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Une Souris et des Hommes
une souris et des hommes
27 février 2016

Une souris et...Rom, article d'un militant des Céméa

Rom m'est inconnu, mais son bel article sur les échanges internationaux a toute sa place dans ce blog. Oui, c'est du recopiage. Pas grave. Quant au site sur lequel je pioche cette vision à laquelle j'adhère, il propose un excellent dossier sur l'éducation populaire, en phase avec mon point de vue, même si cela ne signifie pas que je suis libertaire, hein !

Je l'écrivais dans un article récent sur le chantier international de Mouleydier. Le voyage est une chose, mais voyager en pouvant pleinement échanger et un tant soit peu connaître les personnes de la région visitée en est une autre. Ce que Rom dit très bien : "le tourisme et les voyages c'est facile. Se rencontrer réèllement par delà les frontières, ça l'est beaucoup moins. Les échanges de jeunes, dont font partie les chantiers internationaux, sont un parfait outil de rencontre internationale réciproque et solidaire. "Expériences pour rire ensemble, causer de nos pays et de nos cultures, mais aussi chambouler notre quotidien."

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"La mobilité, on la croise partout. Dans les études ou au boulot, il faut être capable de bouger, de s'adapter. Mais cette "mobilité" n'est certainement pas la même pour tout le monde. Pour une partie de la jeunesse de la classe moyenne européenne, l'expérience internationale est devenue un rite de passage, un plus indispensable sur le CV. Elle peut prendre plusieurs formes : année en Erasmus, stage à l'étranger, année de coupure post-études...cette mobilité est choisie et accompagnée, vécue comme un moment fondamental de construction de soi. Pour une autre partie de la jeunesse, cette mobilité est subie et précaire : c'est la migration vers les bassins d'emplois, la nécessité de s'éloigner de ces ami-e-s et de sa famille pour pouvoir gagner un peu de thunes et trouver un logement. A l'échelle internationale, cette injustice est multipliée par 100 : le flux de touristes dans un sens, celui des migrants et exilés dans l'autre. Entre les deux, un ensemble de dispositifs de répression et de mort qu'on appelle les frontières. Une facilité de plus en plus grande de déplacement pour certains accompagne la multiplication des camps et des murs pour contenir les autres. [...] Les projets d'échanges de jeunes se confrontent à ces questions par l'action concrète.

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Sur cette photo, des jeunes (18-35) (de haut en bas et de gauche à droite, sans compter les élus locaux) de : Espagne - République Démocratique du Congo - Italie - Grèce - Espagne - Mexique - Albanie - Chine - Chine - Tchéquie - Tchéquie - France - Japon - Corée du Sud - Allemagne - Guinée Conakry - Espagne - Espagne - Espagne - Taïwan - Corée-du-Sud - Turquie - Russie - Turquie - Tchéquie : vive le service volontaire international !

Ces échanges internationaux font se poser toutes les questions qu'on a sur nos vies, sur les rapports avec nos familles, sur notre vision du monde, et la religion dans tout ça, et le travail, la pauvreté, la police, la musique...Mais ce n'est pas si simple de construire un collectif quand on est une vingtaine, qui ne partagent pas forcément les mêmes habitudes ou le même rythme dans la journée. Se rencontrer, c'est aussi construire une vie quotidienne ensemble, ne pas se marcher sur les pieds, se parler. L'éducation populaire passe aussi par là, par l'expérimentation d'un collectif qui ne soit ni la famille, ni une institution. Tout cela avec une exigence de réciprocité. Lorsqu'on est allé quelque-part, il faut se préparer à accueillir chez soi, se battre avec les préfectures pour faire venir les gens et qu'ils puissent vivre aussi cette expérience. Bien sûr, tout n'est pas rose, ces échanges draînent leur lot de questions : quel compromis avec les institutions pour rendre tout ça possible ? Comment mener des projets égalitaires quand nos situations de départ ne le sont pas forcément, voire pas du tout? Comment ne pas reproduire la logique touristique et créer des liens de long terme ? Mais peut être qu'amener ces questions, c'est peut-être finalement le plus important. Sortir des certitudes pour pouvoir avancer, ici et là-bas."

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Quel commentaire apporter à cet article ? Peut-être ce point de vue: la dimension humaine de la mondialisation pourrait être heureuse pour tout le monde en France. A Ambérieu-en-bugey, où j'ai vécu 2 ans, il est vrai qu'on vit assez peu de contacts culturels variés. Pourtant, chacun a accès à la ville de Lyon, au moins une fois de temps en temps. Et à Lyon, tout le monde peut aller aux soirées internationales. Alors, pourquoi y a t'il aussi peu d'échanges et de contacts avec l'altérité mondiale, encore aujourd'hui, en France et un peu partout ? Qu'est-ce qui pousse l'habitant d'un pays à aller discuter avec une personne expatriée et étrangère ? On en parlera doucement dans un prochain article !

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30 janvier 2016

Une souris et...Philippe, Terrien transatlantique

Ce blog, dans son historique, présente deux expériences de mobilité internationale et ultramarine : une année à Dublin et une année à Cayenne. Alors que cela représente deux grandes expériences pour un habitant de France métropolitaine lambda, il serait dommage d'oublier que pour de nombreuses personnes croisées au coin de la rue, cette expérience est habituelle, voire naturelle. Je pense typiquement à mon ami Philippe.

Dublin, septembre 2007. La porte de ma colocation s'ouvre. Philippe entre. Il vient s'installer à Dublin, pour une période indéterminée, depuis la Martinique. Car comme de nombreux autres habitants d'un des trois départements français d'Amérique (DFA), son espace de vie se situe de part et d'autre de l'océan Atlantique.

Le rapport de l'observatoire de la jeunesse 2014, "parcours des jeunes et territoires", fournit une analyse intéressante de cet espace de vie transatlantique chez les 18-30 ans. Depuis les années 50, le bassin des Caraïbes a été le théatre d'une forte émigration vers les métropoles européennes. Au fur et à mesure que les individus se sont installés ou réinstallés de part et d'autre de l'Atlantique, se sont formés des espaces de liens sociaux, familiaux etc. Les individus vivant de chaque côté sont plus ou moins connectés à ces espaces, selon leur expérience familiale de migration ou leur propre vécu de circulation transatlantique. En parallèle aux migrations se déroulent un va-et-vient de personnes au sein de cet espace de vie transatlantique. Une enquête Trajectoires et Origines (TeO), mené par l'Institut national d'études démographiques (INED) et l'INSEE, fournies quelques analyses sociologiques sur cet espace de vie transatlantique et les pratiques autonomes des 18-30 ans.

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Ce qui peut être vécu comme une grande expérience pour un métro lambda,

n'est que normalité pour de nombreux habitants des DFA

En France métropolitaine, 1 habitant des DFA sur 2 déclare avoir été victime de discrimination dans les cinq ans précédant l'enquête. Ces moments de "renvoie aux origines" sont fréquents au travail, à l'école, dans la rue et même si l"on s'y attend", ils participent à la construction identitaire de ces jeunes. D'ailleurs, il y a une reconnaissance du fait qu'en France métropolitaine, on peut être renvoyé à ses origines tandis que dans d'autres lieux, on peut être plutôt identifié comme "Français". Cette identification "imposée" est d'autant plus mal vécue que certains jeunes ressentent à l'égard des territoires des DFA et de l'"identité antillaise" une ambivalence, qui peut être le résultat d'un moindre ancrage familial sinon d'expériences négatives lors de séjours dans les DFA. On retrouve de la déception exprimée face aux moqueries, aux réactions de jalousie, de méfiance, voire de rejets. Alors qu'ils se reconnaissent une identité antillaise, on leur refuse la reconnaissance de cette identité. Par ailleurs, pour les jeunes élevés majoritairement dans les grandes villes, il y a une difficulté à s'adapter à des sociétés où "tout se sait". En effet, l'interconnaissance est forte dans les îles et la surveillance sociale particulièrement marquée et contraignante. Faits et gestes sont observés et rapportés. Cette dimension est particulièrement difficile à supporter pour des personnes ayant été socialisées dans une société plus anonyme. Enfin, de plus en plus de jeunes se projettent au-delà des confins de l'espace transatlantique métropole-Antilles-Guyane. Si les perspectives de mobilité ont longtemps été ancrées dans cet espace bipolaire, les temps changent. Ainsi, grâce à l'image idéalisée d'une société multiculturelle, berceau du mouvement des drois civiques, les Etats-Unis sont parfois évoqués comme destination de préférence. Maintenant, même avec un niveau d'anglais simplement scolaire, vivre sur le continent américain, en Angleterre ou en Australie apparaît comme une option pour des jeunes qui envisagent parfois leur avenir professionnel et familial ailleurs qu'en France, hexagonale ou ultramarine.

taux de domien par 10 000 habitants

Taux de Domiens pour 10 000 habitants (2008)

Je propose à Philippe de commenter cet article : "cette vision de la mobilité de la jeunesse antillaise est assez juste. Le manque de débouchés professionnels et les possibilités limitées d'y effectuer des études supérieures poussent chaque année une fraction de la jeunesse vers d'autres horizons. Horizons des plus classiques comme Paris et sa région, Toulouse, Bordeaux...mais il devient de plus en plus fréquent d'aller voir "plus loin", je pense notamment à l'Angleterre ou au Canada. A mon avis, il y a également un autre facteur à prendre en compte : quand on a passé les 18 ou 20 premières années de sa vie dans un espace de 1128 km2, l'énergie et la fougue de la jeunesse poussent tout naturellement à aller voir ailleurs ce qui s'y passe. D'un point de vue personnel, cette envie d'aller voir ailleurs m'a pris très tôt. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que je me suis très tôt intéressé aux langues étrangères, et notamment à l'anglais. Je me rappelle encore de cette anecdote : je venais d'avoir 10 ans et mes parents venaient d'emménager dans une nouvelle maison. A cette époque, il n'y avait ni internet, ni câble ni box...juste trois chaînes locales diffusant parfois quelques émissions de métropole. Cependant, en bidouillant un peu le poste de télévision, je me suis rendu compte que j'avais accès à la chaîne américaine HBO ! C'était en fait grâce à un voisin qui avait chez lui une immense parabole, et magie de la science aidant, je pouvais capter son signal. Je ne m'étendrai pas sur les heures passées devant cette chaîne à regarder film après film en V.O., un pur régal ! C'est aussi à cette époque que j'ai commencé à m'intéresser aux langues qui me semblaient "exotiques", c'est-à-dire les langues de pays dont le mode de vie me semblait suffisamment éloigné du mien. J'avais par la suite opté pour l'allemand au lycée et le russe pendant les quatre années passées à l'armée après mon bac. C'est d'ailleurs durant cette période militaire que j'ai pu me rendre en Ukraine pour une mission de traduction très intéressante. Entrer à l'armée était également un projet que j'avais eu très tôt car il conjuguait pour moi prise d'indépendance et aventure, mais bien que je n'aie pas été trop déçu sur ce plan, il faut bien admettre que je n'avais pas la vocation militaire. En 2004, j'ai donc quitté l'armée en repassant par la case départ en Martinique, mais toujours avec la certitude de repartir, à l'étranger si possible. C'est un projet que j'ai préparé pendant trois ans: économies, choix de la destination, prospection préalable des entreprises susceptibles de m'embaucher, préparation du CV. Sans oublier de profiter de toutes les occasions d'améliorer mon anglais. Mon travail en location de voitures au contact des touristes étrangers m'a beaucoup aidé à l'époque pour l'expression orale. J'ai également passé beaucoup d'heures à écouter des livres audio en anglais. Et en septembre 2007, ce fut le grand saut ! Aller simple pour Dublin avec les premières nuits réservées en auberge de jeunesse sur Aungier Street ! Pour ensuite m'établir à Phibsboro, que tu connais bien, pas vrai coloc ?! Depuis cette date, j'ai bougé au gré des opportunités professionnelles qui m'ont amené tantôt à Londres, tantôt à Paris...et depuis août 2015, me voici de retour en Irlande ! Pourvu que ça dure ! Mais il faut quand même savoir que dans la tête de beaucoup d'Antillais expatriés aux quatre coins du monde existe un secret espoir de rentrer un jour "à la maison" pour y profiter des derniers instants et y finir sa vie..."

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Philippe, ami martiniquais très attiré par...le froid scandinave !

4 octobre 2015

Une souris et...David : mon frère, ce photographe

Un des facteurs limitant la rédaction d'articles sur ce blog est le manque de possibilité de progresser en photographie. En effet, l'appareil utilisé est bien, un petit compact lumix, mais reste un peu limitant quand il s'agit de progresser. Et puis investir dans un appareil réflex et ses filtres est tentant, à condition de l'utiliser derrière. Et de savoir développer les photos numériques avec des logiciels tels que photoshop. Dans ce domaine là, mon frère David est un bon : graphiste de formation, il s'est mis à la photographie il y a quelques années, constatant qu'il était utile de développer la compétence, et par plaisir aussi, bien sûr. Et avec son appareil réflex et sa bonne connaissance de photoshop, autant dire qu'il a la possibilité de produire des clichés de grande qualité.

Alpes_5

Voyage en Islande. Trois semaines passées avec quelques potes à lui dans ce pays dont les couleurs et paysages forment un doux mélange entre réalité et peinture. Trois semaines à aller de scène en scène, à voiture ou à pied...à camper dans une nature sauvage et préservée.

Islande 2

Islande

Voyage en Norvège. Restons dans le Nord de l'Europe et allons voir un petit bout de Norvège...pas beaucoup de photos, du fait des mauvaises conditions météorologiques...mais tout de même, voilà un petit havre de paix. Photographie de juin 2015.

Norvège

Excursions dans les Alpes. Car la photographie en milieu montagnard offre une variété de possibilités.

Alpes

Alpes 2

Et pour finir, n'oublions pas la montagne des Genevois, ce beau Salève. Une prise de vue faîte un beau dimanche après-midi, depuis l'observatoire. Ses autres photos sont ici. Ces petits trésors donnent vraiment envie d'investir dans un appareil photo de meilleure qualité. Un jour, peut-être !

Salève

10 avril 2015

Une souris et...Laura, Esra et Elvira : partout dans ce monde...

Partout dans ce monde, il y a des voix qui résonnent. On peut s'en apercevoir lorsqu'on participe à l'étude des motivations de candidats à un volontariat SVE pour être actif quelques mois au sein du service jeunesse d'une communauté de communes auvergnate. Analyser ces candidatures pour en sélectionner une permet de découvrir quelques personnes avec qui sont partagées quelques valeurs. Sélectionner une candidature, certes. Mais pas seulement sur des savoirs-faire et un diplôme. Dans la philosophie du SVE prime aussi et surtout la vision personnelle du volontariat, ses dimensions citoyenne ou interculturelle. Extraits.

Laura - 25 ans - Italienne de Mirano (Vénétie) : as-tu déjà été engagé dans des actions de volontariat/bénévolat ? Oui, j'ai eu des expériences de bénévolat et volontariat assez hétérogènes. D'abord, des courtes expériences dans le domaine humanitaire, dans les kiosques de "Telefono Azzuro", l'association italienne qui s'occupe de lutter contre les différentes formes de violence sur les enfants; l'activité consistait à la sensibilisation du public envers l'association. En milieu culturel, j'ai été bénévole pendant quelques années dans un festival international de littérature, où les étudiants s'occupaient de la gestion du public et de l'accompagnement des écrivains. Mais mon expérience la plus importante a été en août 2012, lorsque j'ai adhéré à un chantier international de deux semaines organisées par Lunaria, mon association. Le chantier s'est déroulé en Allemagne du Nord, et j'ai collaboré avec une dizaine d'autres jeunes provenant du monde entier pour la restauration d'un navire ancré au port de Stralsund. Décris tes motivations et attentes pour ce volontariat ? L'idée de participer à un SVE aiguillonne mon imagination depuis très longtemps. J'avais envie de me trouver dans un contexte international, d'apprendre ce que voulait dire entrer en contact avec des personnes très différentes de celles qui peuplaient mon village, mon université, mes espaces. La même idée m'a poussée à partir à l'étranger lorsque j'en ai eu l'occasion. J'avais la même idée que j'ai aujourd'hui, qui est devenue de plus en plus claire pour moi : nous avons la chance d'être des jeunes dans un monde en mouvement et non seulement nous pouvonr en profiter, mais il s'agit aussi d'une sorte de responsabilité. "L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture de crâne", j'ai lu sur un mur à Lille. Il est fondamental de changer de point de vue, de renoncer aux points de référence, même pour un instant, pour comprendre l'autre. Et je crois que ça devrait être l'objectif le plus important dans notre monde kaléidoscopique. Ce projet au sein du service jeunesse de la communauté de communes me semble une idée parfaite pour développer cette idée. C'est un point de départ idéal pour diffuser et faire circuler les principes de l'interculturalité, et en particulier pour crééer une éducation à la citoyenneté du monde. Je crois que je pourrais apporter mon expertise dans des situations communicatives et relationnelles très variées, pour stimuler la rencontre libre et ouverte.

Fracture du crane 

Esra - 22 ans - Turque de Besni (Anatolie du Sud-Est). As-tu déjà été engagé dans des actions de volontariat/bénévolat ? Ma première expérience bénévole date de 2013 avec l'associatioon YASOM, qui signifie "association d'éducation informelle", ou, littéralement, "apprendre par le centre de la vie". C'est une organisation de jeunesse qui a été fondée par des étudiants. Ce que nous essayons de faire est d'augmenter la conscience de l'apprentissage par la vie. C'est une plateforme ouverte où les jeunes peuvent créer, apprendre, partager et enseigner sur les besoins des jeunes et leurs intérêts. Nous croyons aux effets de l'éducation informelle, donc nous supportons des workshops et activités avec les outils de l'éducation informelle. Nous avons des clubs pour parler les langues étrangères, des projets de responsabilité sociale etc. As-tu déjà participé à un projet international/européen de jeunes ? Oui, en 2013, j'ai participé à un séminaire européen du CCIVS: "inclusion sociale et participation active des jeunes." Durant 10 jours, nous avons discuté de la citoyenneté active, des opportunités pour les jeunes, de l'inclusion et l'exclusion sociale". Décris tes motivations et attentes pour ce volontariat ? Culture, structure sociale, politique, géographie : chacun compose ses besoins sociaux de différentes manières dans la société. J'ai toujours pensé que la manière la plus efficace d'apprendre est l'apprentissage par l'action et l'observation. Ainsi, des places multiculturelles sont parfaites pour l'apprentissage interculturel, qui lui-même permet d'intensifier la tolérance entre les personnes.

Elvira - 23 ans - Russe de Kemerovo (Sibérie). Décris tes motivations et attentes pour ce volontariat ? Je pense être une personne très ouverte, curieuse à propos de tout. J'ai eu l'habitude de travailler dans un contexte multiculturel et j'ai vraiment apprécié. Je crois en ma capacité de contribuer aux activités concernant des thèmes tels que la mobilité internationale, l'interculturalité. Je suis aussi très excitée à l'idée d'être animatrice de chantier international. En effet, tous mes anciens chantiers internationaux ont été de très belles expériences, en partie grâce aux animateurs. Aussi je voudrais faire du volontariat la même expérience pour d'autres personnes, afin aussi de promouvoir une idée de citoyenneté active auprès des jeunes de la communauté de communes.

No facism.

26 janvier 2015

Une souris et...Giselle : une Ts'Italienne à Lyon

Eté 1994. Chez mes grands-parents, je supporte l'étonnante équipe de Suède et son attaquant Kenett Andersson atteignant les demi-finales de la coupe du Monde de football, remportée finalement par l'équipe du Brésil. C'était aux Etats-Unis, sous un soleil caniculaire, et cette coupe du Monde constitue la première que je suivais un peu. C'était il y a 20 ans, et étrangement, aujourd'hui, le souvenir le plus clair qu'il me reste de cette année est le suivi de ce Mondial...mais d'autres souvenirs rejaillissent doucement, plus flous certainement, mais réels. Il faut dire qu'à cette époque-là, on apprenait notamment l'histoire du 20ième siècle en faisant les pitres dans les classes de 4ième et 3ième d'histoire-géographie...des bons souvenirs, mais je me rappelle encore des propos de mon professeur de l'époque, Mr Whurlin : "ayez conscience qu'à deux heures d'avion de Genève, certains pays sont en guerre". A deux heures, ou un peu plus loin. Au Rwanda par exemple. Autre pays, autre actualité. Celle d'un génocide...quelques images des infos, mais sinon ? Pas grand-chose. Il faut dire qu'à 14 ans, on est à peine adolescent. Peut-être une forme de déni ? Une réalité difficile à intégrer alors que la sienne, dans le bassin annemassien, est globalement douce. Je ne sais pas. 20 Septembre 1995. Dans un camp du Zaïre naît une Rwandaise de parents réfugiés de la guerre : Giselle.

CONCORDIA 2015

Septembre 2014. Giselle a 19 ans. Elle a passé son baccalauréat dans la ville de Padoue, en Italie, et décide de partir faire un service volonaire européen (SVE) au sein des locaux de l'association Concordia. Son objectif: affiner sa conscience européenne, améliorer son français, voyager. En Italie, ses parents travaillent dans le champ de l'action sociale, et dans son petit village, ils représentent une famille de Blacks au milieu des Blancs. En cette soirée de janvier 2015, nous évoquons la période du génocide Rwandais. Ses parents qui sont partis dans les camps de réfugiés au Zaïre, aujoud'hui République démocratique du Congo. Elle qui est arrivée en Italie à l'âge de 5 mois. Et qui aujourd'hui, réalise un volontariat européen. Une belle expérience avant le monde étudiant. Quant au génocide, elle dit ne pas s'y identifier, elle qui ne l'a pas vécu. Mais toutefois, Giselle, Tutsi ou Hutu ? Généalogiquement, un peu des deux. Mais aujourd'hui : "Italienne, évidemment" !

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5 novembre 2014

Une souris et...Lery Laura, mi-muse, mi-poète

Lery Laura est une amie. Une "amie du Monde", comme il est facile d'en avoir de nos jours. Je la contacte en été 2013 après être quelque peu tombé par hasard sur son profil linkedin: "Lery Laura es periodista, egresada de la Escuela de Comunicación Social de la Universidad Catolica Santo Domingo. Sus intereses están vinculados a la investigación periodistica, el arte, la comunicación social y las ciencias sociales en general. Trouvant que discuter avec elle pourrait être chouette, nos premiers échanges sont dans un spanglish moderne : "Hi I am seeing you are periodista (in linkedin) and I would really be pleased of speaking with you about life, work, etc...would you be interested ? Kind regards, Emmanuel from France." C'est alors qu'elle me répond : "Hola, sí, soy periodista. Trabajo en una revista dominicana, escribo artículos de economía y sociedad. Mi trayectoria no ha sido extenso, pero algo tengo para compartir. Empiezo contándote que me cuesta mucho escribir en inglés, pero you can translate this with google. Gracias por interesarte."

lery laura 4

Lery Laura, par Manu

Depuis ce jour, nous échangeons régulièrement sur la vie, le travail, la République Dominicaine, La France, les Alpes, les grenouilles, les fleurs...et quelle chance, Lery Laura et moi avons quelques centres d'intérêt en commun : la nature, la photo, l' écriture par exemple. Il est peu habituel d'entendre parler de cette île des Caraïbes dans les médias français, en dehors du tourisme. Alors pourquoi ne pas dépasser un peu les clichés et affiner sa connaissance du pays via cet échange interculturel ?

lery laura

Plage de Cabrera, République Dominicaine...et si on dépassait les clichés ?

Mais après cette brève introduction, je dois vous dire quelque chose...Lery Laura est aussi un peu poète. Mais ne le dites pas, hein, c'est un secret ! Et dans nos échanges, elle m'envoie notamment un de ses poèmes, XXX. Extrait choisi :

"...Y hablo de tristeza

No por estar triste - Lo juro.

sino porque es una palabra bellisima :

Tristeza, 

la tristeza,

Tristeza.

Es un cristal creciendo

en estos ojos cerrados

y temerosos de las sombras

y otros ojos que son apenas posibles."

Mais comme le dit José Marmol, poète dominicain né en 1960, au jour d'aujourd'hui, on ne vit pas de la poésie en République Dominicaine. Alors Lery Laura, pour palier à cet idéal, écrit sur la société dominicaine, dans le cadre de son travail...travail qui ponctuellement peut l'emmêner dans l'autre partie de l'île Hispaniola, en Haïti, comme à ce moment là.

Lery Laura 7

 Excursion professionnelle de Lery Laura en Haïti

Ces échanges interculturels entre une Dominicaine lambda et un Français lambda sont particulièrement variés, et permettent à chacun d'affiner un peu sa conscience internationale. Récemment, une des rares actualités de l'île commentée dans les médias français a été lié à la décision du gouvernement dominicain de dénationaliser une partie de sa population d'origine haïtienne. Historiquement, les relations entre les deux Etats de l'île sont tumultueuses, au niveau des politiques d'Etats en tout cas. En est-il de même au niveau de la population...Humm peut être, mais dans une moindre mesure sans doute. En tout cas, on pouvait lire quelques articles il y a un an dans les médias français. "En 1937, le dictateur dominicain Rafael Trujillo ordonna le massacre de plus de 15 000 migrants haïtiens noirs pour « blanchir la race ». L'année suivante, pour se faire pardonner par la communauté internationale, le tyran sanguinaire ouvrit les portes de son pays aux juifs allemands, blancs, persécutés par Hitler. Soixante-quinze ans plus tard, la décision du plus haut tribunal dominicain de retirer la nationalité dominicaine aux descendants d'Haïtiens provoque à nouveau la préoccupation de la communauté internationale et l'indignation des défenseurs des droits humains. Fin septembre, le Tribunal constitutionnel a jugé, de manière rétroactive, que les descendants des migrants « en transit », nés depuis 1929, ne pouvaient prétendre à la nationalité dominicaine." Concrètement, cette décision retire la nationalité dominicaine pour plus de 250 000 hommes et femmes d'origine étrangère [haïtienne]. Du discours de Grenoble...en République Dominicaine. Lery Laura, mon amie, m'a évoqué cette situation il y a un an. Bien sûr, elle n'est pas spécialiste de cela, mais en tant que citoyenne dominicaine, elle peut se sentir directement concernée par cette décision. Et on peut voir cette photo sur sa page facebook.

Lery Laura 6

Et puis parfois nous parlons aussi voyages. Lery Laura est notamment allé au Guatemala, et a passé plusieurs jours dans un village indigène du pays. Nous avons échangés sur ce thème, et elle m'a envoyé quelques textes décrivant cette expérience. Extraits choisis : "27 de noviembre de 2009. Estoy en un pueblo indígena y para mí todavía resulta muy impresionante el encuentro con esta cultura. Es gente muy silenciosa y tranquila. Los hombres y las mujeres mayores siempre caminan como quien va meditando. Desde niñaslas mujeres usan el huipil, un corte muy colorido que debe decir mucho sobre sus creencias pero que yo no entiendo muy bien todavía. La mayoría lleva muy largo el pelo, aunque en algunas jóvenes se puede notar una tendencia a abandonar esta costumbre. Las más viejas sí lucen con orgullo el pelo canoso que cae sobre sus espaldas. Se ven hermosas y no sé por qué encuentro que hay tanto sosiego en las arrugas formadas sobre sus rostros. Yo pocas veces miro la vejez como algo natural, como algo justo o con lo que yo estaría conforme, pero aquí con frecuencia le encuentro algo de encanto. Supongo que es igual de triste aquí que allá, y que mi encantamiento se debe a que de todos modos estoy más distante de este pueblo y todavía soy incapaz de verlos como algo más que un patrimonio cultural. No sé si digo lo que quiero decir. Me refiero a que sé la miseria que hay detrás de los rostros arrugados que se suben a la guagua en que voy del trabajo a mi casa, allá en Santo Domingo, o al menos eso creo. Conozco a mi gente y sus penas, pero de aquí casi no conozco nada. Sé que esta gente padece de muchas cosas, pero no soy capaz de ver esos dolores en sus rostros, como hago cuando veo a un dominicano. En fin…Ya dije que son gente muy reservada, pero un saludo no falta nunca cuando una se cruza con ellos por la calle o algún camino. Se limitan a decir buenos días o buenas tardes, pero lo dicen con una voz muy alegre, sobre todo las mujeres y niñas."

Enfin, nos discussions ne sont pas non plus trop politiques, et il est parfois tout aussi sympathique de comparer les formes et couleurs naturelles !

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Dans un jardin de Saint Domingue...(photos de Lery Laura)

23 octobre 2014

Suriname - Paramaribo, mobilités multiculturelles

Paramaribo. Une ville particulièrement méconnue en France métropolitaine, mais dont l'atmosphère m'aura quelque peu interpellée lors des trois petites journées passées en son centre en 2009. Il faut dire que le Suriname n'est pas une destination très touristique. Mais continuant à lire sur cette belle région du Monde qu'est le plateau des Guyanes, je dois dire que capitaliser sur cette micro-expérience touristique de mai 2009 est un petit bonheur que la toile permet d'alimenter. Par exemple par la lecture du site d'information anglophone sur le Suriname, Devsur : our story, by us. Et puis en plus des médias traditionnels, sites d'information ou livres, se cachent des publications et études plus techniques mais pas moins inintéressantes. Notamment, un article consacré à la ville, rédigé par H.J.L.M (Hebe) Verrest, une géographe néerlandaise spécialiste des villes de la région carribéenne. Mixant quelques éléments de son travail à des articles lus ici ou là, cet article présente quelques traits de cette ville atypique d'Amérique du Sud.

La capitale surinamaise, principal pôle économique, social, politique et administratif du pays, ressemble, malgré sa position en Amérique du Sud, davantage à une ville carribéenne qu'une ville sud-américaine. Le Suriname est localisé sur la côte nord du continent sud-américain, et la grande majorité de ses habitants (environ 500 000) sont localisés sur les côtes. De 1667 à 1975 le Suriname était une colonie hollandaise. Durant le 20ième siècle, la production de bauxite remplaça rapidement l'agriculture comme principale ressource économique. Le Suriname intensifia son autonomie à partir de 1954 et devient indépendant en 1975. La croissance et composition de Paramaribo reflète son histoire turbulente. Des habitants d'origine ethnique, sociales, géographiques et éducatives variées peuplent la capitale surinamaise. L'arrivée de groupe variés a ainsi changé la structure ethnique de la population de la capitale. Alors que les personnes créoles formaient 80% de la population surinamaise, cette proportion n'a cessé de diminuée jusqu'au recensement de 2004, comme le met en évidence la figure ci-dessous. Ce métissage croissant des habitants surinamais est un processus en cours, changeant régulièrement le profil de la ville.

Population Suriname

Xie Da, lui, est d'origine chinoise. Son histoire est raconté dans l'avant-dernier numéro d' Une saison en Guyane. "En 2002, à 32 ans, Xie Da a quitté son foyer dans la province chinoise du Fujian pour rejoindre le Suriname. Un ami lui avait parlé de bonnes affaires à saisir dans ce pays néerlandophone. Au début, ce fut très difficile de trouver un emploi, et les postes proposés étaient très mal payés. Xie a débuté dans un supermarché. Xie Da est ensuite intérrogé: "au début, j'ai travaillé très dur, ne gagnant que 80 dollars américains par mois, juste de quoi m'en tirer et payer mes appels téléphoniques en Chine. Rêvant d'une vie meilleure, Xie ne s'en est pas laissé abattre pour autant, il a alors quitté son emploi, et tenu tour à tour trois petits restaurants, ne connaissant le succès qu'avec le dernier. Puis il a lancé son propre supermarché. Persuadé que la vie au Suriname lui sourirait un jour ou l'autre ainsi qu'à sa famille, Xie n'a jamais cessé de prendre des risques. "Partout dans le monde, les migrants chinois ont d'abord recours au commerce de produits chinois bon marché comme moyen de survie, et finissent par accompagner la filière, tout en abandonnant les marché saturés et en évitant d'entrer en concurrence avec d'autres migrants chinois, selon le sinologue Tjon Sie Fat. Au fil des années, les magasins bon marché ont fait place à des établissements, restaurants, hôtels et casinos de grande envergure. "Avec le temps, ces migrants chinois finiront par s'éloigner de l'emplacement de leur première installation, essaimant d'abord autour de la périphérie de Paramaribo, puis vers les régions voisines fragiles sur le plan institutionnel et offrant les meilleures perspectives de marché : de la périphérie surinamaise à la Guyana, et à un degré moindre vers la Guyane française. La migration en chaîne est un modèle d'immigration selon lequel un migrant déjà installé recrute quelqu'un d'autre de sa région natale, habituellement un proche, pour venir travailler dans son entreprise. Sur place le nouveau migrant apprend les ficelles du métier tout en payant sa dette de parrainage, et éventuellement lance sa propre entreprise, recrutant à son tour de nouveaux migrants comme travailleurs. Selon Tjon Sie Fat, l'intrégration a opéré dans les deux sens. Depuis plus d'une décénnie maintenant, un marché chinois fonctionne dans la capitale Paramaribo, les nouveaux migrants ont amené de leurs nombreuses régions une grande variété de légumes, produits alimentaires et autres en-cas. "Prenez le marché chinois du dimanche, qui a été adopté par la population locale, la tolérance conduit à l'intégration, et dans ce cas, l'intégration conduit à la tolérance, créant un cercle vertueux".

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Marché chinois du dimanche, Paramaribo, mai 2009

Louis Autar n'est plus. Vous racontant ses quelques aventures dans un article précédent, je me demandais alors si j'étais capable de rentrer en contact avec lui via la toile...et c'est pourtant dans un vieux numéro de National Geographic de juin 2000 que j' en découvrais un peu plus sur ce feu spécialiste surinamien des tortues marines ! " Ainsi, la mère de Louis Autar a été amené "par contrat" depuis Java quand elle avait 15 ans. Récemment décédé, Louis était un spécialiste reconnu des tortues de mer géantes du Surinam. Il était né dans une plantation au bord de la rivière Commewijne appelée Het Vertrouywen (La confiance). Malgré ce nom prometteur, la vie des paysans n'avait rien de plaisant. Lors d'une visite chez lui, dans les faubourgs de Paramaribo, Louis m'a raconté sa jeunesse. Nous étions installé dehors, sur des chaises en plastique, et sirotions un soda à l'orange. Il parlait tantôt en hollandais, en anglais, tantôt en sranan tongo, une langue créole autant utilisée que le hollandais. " En 1917, après huit ans, ma mère a décidé de rester au Surinam et d'acheter trois lopins de terre. Elle avait réussi à économiser assez sur son salaire journalier d'un peu moins de 3 francs. Bien évidemment, ce n'était pas drôle tous les jours. On n'avait pas d'éléctricité et on ne buvait que l'eau de pluie. Je suis né à la saison sèche ; ma mère était obligé de me laver les dents à l'eau de mer." Louis était bon élève, mais ses parents n'avaient pas les moyens de l'envoyer au lycée. A 14 ans, il part s'installer sur la côte et s'improvise braconnier ; il dérobe les oeufs des tortues luths pour les revendre aux Javanais de Paramaribo, qui en sont très friands. Des années plus tard, il se fait prendre par les Hollandais. le jour même de son arrestation, les autorités lui proposent de travailler au Service des forêts, un des meilleurs, en ce temps-là, d'Amérique du Sud. Ils n'en revenaient pas que je connaisse si bien les tortues de mer, se rappellet-il. Protéger ces oeufs était largement plus lucratif que de les revendre illégalement. le Service m'a donné de l'argent pour construire un vivier. En tout, j'ai remis 16000 de ces tortues à la mer. Après l'indépendance, quand les militaires ont pris le pouvoir, on m'a coupé les fonds. Avec la montée de la mer, mon vivier n'est plus qu'un remblais de boue."

Un élément est également expliqué par Hebe Verrest: Paramaribo se compose de différents quartiers ou mixités sociale et ethnique sont fortes, sans réelles zones de non-droit et autres aires à totalement éviter. Même pour les touristes ?

13 avril 2014

Une souris et...Bennett, de la compétence interculturelle

Développer des compétences progressives sur les thèmes de l'expatriation, de la culture, de l'interculturel. Voilà un beau projet à mener dans ces temps où le chômage important en France peut inciter une personne demandeuse d'emploi à s'ouvrir à l'international. Cet article n'est que recopiage, une fois n'est pas coûtume. Après tout, l'écriture d'éléments purement recopiés est un outil pour apprendre.

Stéphane Talleux et Bertrand Fouquoire en parlent dans un des (nombreux) livres de la collection "la première fois" des éditions StudyramaPro, qui fournissent nombre d'ouvrages synthétiques et efficaces sur divers outils de travail à utiliser dans le cadre personnel ou professionnel. Leur sujet d'expertise: l'expatriation. Le thème du livre: "réussir ma première expatriation". Un des enjeux : anticiper le "choc" culturel. Pour cela, évaluer sa compétence interculturelle. Il est important de repérer où l'on en est de sa capacité à vivre dans une autre culture. La personne qui n'a pas éprouvé ce que recouvre la confrontation avec une autre culture peut minimiser ou maximiser son impact. Aussi, la génération Y (née depuis 1980) a vécu une entrée progressive dans l'international. A l'origine de cela: les classes européennes et leurs échanges scolaires, le programme ERASMUS, les stages à l'étranger imposés en post-bac. Mais aussi les réseaux sociaux, car ils permettent la gestion de liens nombreux et faibles en investissements de temps. On conserve les liens avec les personnes qui déménagent en France ou à l'étranger. Le Schéma chez les X était de s'expatrier pour une entreprise. A 25 ans, on pouvait se retrouver à travailler au Japon, sans avoir fait ses armes dans un pays européen. Les Y ont construit progressivement leur compétence interculturelle : d'abord dans des pays proches culturellement au collège (Angleterre, Allemagne, Espagne), puis dans des pays européens plus éloignés, pour aborder ensuite les autres continents. "Dans mon parcours d'ouverture et de découverte du monde, j'ai procédé par étapes : chaque étape me prépare à l'étape suivante. Je pense qu'il est difficile d'entrer en contact avec les locaux dès la première expérience. La démarche est progressive. Mais ce n'est qu'en se retournant qu'on se rend compte que chaque étape a permis la suivante. Je conseille de s'inscrire progressivement dans une démarche de mobilité internationale. J'ai commencé à Londres par échanger avec des gens qui ont voyagé. J'ai profité de leur expérience. J'ai réalisé que ce n'est pas sorcier, ce qui a enclenché mon départ. Je me souviens avoir été ébahie par une fille partie en Amérique du Sud et qui avait trouvé un travail très sympa là-bas : elle avait été obligée de trouver quelque chose car elle n'avait plus d'argent. En fait, quand tu es ouverte, et que tu te retrouves dans une situation d'inconfort, tu te mets à chercher et tu trouves. La plupart de ceux qui hésitent pour s'expatrier ne savent pas par quel bout prendre ce projet de partir. ça les fait rêver mais c'est finalement trop de remise en question", indique Justine, 24 ans. L'inscription dans une démarche de mobilité internationale a été directe pour une majorité de X, ce qui explique une mise sous contrôle et l'installation fréquente dans la bulle expatriée. Vigiliance chez les Y néanmoins : Erasmus est un premier pas, certes. Cependant, les conditions n'ont rien à voir avec un départ en solo à l'autre bout du Monde : le système Erasmus est une ouverture à un milieu de Y internationaux, non une intégration culturelle dans des conditions de travail avec des autochtones de toute génération. L'échelle de Bennett permet alors à toute personne d'évaluer son attitude dans une situation de confrontation à une autre culture (source: document de l'institut canadien du service extérieur, centre d'apprentissage interculturel)

BENNETT_SCALE2

Déni: le déni représente le plus bas degré d'ouverture face aux différences culturelles. On ignore tout simplement qu' elles existent, ou bien on les perçoit à un niveau très général : ce qui résulte d'un isolement physique ou social en rapport avec ces différences. En tant que telle, cette position représente l'ultime ethnocentrisme, où la propre vision du monde que l'on a, n'est jamais remise en question et est posée comme étant centrale à toute réalité. Une forme plus répandue de déni est ce que l'on nomme " l'esprit de clocher " ou une vision du monde plus ou moins étroite. Cet état d'esprit reflète un degré limité de contact avec les différences culturelles, ce qui se manifeste par de la gêne, ou par le fait qu'on trouve bizarre ce qui est différent. L'esprit de clocher se caractérise par l'utilisation de très larges catégories pour classifier les différences, ces larges catégories permettront aux différences d'être perçues de manière minimale et sans grand discernement. Un exemple d'une telle catégorie serait la reconnaissance que les Asiatiques sont différents des Occidentaux, sans reconnaître que les cultures asiatiques diffèrent entre elles. 

Défense: La défense, deuxième stade, représente un développement de la sensibilité par rapport au déni, parce qu'il est le résultat d'une perception assez forte des différences pour qu'elles soient menaçantes. La forme de défense la plus commune est celle du dénigrement des différences. On reconnaît généralement ce phénomène à l'élaboration de stéréotypes négatifs, où chaque membre d'un groupe culturel distinct se voit doté de caractéristiques indésirables qu'on voit doté à tout son groupe. Ce type de dénigrement est considéré ici comme un stade de développement et non comme un acte isolé. Une observation qui corrobore cette opinion est que les gens qui dénigrent un groupe en particulier sont également susceptibles de dénigrer d'autres groupes. Bien que le dénigreur puisse être mal informé, ce n'est pas l'ignorance qui explique sont attitude défensive, mais bien l'ethnocentrisme. Une autre forme du stade de défense est le postulat de supériorité culturelle. Plutôt que de dénigrer une culture, on présume simplement que sa propre culture est l'apogée de quelque projet évolutionnaire. Une telle manoeuvre insigne automatiquement à ce qui est inférieur un statut inférieur. C'est un stade où l'insécurité face aux différences est très grande, puisqu'elles laissent entrevoir la possibilité que notre culture ne soit pas la seule vision du monde possible. A une étape plus avancée de défense, on considère que les autres cultures sont tout simplement inférieures à la notre, sur un continuum dont nous sommes l'apogée.

Minimisation: ce troisième et dernier stade de fermeture face aux différences culturelles traduit un degré si intense d'expérience de la différence que l'individu qui le traverse cherche un refuge. Les personnes à ce stade recherchent une paix ou un confort qu'il est impossible de ressentir dans le stade de la Défense. A ce stade, on présuppose que toute l'humanité est régie par des principes communs de base qui guident les valeurs et les comportements. Les gens qui adoptent ce point de vue abordent généralement les situations interculturelles avec l'assurance qu'une simple conscience des patterns fondamentaux d'interaction humaine leur suffira pour assurer le succès de la communication. Un tel point de vue est ethnocentrique parce qu'il présuppose que les catégories fondamentales de comportement sont absolues et que ces catégories sont justement les nôtres ! Dans ce contexte, les différences ne sont que des variations sur un thème commun à toutes les cultures. A ce stade, les différences culturelles sont reconnues et tolérées jusqu'à un certain point. Par contre, ces différences sont perçues comme étant superficielles, ou comme pouvant constituer un obstacle à la communication. Cela se comprend du fait qu'à ce stade, on présume que la communication repose nécessairement sur un ensemble commun et universel de règles et de principes. Bien qu'à ce stade on démontre plus de sensibilité culturelle qu'aux stades précédents, on ne peut pleinement entrer dans la compréhension interculturelle comme le prétendent les gens qui traversent ce stade.

Acceptation: entre le stade de minimalisation et d'acceptation se fait un embrayage qui change radicalement l'attitude des gens face aux différences. Ce passage est marqué par une nouvelle manière de voir les cultures comme étant fluides et dynamiques, plutôt que rigides et statiques. Cette transition se  caractérise par un passage de la vision des différences comme des choses à la vision des différences comme des processus. D'un point de vue ethnorelativiste, les gens n'ont pas un comportement mais plutôt ils se comportent. Plus profondément, les gens n'ont pas de valeurs, mais plutôt ils valorisent quelque chose. Cette réinterprétation subjective permet d'éviter une vision statique de la culture telle que définie par Hall. A ce stade, les gens sont également perçus comme étant en quelque sorte co-créateurs de leur propre réalité. Cette vision de la réalité culturelle comme à la fois consensuelle et muable (en mouvement) constitue la base de l'ethnorelativisme, et est donc nécessaire à un plus grand développement de la sensibilité interculturelle. Il est possible à ce stade de concevoir d'autres cadres de référence culturelle que le nôtre, bien qu'on ne les comprenne pas toujours dans toute leur complexité. Les gens qui sont au stade de l'acceptation cherchent à explorer les différences et ne les perçoivent plus comme menaçantes. Ils acceptent le fait que des gens puissent avoir des cadres de référence culturels différents des leurs, et se réjouissent de ce fait. On les reconnaît à leur questionnement avide des gens de l'autre culture, qui traduit une volonté réelle de s'informer, et non pas de confirmer des préjugés. Le stade de l'acceptation souligne une ouverture dans sa vision des différences. Le mot-clé de ce stade est connaître ou apprendre.

Adaptation: accepter les différences culturelles comme non-figées permet d'y adapter son comportement et sa pensée. La capacité de modifier temporairement sa vision habituelle des choses constitue le coeur de la communication interculturelle. En contexte interculturel, changer ainsi sa façon de traiter la réalité témoigne d'une augmentation de la sensibilité culturelle. La forme la plus commune d'adaptation est l'empathie. L'empathie implique un changement temporaire des cadres de référence, où l'on perçoit des situations comme si l'on était l'autre personne. Lorsque cette autre personne utilise une vision du monde passablement différente de la notre, l'empathie se rapproche d'un changement de vision culturelle. Généralement, l'empathie est partielle, s'étendant seulement aux domaines pertinents à la situation de communication. Le comportement empathique se manifeste par des actions qui sont plus appropriées dans la culture cible que dans sa propre culture. Ces actions peuvent être simplement mentales,tel que le fait de formuler des questions acceptables, ou elles peuvent inclure la capacité de générer des comportements verbaux et non-verbaux coordonnés qui sont perçus comme étant appropriés par un membre de la culture cible. Adaptation aux différences culturelles suit l'Acceptation et souligne un changement au niveau de manières d'agir des personnes. Les gens qui traversent ce stade comprennent le cadre de référence de l'autre culture et sont capables d'agir en conséquence : ils sont en mesure d'empathiser avec les gens de l'autre culture. A ce stade avancé d'adaptation, les gens sont des pluralistes culturels, puisqu'ils sont capables de fonctionner dans plus d'un cadre de référence culturel. Ils sont devenus capables de faire spontanément le décodage des normes et valeurs qui expliquent un comportement dans sa logique culturelle. Le pluralisme culturel peut être également vu comme une capacité devenue habituelle d'empathiser. En résumé, l'adaptation aux différences en tant que stade de développement de la sensibilité interculturelle se traduit par l'habileté d'une personne à agir de façon ethnorelative. Cette habileté d'agir hors de son cadre culturel est basé sur une vision dynamique des différences, et est au coeur de la communication interculturelle. D'autres formes de comportements adaptifs, telles l'assimilation ou le pluralisme né de long séjours en cultures étrangères, peuvent sembler de la sensibilitéinterculturelle, mais en soi, elles relèvent plutôt d'une forme de mimétisme et n'ont pas la base développementale nécessaire à l'ethnorelativisme. Ce stade traduit un sentiment de sécurité par rapport à sa culture d'origine : on peut s'adapter sans se sentir menacé. Le mot-clé de ce stade est comprendre.

Intégration: l'intégration est le dernier stade d'ouverture face aux différences culturelles. C'est le sens qui sous-tend la description qu'Adler fait de la personne multiculturelle : cette personne n'est pas simplement la personne sensible à plusieurs cultures différentes. C'est plutôt la personne qui est constamment en train de devenir une partie de et qui se sent en même temps en dehors d'un contexte culturel donné. Elle se développe seulement après des séjours prolongés dans plusieurs endrois où l'on est mis en contact avec d'importantes différences culturelles. Dans le langage de ce modèle, une personne qui a intégré la différence est celle qui peut percevoir les différences en tant que processus, qui peut s'adapter à ces différences et qui, en plus, peut définir sa culture de plusieurs façons différentes. Une aptitude de la sensibilité culturelle à ce stade est l'habileté d'évaluer un phénomène en regard d'un contexte culturel donné. Cette aptitude, appelée évaluation contextuelle, permet de reconsidérer les jugements qu'on avait suspendu au stade de l'acceptation sans toutefois tomber dans l'ethnocentrisme. C'est en regard de tel ou tel cadre de référence culture qu'on évaluer les actions. La même action peut donc être jugée potentiellement " bonne " (culture A) ou " mauvaise " (culture B). En termes d'éthique individuelle, cela implique que les actions sont évaluées par rapport à un contexte culturel qu'on a soit même établi. A ce stade, l'individu intègre plusieurs cadres de référence dans sa propre manière d'être. Son système de valeur est extrait de ces différents cadres culturels, mais il n'en adopte aucun tout entier. Le fait qu'une personne ne s'identifie de manière absolue à aucune autre culture peut être positif. Cette marginalité constructive peut devenir un précieux outil en médiation culturelle. A ce point culminant de la sensibilité interculturelle qu'est le stade de l'intégration, une personne vit les différences culturelles comme un aspect essentiel et réjouissant de la vie.

Stratégies d'évolution d'un stade à un autre: Bennett propose aussi des stratégies d'évolution afin de favoriser les transitions d'un stade au suivant. En voici un résumé. Du déni vers la défense : une prise de conscience des différences ; De la défense à la minimisation : dépolariser les jugements négatifs, introduire les aspects positifs communs à toutes les cultures, voir les similitudes ; De la minimisation à l'acceptation : se rendre compte de l'importance des différences culturelles ; De l'acceptation à l'adaptation : encourager l'exploration intensive et la recherche (questionner pour connaître l'autre cadre culturel) ; De l'adaptation à l'intégration : tout ce qui permet de développer sa capacité d'empathie avec l'autre culture ainsi que sa capacité de communiquer interculturellement ; de l'intégration sans désintégration : préciser ou définir un cadre d'éthique personnel, servir de médiateur culturel où le fait de ne s'identifier complètement à aucune culture en particulier sera considéré comme un atout et non une faiblesse.

Maintenant,il ne reste plus qu'à utiliser cette échelle pour continuer à mûrir cette compétence et alimenter ce blog en présentant des anecdotes vécues ou entendues !

30 novembre 2013

Une souris et...Louis Autar, Suriname, années 60

Louis Autar ne m'est pas connu, peut-être n'est-il même plus de ce monde, mais la lecture récente d'une publication sur les effets létaux et non létaux de la prédation des tortues marines adultes m'invite à écrire de nouveau sur ce thème. Voilà 4 ans que je suis rentré de Guyane, mais la magie d'internet ou des livres me permet de continuer à mûrir ma connaissance et compréhension du plateau des Guyanes, qui va du Vénézuela au Nord du Brésil. Un des outils de travail très utile est l'acquisition d'un niveau d'anglais bilingue (dans le sens : non-gênant dans aucune situation), qui donne accès à une multitude d'études et ouvrages de grande qualité sur la région. L'expérience bénévole de l'époque, 4 mois sur le projet de conservation des tortues marines géré par l'association Kwata en 2009 me permet aussi de continuer, petit à petit, à apprendre sur la conservation de ces espèces. Non pas que j'en ai besoin dans mes activités quotidiennes depuis 4 ans, mais c'est un sujet intéressant car il touche à la fois à des espèces emblématiques des mers et océans, à des enjeux écologiques importants pour les habitants des littoraux, et à des problématiques internationales, certains specimens de tortues luth se retrouvant sous des lattitudes variées. Et puis, en tant qu'adhérent "passif" de l'association Kwata, qui met en oeuvre le programme de conservation des tortues marines au niveau de l'île de Cayenne, il est intéressant de lire ponctuellement quelques publications scientifiques produites soit par l'association, soit par d'autres structures...d'autant plus qu'il est possible de bien visualiser les expériences décrites.

MARINE TURTLES

Suivi télémétrique de 16 tortues vertes sur le plateau des Guyanes par le WWF, 2012

Ces lectures ont aussi l'utilité professionnelle de maintenir des compétences qui s'en iraient au fond du tiroir, du fait de l'obligation de spécialisation poussée générée par le marché du travail: les métiers de l'ingénierie de l'environnement, comme beaucoup d'autres, nécessitent de se spécialiser pour pouvoir obtenir des projets et financements dédiés; toutefois, le bénévolat associatif est un formidable outil pour s'ouvrir à de nouvelles thématiques et développer des compétences permettant d'agrandir son employabilité. Ainsi, comprendre progressivement comment est mis en oeuvre un programme de conservation de la Nature ainsi que les méthodes et technologies utilisées ne servira pas à mon champ de compétences actuel, mais pourra peut-être un jour être utile professionnellement, qui-sait ! La vie professionnelle est encore très longue, quand on est en début de trentaine...

Pour en revenir à Louis Autar, c'est donc grâce à la magie d'internet et de l'anglais bilingue que je lisais, en cette pâle matinée du 30 novembre 2013, son retour d'expériences sur les attaques de tortues marines par les jaguars au Suriname. En fait, son expérience est relatée ici, mais, la trouvant stimulante, je la traduis sur ce blog.

Sea Turtles Attacked and Killed By Jaguars in Suriname

Louis Autar, 1994

Marine Turtle Conservation Program, Surinam Forest Service, P. O. Box 436, Paramaribo, Suriname

" En 1963, la plage Bigisanti dans la réserve naturelle Wia Wia, au Suriname, était un site de ponte de quatre espèces de tortues marines: verte (Chelonia mydas), luth (Dermochelys coriacea), olivâtre (Lepidochelys olivacea), et imbriquée (Eretmochelys imbricata). En août de cette année, Je suis allé à Bigisanti durant une semaine. Là, je découvris trois tortues mortes: deux vertes et une luth. Elles avaient été tuées par un jaguar. La tortue luth et une des tortues vertes avaient été tuées depuis environ une semaine, mais l'autre tortue verte était encore fraîche. Je remarquais que la dernière carcasse était entourée d'urubus noirs, et que cette dernière tortue avait encore des oeufs dans son ventre. J'étais curieux, et sortis les oeufs du ventre de la tortue verte. Alors que j'avais sorti l'ensemble des oeufs dans un sac, les vautours s'envolèrent soudainement. Je me demandai ce qui avait effrayé les oiseaux. Lorsque je me retournai, je vis un jaguar (Panthera onca) me regardant à deux mètres. Alors que j'étais accroupi, je me sentis piègé. Je laissai le sac rempli d'oeufs et me déplaçai centimètre par centimètre. J'étais chanceux de voir que le jaguar resta où il était, mais il continua à me regarder alors que je reculais. La plage était d'une largeur de 60 mètres, et quand j'étais à environ 5 mètres du jaguar, Je bondis et courus vers la mer. Après environ 1h30, je retournais vers la tortue morte. Je fis beaucoup de bruits, mais le jaguar apparu encore. Après avoir attrapé le sac d'oeufs, je courus en direction de mon camp. 

Pendant plusieurs années après l'incident, j'ai enregistré le nombre de tortues mortes attaquées et tuées par les jaguars sur les plages du Suriname. (n/r = not recorded that year):

MARINE TURTLES COUNT

Comptage des attaques de tortues marines par les Jaguars sur les sites de ponte du Suriname, par Louis Autar Krapé: verte ; Aitkanti: luth; Warana: Olivâtre

Je suis certain que des morts additionnelles ont eu lieu en 1973; toutefois, les carcasses n'ont jamais été trouvées. 

Le problème est persistant. Henri Reichart (Conseiller Technique Senior, Suriname Forest Service) a compté 13 tortues vertes tuées sur la place Galibi (est de Bigisanti) dans l'intervalle de quelques jours en 1980. De 1980-1981, environ 200 vertes de trois ans furent tuées et mangées par deux jaguars, un mâle et une femelle. En l'espace de quelques semaines après avoir découvert cela, les deux jaguars furent tirés et tués. La décision de tuer un jaguar n'est jamais facile, mais parfois il n'y a pas de choix. Les jaguars sont protégés des chasseurs au Suriname et leurs populations sont considérées comme en bonne santé."

12 juin 2013

Une souris et...Kathrin, immergée en culture francophone

Kathrin était volontaire sur le chantier international de Guissény, dans le Finistère Nord, en juillet 2010. A l'heure d'Internet et de ses réseaux sociaux, il est facile de garder contact, et c'est en Suisse, à Lausanne, que je la revois en cette journée d'automne 2012. Allemande de nationalité, elle est maintenant en échange Erasmus à l'Université de Lausanne (UNIL), dans le champ des langues étrangères et de la traduction. A 21 ans, elle parle couramment l' Allemand, le Français et l'Anglais. Nous reparlons de ce volontariat à Guissény, et des stéréotypes qu'elle pouvait avoir des français: arrogants, fiers, fermés à l'apprentissage d'autres langues, systématiquement en grève. La France était alors associée à la gastronomie, la baguette, le croissant, le vin, Paris, la tour Eiffel, les châteaux. Par définition, les stéréotypes constituent un ensemble de traits censés caractériser ou typifier un groupe, dans son aspect physique et mental, et dans son comportement. Cet ensemble s'éloigne de la réalité en la restreignant, en la tronquant et en la déformant. L'utilisateur du stéréotype pense souvent procéder à une simple description, en fait il plaque un moule sur une réalité que celui-ci ne peut contenir. Le stéréotype est simplication: la réalité est simplifiée avec pour résultats non pas une clarification mais une mise à l'ombre d'éléments essentiels à la compréhension. Le stéréotype est aussi généralisation: un individu appartenant au groupe cisé se verra appliquer d'office le même schéma de comportement, de mentalité, de qualités ou de défauts. Stéréotyper revient à utiliser le même concept ou groupe de concepts pour définir les éléments d'une catégorie, sans se soucier des exceptions ou se demander dans quelle mesure le contenu du stéréotype ne s'appliquerait pas justement aux exceptions elles-mêmes. Stéréotyper est ainsi un comportement particulièrement dangereux, une supposition sur un groupe de personnes ne correspondant souvent à aucune réalité.

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Kathrin "de la digue"

Dans le cadre d'un de ses cours à l'UNIL, Kathrin doit tenir à jour un journal d'observation, dont le but est consigner ses expériences de la vie quotidienne en milieu francophone: quelque-chose de culturel étonnant, problématique, incompréhensible, amusant etc. Il lui est demandé de décrire de façon aussi précise que possible la date, le contexte général, la situation exacte etc; et de noter ses réflexions, interrogations et hypothèses. Son lieu d'observation: le métro de Lausanne: "j'ai choisi le métro pour faire des observations et révéler des règles implicites. Le métro est un lieu où les gens sont confrontés à une situation de rencontre avec des gens inconnus. Ils sont souvent proches des autres, plus proches par exemple que dans un café ou dans un restaurant. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi le métro. En plus, je prends souvent le métro et pour cela je trouve qu'il est intéressant d'observer un lieu auquel je ne fais normallement pas attention." Kathrin continue: "j'ai pris le métro M1 au Flon pour aller à Renens-Gare. Puis, je suis restée dans le métro pour aller dans l'autre direction. Beaucoup de gens ont lu, d’autres ont écouté de la musique par leur lecteur MP3 ou ont écrit des messages par leur portable. Il y avait des gens qui ont parlé, mais ils n'ont pas parlé d'une voix forte. Certes, parfois les regards des gens se sont croisés, cependant ils n'ont pas regardé dans les yeux de l'autre pendant longtemps. C'est pour cela que je pense que la règle implicite la plus importante dans le métro est de ne pas déranger les autres voyageurs. Toutes les choses qui pourraient déranger quelqu'un sont évitées par les gens, elles sont « interdites »  par les règles implicites : crier, courir, fixer quelqu'un avec des regards ce qui est considéré comme impoli ici. Au cas où il y avait des gens devant la porte, ils se sont écartés quand quelqu'un d'autre voulait sortir. Quand le métro s'est arrêté et les portes se sont ouvertes, les gens sur le quai ont laissé sortir les gens dans le métro. Je pense donc que les voyageurs sont « obligés » de faire attention aux autres. En outre, les gens ont parlé seulement aux gens qu'ils connaissent déjà, ils n’ont pas parlé aux inconnus. J'étais assise sur une place au milieu d'une rangée de trois places avec une rangée identique de trois places libres juste en face. Le premier qui est entré a choisi une place de la rangée en face. C'est pour cela que je pense que chaque personne qui entre toute seule dans le métro reste seule."

L'apport d'une expérience de mobilité internationale dans le cadre d'un programme d'échange du type Erasmus, d'un volontariat ou d'un stage à l'étranger est qualifié et quantifié par plusieurs études, comme celle-ci, publiée par Behrnd et al. (2012). Des expatriations courtes d'un an, si elles sont conduites dans une démarche positive et constructive, permettent, lors d'un retour au pays, de pouvoir développer et intégrer nombre d'acquis liés à l'interculturel. Dans cette logique, il est alors intéressant de lire ce genre d'études, qui proposent qui plus est une revue de littérature en première partie. Ainsi, on y apprend donc que la compétence interculturelle est améliorée en s'expatriant pour des études ou des stages, de manière plus importante que d'autres compétences, telles que des compétences sociales ou personnelles. En s'expatriant, une personne améliore en général son auto-adaptation, ses prises d'initiatives et de décisions, ou encore sa flexibilité. D'autres études montrent qu'une expatriation d'un an apporte plus qu'une expatriation de quelques mois. Alors que le premier objectif de l'étudiant(e) s'expatriant dans le cadre de ses études est l'acquisition d'une langue étrangère, une fois installé dans un autre pays, les différences et nuances culturelles sont observées lors du socializing ou des colocations. Enfin, il est très intéressant de noter que plusieurs études soulignent une grande différence entre le fait de s'expatrier avec ou sans préparation. Du fait des challenges sociaux et psychologiques générés par une expatriation, certains auteurs mettent en avant le besoin de programmes de support et d'orientation pour les étudiants s'expatriant. Pour conclure, les expatriations d'un an peuvent permettre à des personnes novices de se lancer dans le développement d'une compétence puis une expertise sur l'interculturel...pour pouvoir mieux repartir !

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Une Souris et des Hommes
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