ichtyologie, de photographie de la nature ou tout amateur d'aquariophilie d'eau douce: "la passion de la nature est un phénomène inexplicable qui vous prend au berceau: on préfère regarder les grenouilles plutôt que les voitures, élever des poissons plutôt que collectionner des petits soldats. L'envie de montrer ces spectacles que si peu de personnes prennent la peine d'observer, ainsi qu'une sensibilité artistique, m'ont amené naturellement à photographier la nature." Puis un peu plus loin: "j'ai toujours été étonné de voir que les gens connaissaient mieux la faune des récifs coralliens que celle des rivières qui coulent devant chez eux." Après quelques minutes à révasser à ce genre d'observations naturalistes particulièrement intéressantes et atypiques, cette remarque fait "tilt". 

Une semaine de canicule plus tard. Dans une sorte de symbiose entre un principe de plaisir et un champ de compétences professionnelles, la chaleur estivale est l'occasion de photographier la rivière d'Ain, sauvage et préservée, et découvrir, à l'aide d'un masque et d'un tuba, ses habitants subaquatiques.

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L'observation d'une petite dizaine d'espèces de poissons dans leur milieu naturel est particulièrement plaisant. On y découvre que certaines espèces s'observent plus particulièrement dans des parties peu agitées du lit de la rivière. Au contraire, les barbeaux communs ont été vus systématiquement près du fond dans les parties de la rivère à fort courant. Puis, retournant quelques pierres, des espèces benthiques sont alors observées. La loche, par exemple. Ces observations sont particulièrement sympathiques dans une rivière à l'eau peu chargée en limons. L'intérêt personnel est là, et peut être complété par la découverte des bases de données sur la diversité biologique des espèces en Europe, telle que la base de données Faune Europaea, crée par la commission européenne. On y découvre par exemple en quelques clics que les chiroptères, nos chauve-souris, regroupent 54 sous-espèces sur l'ensemble du continent. La préservation des berges de l'Ain donne une tonalité amazonienne à celle-ci, alors que nombre de rivières apparaissent souvent canalisées en France métropolitaine.

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L'observation naturaliste dans un cours d'eau européen n'offre bien sûr pas le même nombre d'espèces que celle pratiquée dans un milieu tropical marin. Mais, couplé à des lectures scientifiques ou grand public, ce moyen efficace d'allier sport, détente et culture générale permet aussi de prendre davantage conscience des interactions hommes-environnement. Un moyen simple, économique et efficace de se rappeler que même si traverser un océan permet de découvrir des environnements naturels particulièrement différents de ceux rencontrés quotidiennement, de nombreuses richesses naturelles existent  autour de chez soi et méritent tout autant une attention particulière de la part des habitants sensibles aux enjeux environnementaux des territoires anthropisés européens.

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7 avril 2012

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Saint-Jean-Le-Vieux

L'Ain recèle de nombreux villages charmants, de régions économiques diverses et de paysages variés. Mais qui connait Ambérieu-en-Bugey et sa région, n'y verra souvent que la fameuse gare SNCF à laquelle de nombreux TER et TGV font un arrêt sur la ligne de Lyon. D'autres, plus sportifs, feront le lien avec les nageurs olympiques de la famille Manaudou. Ambérieu et le Bugey est, malgré une faible attractivité touristique apparente, une région où il fait bon vivre, agréable, dynamique sur le plan économique et marquée d'une identité locale assez forte. Les villages aux alentours sont riches d'une histoire et d'un patrimoine qui intéressera tout amateur d'art, d'histoire économique ou de photographie. Et les monts du Bugey, une extrémité géologique du Jura, ne sont jamais bien loin. Un dimanche d'avril, le temps grisatre ou ensoleillé, est une opportunité de découverte pour tous ceux aimant la marche et le patrimoine. Et alors que dans le passé, des habitants d'Irlande ou de Guyane m'avaient montré avec enthousiasme leurs lieux de vie, alors que le Couchsurfing se base sur le principe que "le meilleur guide d'un lieu ne peut être que l'habitant local", cette découverte en cours du Bugey ne serait-elle pas mieux partagée? Transmise? Expliquée, dans la mesure d'un champ de connaissances même limité. Imen et Amira, deux soeurs tunisiennes rencontrées à Lyon, Nadja et Rémy, nouveaux habitants rhône-alpins, Stefano, Italien fraîchement débarqué du Piemont, et moi-même décidions de découvrir un peu mieux le Bugey. Un point commun nous rassemble: le besoin de lien amical en dehors des heures de travail. Un outil fédérateur de lien social, une association de bénévoles faisant vivre un projet. Une rencontre à une sortie de métro, et le plaisir de faire découvrir un peu la France rurale à deux Tunisiennes rarement sorties de la cité des Gones.  

Lyon. 10h00. Un signe de main à l'autre bout de la place Charpennes. Imen et Amira s'approchent, pétillantes, heureuses de partir à la découverte d'une France rurale mal connue de ces deux doctorantes tunisiennes. Le regard curieux, l'envie de prendre l'air, sortir d'une ville agréable à la rencontre de la ruralité toujours difficile d'accès lorsqu'on est sans guide et sans voiture. 

Ambérieu. 11h00. Les nuages masquent un soleil que l'on devine rayonnant. Une légère épaisseur brumeuse, augmentant l'incertitude sur le déroulement de la journée. Pluie ou soleil ? Stefano, récemment arrivé à Lyon depuis l'Italie, Nadja et son ami Rémy nous retrouvent à la gare d'Ambérieu. Direction Saint-Jean-Le-Vieux, petite bourgade bugiste où au milieu coule une rivière. L'idée de la journée: un décrassage dans les chemins de ce village, près de la nature, près des champs, pour dérouiller le corps avant d'autres aventures plus escarpées. Le chemin de Cheminant relie l'entrée de Saint-Jean à Jujurieux, village voisin, en traversant Varey et son chateau, le long de champs, pâturages bucoliques, traversant quelques hameaux s'éveillant dans la tranquillité d'un dimanche de printemps.

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Imen et Amira dans la brume printanière d'un village bugiste

Les chemins escarpés offrent une vue sur le chateau de Varey, un des chateaux composants le paysage des alentours, parmi d'autres. A gauche, une haie de forcicias fleuris rappellent la fin de l'Hiver. Mais ces chemins de traverse ne sont pas faciles à connaître pour un lyonnais. L'habitant local et sa fine connaissance des environs est, s'il se veut accueillant, le meilleur guide possible pour le promeneur de passage. Outre l'accueil de la personne étrangère à son territoire, il peut affiner son ouverture sur le Monde et sa tolérance vis-à-vis de personnes venant "de l'extérieur". Cette démarche se retrouve via le projet du Couchsurfing ou des chantiers de bénévoles. Faire vivre ces villages dans lesquels l'été rime avec "ennui" pour la jeunesse rurale, dynamiser la saison estivale, nouer les liens sociaux entre habitants et personnes de passage, permettre à des personnes extérieures de rencontrer l'autochtone. Chacun de ceux qui apprécient la découverte de nouveaux territoires connaissent le plaisir qu'est la découverte de parties profondes de celui-ci. Les îles d'Aran en Irlande, par exemple.

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Le retour par Jujurieux, puis la visite guidée de l'Abbaye d'Ambronay, concluaient le premier dimanche de sortie pédestre de l'année. L'occasion pour chacun de mieux connaître les alentours lyonnais et à tous de souffler un air campagnard avant une nouvelle semaine de travail.

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31 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (2)

Partie 2 : des habitants. "Notre association intervient également dans le champ du patrimoine. Nous considérons celui-ci comme l'ensemble des biens d'une collectivité, d'un groupe social ou de l'humanité considéré comme un héritage commun et universel. Les chantiers réalisés par les volontaires sont le seul lieu où Concordia s'investit dans ce champ d'action.(...) Parfois cette action sur le patrimoine concerne l'aménagement des espaces qui l'entourent. Nous trouvons dans ce type d'actions le lieu idéal où se rencontrent le projet d'une communauté locale et notre projet international, permettant ainsi aux volontaires, et à la population qui les accueille, de se rendre compte immédiatement de l'impact de leur action dans un milieu donné". Cet extrait du projet éducatif de l'association Concordia l'évoque: un chantier de bénévole doit se réaliser, dans l'idéal, en lien avec la population locale du territoire sur lequel il se déroule. Le site Natura 2000 de Guissény, comme tout site naturel, est connu de tous, aimé de certains, et activement géré par d'autres: ingénieurs gestionnaires, acteurs associatifs, habitants, agriculteurs etc. La gestion d'un site naturel prend alors davantage de sens, celui de relier l'habitant plus ou moins urbanisé à sa nature environnante.

Alors que le jour se lève, une Skoda arrive au club de voile de Guissény. Il fait beau, la mer est bleue et d'un pas calme et déterminé, Monsieur Boucher apporte quelques légumes aux volontaires fraichement encaféinés. l'Homme, fonctionnaire hydraulicien retraité et dynamique habitant du bourg, est accueillant et très motivé par le chantier. Il livre une explication remarquable sur le fonctionnement hydraulique du bassin hydrographique dans lequel se situe le site naturel. A ce moment, Michal, jeune tchèque de 19 ans, s'excuse au nom de son pays pour les nombreux problèmes que Mr Boucher a rencontré sur sa voiture: rire général.

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Un de ses fidèles compères se nomme Mr Roudaut, qui, s'il ne radotte pas, grimace un peu du regard et grogne un peu de la voix. Les deux forment une paire d'habitants motivés pour faire avancer la commune. Une bien bonne entente, autour d'un jardin partagé, par exemple. Mais ce monsieur là à une passion, qu'il fera découvrir aux volontaires: la soie. Un étage entier, pour fabriquer et traiter ce matériau précieux et méconnu. Des oeufs de diverses couleurs, d'un ton clair, offrent un mélange agréable à l'oeil.

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Dans ce bourg rural du Finistère Nord se situe également un professeur de dessin et artiste à ses heures de pause. A travers ses dessins, il alimente l'Histoire de Guissény et de son site naturel. Ailleurs, en centre-ville, une habitante demande: "y a t'il un Grec parmi vos volontaires ?" Lisette a en effet vécu une année dans ce pays, il y a longtemps, et aurait été ravi de croiser une personne de là-bas. Ses racines sont à Guissény, et elle se dit d'origine celte, bretonne de coeur, française par annexion, et européenne pour l'égalité de peuples. Son engagement s'est fait notamment par la création d'une association ayant oeuvré pour la connaissance et l'éducation à l'environnement autour de ce site naturel qu'elle a vu évoluer négativement au fil des décennies. Et à travers ses échanges avec les volontaires, on apprend à connaître le site, et ce qu'il représentait pour certains à l'époque de la guerre des boutons. Alors qu'ailleurs, les enfants fumaient des lianes, ici, Lisette et ses copains fumaient du crottin de cheval, pendant qu'ils gardaient des vaches. Et puis Mr Marhadour, lui, était ouvrier sur la tourbière, qui dans le temps, était exploitée pour le pouvoir calorifique que possède la tourbe. Cette exploitation se faisait à l'aide d'outils spéciaux, après avoir coupé les roseaux des marais.Toutes ces personnes qui ont traversé la seconde moitié du 20ième siècle avec les progrès techniques qui ont transformé le Monde connaissent mieux que quiconque l'histoire et l'évolution des sites naturels qu'ils parcouraient enfants. Leur implication pour une gestion durable de ces mêmes sites qui serviront aux enfants d'aujourd'hui et de demain est une richesse. Car comme la revue "Terre Sauvage" le souligne dans un récent hors-série: la Nature est l'avenir de l'Homme.

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"La Nature est l'avenir de l'Homme" (Bon, en ce qui concerne les requins, murènes et méduses, on peut peut-être en rediscuter) Oceanopolis, Brest.

30 décembre 2011

France/Rhône-Alpes/Ain - Est-elle Nature, la vache ?

La vision que l'on a des choses est en partie liée à notre parcours individuel, lui même fonction de choix selon des goûts et envies et des contraintes suivant la réalité du moment. Prenons l'exemple de ce pâturage jurassien photographié en août 2010. Alors qu'une connaissance, en école d'infirmier, signalait, selon sa vision, qu' "un champ de vâches, c'est la nature", Il existe mille est une façon de percevoir ce pâturage bovin. Exemples.

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Troupeau de vâches dans un pâturage jurassien, les Moussières, août 2010

1. L'éleveur propriétaire du troupeau: "le Ministère de l'Agriculture a officiellement annoncé la mesure permettant de garantir à tous les producteur un dépassement de quota de 2% sans en être pénalisé. Cela va me permettre de produire un peu plus et profiter de la bonne tenue du marché laitier".

2. Le fromager: "Le lait de ces vâches et pâturages est de très bonne qualité pour la production de nos fromages locaux. Mais suite aux décès de plusieurs dizaines de personnes en Europe en 2011 à cause de contaminations par E.Coli, on risque de devoir faire davantage de contrôle sur nos produits."

3. L'ingénieur Analyste du Cycle de Vie: "Dans le cadre des expériences d'affichage des caractéristiques environnementales des produits de grande consommation, il est impératif que je prenne en compte le fait que la vâche ne produit pas uniquement du lait, mais aussi de la viande. Ah là là, ces allocations !"

4. Le végétarien: "Ah là là, que ce système de production bovin est mauvais: d'une part, un amateur de cuisine sait que la majorité du goût de la viande se situe dans la sauce. En plus, la consommation de viande n'est pas très bonne pour la santé, et une trop grosse consommation à l'échelle mondiale n'est pas tenable écologiquement. Pourvu que le végétarisme se développe en Europe !"

5. Le gestionnaire des espaces naturels: "Ce qui est notamment intéressant dans la gestion d'un site classé Natura 2000, c'est de travailler en collaboration avec les agriculteurs, notamment pour qu'ils adoptent une gestion plus douce des surfaces d'alpages exploitées."

6. L'ingénieur agro-alimentaire: "L'alimentation bovine en France est composé à près de 80% de fourrages. Il y a sans doute des améliorations à faire à ce niveau là pour diminuer les impacts que génèrent cette consommation sans baisser la qualité du lait ou de la viande."

7. L'ingénieur en agriculture: "il est important de maintenir une agriculture de qualité dans ces zones ou l'urbanisation est à forte pression. J'espère que mes conseils aux collectivités sur leurs plans d'occupation des sols seront suivis par le maintien en zone agricole de surfaces importantes dans le pays de Gex".

8. Le promeneur à son enfant: "Dis moi la couleur des choses suivantes: une feuille de papier ? la vâche là-bas ? la neige ? La tapisserie de ta chambre ? La voiture de maman ? L'enfant: Blanc. Blanc. Blanc. Blanc. Blanc. Le promeneur: "qu'est ce qu'elle boit la vâche ?". L'enfant: "Du lait".

9. Un cadre de la communauté de communes du Pays de Gex, parlant à un volontaire international: "s'il n'y avait pas de réserve, il y aurait sans doute des parkings bétonnés, une plus grande station de ski, plus de maisons, davantage de trafic, etc".

10. Le promeneur retraité: "Ah, ces champs me rappellent mon enfance. Dans le passé, il y avait aussi du bétail, et ces zones servaient de transhumance au bétail avant la montée en alpage sur la haute-chaîne. Ce patrimoine historique, il ne faut pas l'oublier."

11. L'écologue: "Il est particulièrement intéressant d'étudier les espèces se développant dans les zones de refus du bétail, à savoir des surfaces du pâturage non broutées et ou les fèces vont davantage être déposées. Ces zones permettent à des espèces végétales de se développer, alors qu'ailleurs elles ne le pourraient pas". 

12. Le bénévole sur un chantier de bénévoles internationaux en 2010: A quoi ça sert de débrousailler ces surfaces de prairies sêches ? Parce que c'est un peu chian au bout d'un moment. L'animateur: "A préserver ces habitats importants pour de nombreuses espèces."

Comme quoi, il existe mille manière de "comprendre" une chose à priori banale comme ce pâturage bovin ! Quand aux volontaires venus de ces quatre coins du Monde, ils ont même pu assister à la traite de vâches laitieres. Naturel, non ? 

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28 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (1)

Partie 1 : des habitats. Guissény. Ce nom vous est inconnu ? C'est assez normal ! Petit commune du Finistère Nord, elle n'est pas la plus touristique de la Bretagne. Et pourtant, qui sait apprécier la nature et la beauté d'un paysage authentique prendra grand plaisir à découvrir les plages et le site Natura 2000 aux multiples biotopes qui composent son territoire. Natura 2000 est un dispositif européen de gestion sites naturels d'importance européenne. A la différence d'une réserve naturelle où l'activité humaine se veut particulièrement restreinte, celle en lien avec un site Natura 2000 n'a pas pour vocation d'être nulle mais simplement d'être particulièrement soucieuse de la préservation des espèces.

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Guissény: un site naturel caractérisée par sa petite surface, sa grande diversité d'espèces et de milieux, et d'une situation de milieu récepteur d'un bassin versant à vocation agricole.

S'y trouvent une tourbière, un étang entourée d'une roseraie, une zone océanique riche, des prairies, un cordon dunaire à la flore particulière...le tout sur quelques km2. 

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Suki (Corée du Sud, 31 ans): "l'autochtone breton possède des techniques hydrauliques tout de même assez primitives: il vide l'eau de son bateau avec un seau et ne connait visiblement pas l'effet siphon"

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17 volontaires internationaux ont ainsi pu découvrir ce site splendide et comprendre quels enjeux se trouvent derrière la préservation de tels milieux tout en permettant une utilisation douce des terrains par l'Homme. L'une des problématiques environnementales les plus célèbres de France est la prolifération des algues vertes sur les côtes de Bretagne. une sujet sensible, où l'activité professionnelle des uns (les éleveurs de porcs notamment) agit sur celle des autres (les pêcheurs notamment), et éventuellement sur l'activité touristique de la région. Tamito, un japonais de 32 ans, a peut être trouvé la solution à ce problème: pourquoi ne pas développer des recettes de sushi ! Plus sérieusement, la prolifération d'algues, les dépôts de nombreuses tonnes de végétaux marins sur les plages, les risques de pollution et de toxicité de celles-ci (certaines espèces génèrent des toxines) sont un sujet sensible car réellement problématique.

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Dépôt d'algues sur la côte de Granit Rose, Côtes d'Armor

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Dépôt d'algues vertes sur une plage du Finistère Nord, août 2010

Le site Natura 2000 de Guissény offre donc une variété de sites naturels, de biotopes, particulièrement sensibles et dont la préservation est importante voire essentielle à l'échelle géographique de l'Europe. Cette zone littorale, comme beaucoup d'autres en France, est en effet potentiellement soumis à des contraintes foncières particulièrement fortes. Cela est bien sur une richesse, mais nécessite aussi des approches de travail et de gestion différentes d'un habitat à un autre. En revanche, la découverte de certaines espèces sensibles et protégées devient particulièrement riche pour le promeneur lambda. 

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Plante carnivore protégé dans un site tourbeux de Guissény

Ce promeneur, ce peut typiquement être l'un des habitants du village, dont certains, fin connaisseurs du site, deviennent des piliers pour le gestionnaire chargé de la mise en oeuvre du document d'objectif du site. Un site naturel, c'est ses habitats, mais aussi ses habitants ! Une petite présentation de certains d'entre eux sera pertinente....dans un prochain article !

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12 juin 2011

France/Rhône-Alpes/Ain: Anecdotes coréennes en France

la Haute-Chaîne du Jura est l'une des plus grande réserve naturelle de France, outre-mer compris. Réserve naturelle ? Comme son nom l'indique, cette terminologie désigne un territoire protégé à des fins de conservation de la nature. Conserver un environnement naturel est en effet une priorité en France, et l'Etat dispose pour cela d'un certain nombre d'outils réglementaires. Les réserves naturelles en font partie comme les parcs nationaux. La réserve naturelle de la Haute-Chaîne s'est construite au fil des années 70 et 80 à cette fin: protéger ce patrimoine paysager et naturel d'une grande valeur écologique et assurer la pérénnité d'un territoire soumis à une forte pression démographique. L'espèce symbole de la Haute-Chaîne est le Grand-Tétra, mais la valeur de la flore et de la faune ne se résume en aucun cas à cette unique espèce. Ces notions de protection du patrimoine naturel sont intéressantes à apporter à un groupe de volontaires internationaux, dont la plupart ne sont pas formés en gestion environnementale et ne connaissent presque rien à ces outils. Mais en plus d'une approche pédagogique lié à la réalisation d'un travail d'utilité publique par le groupe, le chantier de jeunes bénévoles permet aux personnes inscrites de vivre une expérience de vie assez puissante durant trois semaines, avec des personnes venant de 5 ou 6 pays différents, répartis sur plusieurs continents. Apprendre à gérer une réserve d'eau pluviale limitée pour tout le groupe. Se doucher à l'aide de douches solaires au milieu des épicéas. Marcher au milieu des vâches.

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C'est ce qu'une semaine en refuge au sein de la réserve peut faire vivre à une habitante de Moscou ou de Séoul. Sacré dépaysement ! Et le matin, travail pour dégager les arbres coupés par des agents de l'ONF, afin de laisser ouvert les habitats typiques des gélinottes et grand-tétras. Sans un habitat favorable, impossible à l'espèce de ce développer et à ses effectifs de rester stable ou en augmentation. C'est un peu cette problématique qui se retrouve dans les renaturation de cours d'eau: améliorer l'habitat sur le long-terme plutôt que repeupler une rivière chaque année. Et puis comme souvent, séjourner en refuge permet l'accès à des milieux protégés et à des paysages préservés. 

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Coucher de soleil dans le Jura français

La Haute-Chaîne sépare deux régions, deux départements, deux économies, deux manières de vivre. Le pays de Gex et le genevois d'un côté, la franche-comté et ses paysages agraires de l'autre. Le col de la Faucille permet le passage entre ces deux territoires, et l'ascencion de la haute-chaîne donne une vision panoramique exceptionnelle des environs.

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Vue sur les Alpes et le Jura depuis le Reculet, Haute-Chaîne du Jura

La plupart des personnes réalisant un chantier durant l'été ont entre 16 et 25 ans et ont plusieurs objectifs: valoriser un temps de vacances après un travail saisonnier et une année d'études. Rencontrer des jeunes internationaux, parler une langue étrangère et s'ouvrir sur le monde. Découvrir un territoire et ses habitants, en France ou à l'étranger. Beaucoup sont étudiants, certains sont déjà insérés dans le monde du travail. Certains viennent aussi parce que les politiques éducatives et internationales de leurs pays respectifs poussent à l'expatriation et à l'expérience internationale. C'est notamment le cas des étudiants coréens, dont le nombre explose sur ces chantiers internationaux, depuis 15 ans. Kayoung, en photo ci-dessous, exprime bien cette nouvelle mobilité de la jeunesse coréenne à travers le monde. En master de LEA, elle a préféré prendre une année de pause avant de terminer ses études, en venant vivre et voyager en Europe. Après quelques mois de travail à Séoul, c'est une série de quatre chantiers internationaux qu'elle a réalisé en 2010, en Europe du Sud. L'idée, progresser en anglais et mieux connaître les européens. Très utile, tant professionnellement que personnellement.

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Suki, rencontrée sur un autre chantier, en Bretagne, avait elle un autre objectif. A 31 ans, tenter l'aventure en partant 3 mois en Europe, seule, sans parler aucune langue du vieux continent, et sans jamais être sortie de Corée du Sud. Un challenge à relever, car sans aucune base en anglais, séjourner en Europe trois mois ne doit pas être si facile ! Brest, un matin, à la gare ferroviaire. Le soleil brille, un groupe de jeunes internationaux s'apprête à prendre le train, et d'un pas déterminé, Suki prononce au guichet, cette suite approximative de mots: "Moi, billet, Bénélux". Une tranche d'aventure! 

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Une Souris et des Hommes
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