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Une Souris et des Hommes
15 avril 2012

Une souris et... Mme expat., en pleine révolution

Un clic de souris permet d'échanger avec des personnes du monde entier. Un clic de souris permet aussi de rechercher une colocation. Et c'est d'un clic de souris que je trouvais, il y a 3 ans et demi, la colocataire avec qui j'allais partager 8 mois de Guyane et d'échanges divers et variés. Il faut dire que Mme expat, entrée dans sa cinquième décénnie, fait partie de ces personnes expatriées par choix, passionnées avant tout par la fine découverte de contrées lointaines. Avec de la patience, beaucoup de travail, et une tranquille détermination, c'est les Canada, France francilienne, République dominicaine, Cap Vert et Guyane qui lui ont permis de développer des compétences dans le champ de l'Education Nationale, de la francophonie, de la formation d'enseignants, pendant plus de 20 ans. Alors bien sur, les périodes les plus exigentes, et ses plus riches expatriations, se sont déroulées après 40 ans, mais c'est bien dès 20 ans qu'elle partait au Canada et dans sa trentaine que se préparait la suite. 30 ans, l'âge ou la plupart des choses restent encore possible, à condition de s'en donner les moyens. Et dire que Marine Le Pen arrive comme choix de vote chez toute une partie de la jeunesse française. Quelle tristesse, alors que l'Europe et la nationalité française offrent tellement de possibilité à ceux qui veulent les saisir. Comme si les diasporas de France étaient la cause de la situation économique mondiale, alors qu'elles sont les premières à la subir. Bien sur, certains radicaux doivent être surveillés de prêt, mais les amalgames sont tellement faciles, et malheureusement facilitées par une partie de la classe politique actuelle. Cela met en évidence que la période est importante pour s'investir et/ou utiliser les outils des politiques jeunesse de France. Les Services Civiques, volontariats associatifs divers, programmes de mobilité. sont malheureusement mal connus malgré leur utilité évidente, malgré cette chance d'y avoir accès pour toute la jeunesse, indépendamment d'un niveau d'études requis, particulièrement en cette période de crise économique.

Mais revenons à Mme expat. Car après 6 ans de Guyane, son envie de relancer la machine l'ont poussé a postuler dans des écoles françaises... Et c'est pour le poste de directrice d'une école dans une petite ville du Nord Tunisien que son profil est retenu. C'est un chouette échange que de faire découvrir la ruralité française à des expatriées tunisiennes. Réciproquement, se lier d'amitié avec des tunisien(nes), qui plus est dans un pays en plein changement, offre une vision du pays d'accueil particulièrement intéressante et fine. Mme expat nous avait envoyé un email. Suite à ma proposition de le valoriser sur ce site, le voici. Un témoignage français du printemps tunisien, avant la Lybie, avant la Syrie, avant les élections qui s'en suivirent.

Date: Mon, 17 Jan 2011 22:36:58 +0100
Subject: news

Bonsoir de Hammamet, ce soir de nouveau gouvernement d’union nationale,

Oui, une page se tourne. Et c'est un soulagement extrême et un espoir immense chez les Tunisiens. Enfin, ils peuvent parler, s’exprimer, après tant d’années à baisser la tête dans la crainte. Mon amie tunisienne de 67 ans « ne pensait jamais vivre ce jour de son vivant et est très fière d’être à la une du monde entier pour une aussi belle révolution ». (je suis chez elle ce soir et je lui ai demandé de vous dire un mot); savez-vous qu’on l’appelle « la révolution du jasmin ». Elle me parlait le 11 janvier du régime en place et le faisait tout bas, de peur que nos téléphones portables enregistrent notre conversation et l’envoient en tôle. 3 jours après, elle hurlait sa joie au milieu de ses larmes et me racontait sa Tunisie politique. Le 12 et le 13,  le ras-le-bol s’exprimait dans la répression féroce des policiers et  le 14, Ben Ali, le dictateur, dégageait. Aujourd’hui, on apprend que Leila, sa femme, a foutu le camp en emportant 1 tonne et demie d’or de la banque centrale.

L'école est fermée (mais j'y passe chaque matin ; maintenant  tout est calme) depuis mercredi. Nous avons eu 2 jours de vraies manifestations très dures, très violentes: les tirs de l’après-midi se sont poursuivis tard dans la nuit , accompagnés d’odeurs de gaz lacrymos, de pneus brûlés, de clameurs, de hurlements. Les matins, le calme revenait, l’après-midi et les soirs, la mitraille reprenait... De nbrx batiments st détruits à Nabeul : poste, agences bancaires, tunisair, carrefour, monoprix...pillés, incendiés. autant d'entreprises où la famille de Madame avait des parts.

Le matin, la vie reprend, on peut acheter le pain après une longue queue; j'ai même trouvé de beaux poissons; vers 13 h, les cafés rentrent les tasses ds des cartons et les emportent ailleurs, on rentre les chaises, les tables, les magasins ferment le rideau en attendant l'orage...Depuis plusieurs jours on a le couvre-feu;  maintenant,  on traque les pilleurs du gouvernement, et nous nous organisons en comités de quartiers. Les gardes ont de pauvres bâtons, des tuyaux mais la solidarité est grande.

A Nabeul, Hammamet, la situation n’est pas angoissante comme elle l’est à La Marsa où hier encore, les tirs ont retenti toute la nuit. Certains profs du Lycée français de La Marsa semblent même très choqués: on envisage presque une cellule psychologique pour certains. Il est sûr que certains ont dû assister à des scènes très dures. On a été plus épargnés ici.

Je n’ai plus passé les nuits seules après les grosses manifs, soit chez des amis, soit une amie est venue à la maison. Les infos sont très bien relayées par le proviseur du lycée et l’IEN. Mes collègues dirlos s’envoient aussi des messages réguliers.

Nos écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre, qui va, je pense, être très proche. Bcp de familles françaises de nos écoles sont parties; certaines vont revenir très vite; d’autres attendent que la situation soit définitivement calmée et ont inscrit leurs enfants aujourd'hui dans des écoles en France. D’autres ne reviendront plus. Certaines autres, tunisiennes celles-là, proches de l’ancien régime ont-elles aussi quitté le navire et ne reviendront plus non plus, mais pour d’autres raisons. Mes élèves s’ennuient et me demandent du boulot. Hier, j’ai passé l’après-midi avec 2 d’entre eux dans un hôtel, pour changer d’air (surtout pour eux).Ds les jardins vides et silencieux, il faisait plus de 30 °C au soleil...et la piscine en bord de mer contrastait avec la situation.

Bcp d’espoir, bcp de fierté même si mâtinées d’incertitudes chez les Tunisiens. Ils méritent leur victoire. On attend maintenant des élections qui seront tout à fait nouvelles pour les électeurs qui ne seront pas obligés de prendre le bulletin obligatoire que des hommes armés leur tendaient. La période à venir risque d’être troublée mais sans armes.

Voilà. Merci à tous d’avoir pris de mes nouvelles. Je suis contente d’avoir vécu cette révolution sur place avec mes amis tunisiens. Biz

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7 avril 2012

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Saint-Jean-Le-Vieux

L'Ain recèle de nombreux villages charmants, de régions économiques diverses et de paysages variés. Mais qui connait Ambérieu-en-Bugey et sa région, n'y verra souvent que la fameuse gare SNCF à laquelle de nombreux TER et TGV font un arrêt sur la ligne de Lyon. D'autres, plus sportifs, feront le lien avec les nageurs olympiques de la famille Manaudou. Ambérieu et le Bugey est, malgré une faible attractivité touristique apparente, une région où il fait bon vivre, agréable, dynamique sur le plan économique et marquée d'une identité locale assez forte. Les villages aux alentours sont riches d'une histoire et d'un patrimoine qui intéressera tout amateur d'art, d'histoire économique ou de photographie. Et les monts du Bugey, une extrémité géologique du Jura, ne sont jamais bien loin. Un dimanche d'avril, le temps grisatre ou ensoleillé, est une opportunité de découverte pour tous ceux aimant la marche et le patrimoine. Et alors que dans le passé, des habitants d'Irlande ou de Guyane m'avaient montré avec enthousiasme leurs lieux de vie, alors que le Couchsurfing se base sur le principe que "le meilleur guide d'un lieu ne peut être que l'habitant local", cette découverte en cours du Bugey ne serait-elle pas mieux partagée? Transmise? Expliquée, dans la mesure d'un champ de connaissances même limité. Imen et Amira, deux soeurs tunisiennes rencontrées à Lyon, Nadja et Rémy, nouveaux habitants rhône-alpins, Stefano, Italien fraîchement débarqué du Piemont, et moi-même décidions de découvrir un peu mieux le Bugey. Un point commun nous rassemble: le besoin de lien amical en dehors des heures de travail. Un outil fédérateur de lien social, une association de bénévoles faisant vivre un projet. Une rencontre à une sortie de métro, et le plaisir de faire découvrir un peu la France rurale à deux Tunisiennes rarement sorties de la cité des Gones.  

Lyon. 10h00. Un signe de main à l'autre bout de la place Charpennes. Imen et Amira s'approchent, pétillantes, heureuses de partir à la découverte d'une France rurale mal connue de ces deux doctorantes tunisiennes. Le regard curieux, l'envie de prendre l'air, sortir d'une ville agréable à la rencontre de la ruralité toujours difficile d'accès lorsqu'on est sans guide et sans voiture. 

Ambérieu. 11h00. Les nuages masquent un soleil que l'on devine rayonnant. Une légère épaisseur brumeuse, augmentant l'incertitude sur le déroulement de la journée. Pluie ou soleil ? Stefano, récemment arrivé à Lyon depuis l'Italie, Nadja et son ami Rémy nous retrouvent à la gare d'Ambérieu. Direction Saint-Jean-Le-Vieux, petite bourgade bugiste où au milieu coule une rivière. L'idée de la journée: un décrassage dans les chemins de ce village, près de la nature, près des champs, pour dérouiller le corps avant d'autres aventures plus escarpées. Le chemin de Cheminant relie l'entrée de Saint-Jean à Jujurieux, village voisin, en traversant Varey et son chateau, le long de champs, pâturages bucoliques, traversant quelques hameaux s'éveillant dans la tranquillité d'un dimanche de printemps.

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Imen et Amira dans la brume printanière d'un village bugiste

Les chemins escarpés offrent une vue sur le chateau de Varey, un des chateaux composants le paysage des alentours, parmi d'autres. A gauche, une haie de forcicias fleuris rappellent la fin de l'Hiver. Mais ces chemins de traverse ne sont pas faciles à connaître pour un lyonnais. L'habitant local et sa fine connaissance des environs est, s'il se veut accueillant, le meilleur guide possible pour le promeneur de passage. Outre l'accueil de la personne étrangère à son territoire, il peut affiner son ouverture sur le Monde et sa tolérance vis-à-vis de personnes venant "de l'extérieur". Cette démarche se retrouve via le projet du Couchsurfing ou des chantiers de bénévoles. Faire vivre ces villages dans lesquels l'été rime avec "ennui" pour la jeunesse rurale, dynamiser la saison estivale, nouer les liens sociaux entre habitants et personnes de passage, permettre à des personnes extérieures de rencontrer l'autochtone. Chacun de ceux qui apprécient la découverte de nouveaux territoires connaissent le plaisir qu'est la découverte de parties profondes de celui-ci. Les îles d'Aran en Irlande, par exemple.

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Le retour par Jujurieux, puis la visite guidée de l'Abbaye d'Ambronay, concluaient le premier dimanche de sortie pédestre de l'année. L'occasion pour chacun de mieux connaître les alentours lyonnais et à tous de souffler un air campagnard avant une nouvelle semaine de travail.

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