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Une Souris et des Hommes
mobilite internationale
23 octobre 2014

Suriname - Paramaribo, mobilités multiculturelles

Paramaribo. Une ville particulièrement méconnue en France métropolitaine, mais dont l'atmosphère m'aura quelque peu interpellée lors des trois petites journées passées en son centre en 2009. Il faut dire que le Suriname n'est pas une destination très touristique. Mais continuant à lire sur cette belle région du Monde qu'est le plateau des Guyanes, je dois dire que capitaliser sur cette micro-expérience touristique de mai 2009 est un petit bonheur que la toile permet d'alimenter. Par exemple par la lecture du site d'information anglophone sur le Suriname, Devsur : our story, by us. Et puis en plus des médias traditionnels, sites d'information ou livres, se cachent des publications et études plus techniques mais pas moins inintéressantes. Notamment, un article consacré à la ville, rédigé par H.J.L.M (Hebe) Verrest, une géographe néerlandaise spécialiste des villes de la région carribéenne. Mixant quelques éléments de son travail à des articles lus ici ou là, cet article présente quelques traits de cette ville atypique d'Amérique du Sud.

La capitale surinamaise, principal pôle économique, social, politique et administratif du pays, ressemble, malgré sa position en Amérique du Sud, davantage à une ville carribéenne qu'une ville sud-américaine. Le Suriname est localisé sur la côte nord du continent sud-américain, et la grande majorité de ses habitants (environ 500 000) sont localisés sur les côtes. De 1667 à 1975 le Suriname était une colonie hollandaise. Durant le 20ième siècle, la production de bauxite remplaça rapidement l'agriculture comme principale ressource économique. Le Suriname intensifia son autonomie à partir de 1954 et devient indépendant en 1975. La croissance et composition de Paramaribo reflète son histoire turbulente. Des habitants d'origine ethnique, sociales, géographiques et éducatives variées peuplent la capitale surinamaise. L'arrivée de groupe variés a ainsi changé la structure ethnique de la population de la capitale. Alors que les personnes créoles formaient 80% de la population surinamaise, cette proportion n'a cessé de diminuée jusqu'au recensement de 2004, comme le met en évidence la figure ci-dessous. Ce métissage croissant des habitants surinamais est un processus en cours, changeant régulièrement le profil de la ville.

Population Suriname

Xie Da, lui, est d'origine chinoise. Son histoire est raconté dans l'avant-dernier numéro d' Une saison en Guyane. "En 2002, à 32 ans, Xie Da a quitté son foyer dans la province chinoise du Fujian pour rejoindre le Suriname. Un ami lui avait parlé de bonnes affaires à saisir dans ce pays néerlandophone. Au début, ce fut très difficile de trouver un emploi, et les postes proposés étaient très mal payés. Xie a débuté dans un supermarché. Xie Da est ensuite intérrogé: "au début, j'ai travaillé très dur, ne gagnant que 80 dollars américains par mois, juste de quoi m'en tirer et payer mes appels téléphoniques en Chine. Rêvant d'une vie meilleure, Xie ne s'en est pas laissé abattre pour autant, il a alors quitté son emploi, et tenu tour à tour trois petits restaurants, ne connaissant le succès qu'avec le dernier. Puis il a lancé son propre supermarché. Persuadé que la vie au Suriname lui sourirait un jour ou l'autre ainsi qu'à sa famille, Xie n'a jamais cessé de prendre des risques. "Partout dans le monde, les migrants chinois ont d'abord recours au commerce de produits chinois bon marché comme moyen de survie, et finissent par accompagner la filière, tout en abandonnant les marché saturés et en évitant d'entrer en concurrence avec d'autres migrants chinois, selon le sinologue Tjon Sie Fat. Au fil des années, les magasins bon marché ont fait place à des établissements, restaurants, hôtels et casinos de grande envergure. "Avec le temps, ces migrants chinois finiront par s'éloigner de l'emplacement de leur première installation, essaimant d'abord autour de la périphérie de Paramaribo, puis vers les régions voisines fragiles sur le plan institutionnel et offrant les meilleures perspectives de marché : de la périphérie surinamaise à la Guyana, et à un degré moindre vers la Guyane française. La migration en chaîne est un modèle d'immigration selon lequel un migrant déjà installé recrute quelqu'un d'autre de sa région natale, habituellement un proche, pour venir travailler dans son entreprise. Sur place le nouveau migrant apprend les ficelles du métier tout en payant sa dette de parrainage, et éventuellement lance sa propre entreprise, recrutant à son tour de nouveaux migrants comme travailleurs. Selon Tjon Sie Fat, l'intrégration a opéré dans les deux sens. Depuis plus d'une décénnie maintenant, un marché chinois fonctionne dans la capitale Paramaribo, les nouveaux migrants ont amené de leurs nombreuses régions une grande variété de légumes, produits alimentaires et autres en-cas. "Prenez le marché chinois du dimanche, qui a été adopté par la population locale, la tolérance conduit à l'intégration, et dans ce cas, l'intégration conduit à la tolérance, créant un cercle vertueux".

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Marché chinois du dimanche, Paramaribo, mai 2009

Louis Autar n'est plus. Vous racontant ses quelques aventures dans un article précédent, je me demandais alors si j'étais capable de rentrer en contact avec lui via la toile...et c'est pourtant dans un vieux numéro de National Geographic de juin 2000 que j' en découvrais un peu plus sur ce feu spécialiste surinamien des tortues marines ! " Ainsi, la mère de Louis Autar a été amené "par contrat" depuis Java quand elle avait 15 ans. Récemment décédé, Louis était un spécialiste reconnu des tortues de mer géantes du Surinam. Il était né dans une plantation au bord de la rivière Commewijne appelée Het Vertrouywen (La confiance). Malgré ce nom prometteur, la vie des paysans n'avait rien de plaisant. Lors d'une visite chez lui, dans les faubourgs de Paramaribo, Louis m'a raconté sa jeunesse. Nous étions installé dehors, sur des chaises en plastique, et sirotions un soda à l'orange. Il parlait tantôt en hollandais, en anglais, tantôt en sranan tongo, une langue créole autant utilisée que le hollandais. " En 1917, après huit ans, ma mère a décidé de rester au Surinam et d'acheter trois lopins de terre. Elle avait réussi à économiser assez sur son salaire journalier d'un peu moins de 3 francs. Bien évidemment, ce n'était pas drôle tous les jours. On n'avait pas d'éléctricité et on ne buvait que l'eau de pluie. Je suis né à la saison sèche ; ma mère était obligé de me laver les dents à l'eau de mer." Louis était bon élève, mais ses parents n'avaient pas les moyens de l'envoyer au lycée. A 14 ans, il part s'installer sur la côte et s'improvise braconnier ; il dérobe les oeufs des tortues luths pour les revendre aux Javanais de Paramaribo, qui en sont très friands. Des années plus tard, il se fait prendre par les Hollandais. le jour même de son arrestation, les autorités lui proposent de travailler au Service des forêts, un des meilleurs, en ce temps-là, d'Amérique du Sud. Ils n'en revenaient pas que je connaisse si bien les tortues de mer, se rappellet-il. Protéger ces oeufs était largement plus lucratif que de les revendre illégalement. le Service m'a donné de l'argent pour construire un vivier. En tout, j'ai remis 16000 de ces tortues à la mer. Après l'indépendance, quand les militaires ont pris le pouvoir, on m'a coupé les fonds. Avec la montée de la mer, mon vivier n'est plus qu'un remblais de boue."

Un élément est également expliqué par Hebe Verrest: Paramaribo se compose de différents quartiers ou mixités sociale et ethnique sont fortes, sans réelles zones de non-droit et autres aires à totalement éviter. Même pour les touristes ?

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12 juin 2013

Une souris et...Kathrin, immergée en culture francophone

Kathrin était volontaire sur le chantier international de Guissény, dans le Finistère Nord, en juillet 2010. A l'heure d'Internet et de ses réseaux sociaux, il est facile de garder contact, et c'est en Suisse, à Lausanne, que je la revois en cette journée d'automne 2012. Allemande de nationalité, elle est maintenant en échange Erasmus à l'Université de Lausanne (UNIL), dans le champ des langues étrangères et de la traduction. A 21 ans, elle parle couramment l' Allemand, le Français et l'Anglais. Nous reparlons de ce volontariat à Guissény, et des stéréotypes qu'elle pouvait avoir des français: arrogants, fiers, fermés à l'apprentissage d'autres langues, systématiquement en grève. La France était alors associée à la gastronomie, la baguette, le croissant, le vin, Paris, la tour Eiffel, les châteaux. Par définition, les stéréotypes constituent un ensemble de traits censés caractériser ou typifier un groupe, dans son aspect physique et mental, et dans son comportement. Cet ensemble s'éloigne de la réalité en la restreignant, en la tronquant et en la déformant. L'utilisateur du stéréotype pense souvent procéder à une simple description, en fait il plaque un moule sur une réalité que celui-ci ne peut contenir. Le stéréotype est simplication: la réalité est simplifiée avec pour résultats non pas une clarification mais une mise à l'ombre d'éléments essentiels à la compréhension. Le stéréotype est aussi généralisation: un individu appartenant au groupe cisé se verra appliquer d'office le même schéma de comportement, de mentalité, de qualités ou de défauts. Stéréotyper revient à utiliser le même concept ou groupe de concepts pour définir les éléments d'une catégorie, sans se soucier des exceptions ou se demander dans quelle mesure le contenu du stéréotype ne s'appliquerait pas justement aux exceptions elles-mêmes. Stéréotyper est ainsi un comportement particulièrement dangereux, une supposition sur un groupe de personnes ne correspondant souvent à aucune réalité.

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Kathrin "de la digue"

Dans le cadre d'un de ses cours à l'UNIL, Kathrin doit tenir à jour un journal d'observation, dont le but est consigner ses expériences de la vie quotidienne en milieu francophone: quelque-chose de culturel étonnant, problématique, incompréhensible, amusant etc. Il lui est demandé de décrire de façon aussi précise que possible la date, le contexte général, la situation exacte etc; et de noter ses réflexions, interrogations et hypothèses. Son lieu d'observation: le métro de Lausanne: "j'ai choisi le métro pour faire des observations et révéler des règles implicites. Le métro est un lieu où les gens sont confrontés à une situation de rencontre avec des gens inconnus. Ils sont souvent proches des autres, plus proches par exemple que dans un café ou dans un restaurant. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi le métro. En plus, je prends souvent le métro et pour cela je trouve qu'il est intéressant d'observer un lieu auquel je ne fais normallement pas attention." Kathrin continue: "j'ai pris le métro M1 au Flon pour aller à Renens-Gare. Puis, je suis restée dans le métro pour aller dans l'autre direction. Beaucoup de gens ont lu, d’autres ont écouté de la musique par leur lecteur MP3 ou ont écrit des messages par leur portable. Il y avait des gens qui ont parlé, mais ils n'ont pas parlé d'une voix forte. Certes, parfois les regards des gens se sont croisés, cependant ils n'ont pas regardé dans les yeux de l'autre pendant longtemps. C'est pour cela que je pense que la règle implicite la plus importante dans le métro est de ne pas déranger les autres voyageurs. Toutes les choses qui pourraient déranger quelqu'un sont évitées par les gens, elles sont « interdites »  par les règles implicites : crier, courir, fixer quelqu'un avec des regards ce qui est considéré comme impoli ici. Au cas où il y avait des gens devant la porte, ils se sont écartés quand quelqu'un d'autre voulait sortir. Quand le métro s'est arrêté et les portes se sont ouvertes, les gens sur le quai ont laissé sortir les gens dans le métro. Je pense donc que les voyageurs sont « obligés » de faire attention aux autres. En outre, les gens ont parlé seulement aux gens qu'ils connaissent déjà, ils n’ont pas parlé aux inconnus. J'étais assise sur une place au milieu d'une rangée de trois places avec une rangée identique de trois places libres juste en face. Le premier qui est entré a choisi une place de la rangée en face. C'est pour cela que je pense que chaque personne qui entre toute seule dans le métro reste seule."

L'apport d'une expérience de mobilité internationale dans le cadre d'un programme d'échange du type Erasmus, d'un volontariat ou d'un stage à l'étranger est qualifié et quantifié par plusieurs études, comme celle-ci, publiée par Behrnd et al. (2012). Des expatriations courtes d'un an, si elles sont conduites dans une démarche positive et constructive, permettent, lors d'un retour au pays, de pouvoir développer et intégrer nombre d'acquis liés à l'interculturel. Dans cette logique, il est alors intéressant de lire ce genre d'études, qui proposent qui plus est une revue de littérature en première partie. Ainsi, on y apprend donc que la compétence interculturelle est améliorée en s'expatriant pour des études ou des stages, de manière plus importante que d'autres compétences, telles que des compétences sociales ou personnelles. En s'expatriant, une personne améliore en général son auto-adaptation, ses prises d'initiatives et de décisions, ou encore sa flexibilité. D'autres études montrent qu'une expatriation d'un an apporte plus qu'une expatriation de quelques mois. Alors que le premier objectif de l'étudiant(e) s'expatriant dans le cadre de ses études est l'acquisition d'une langue étrangère, une fois installé dans un autre pays, les différences et nuances culturelles sont observées lors du socializing ou des colocations. Enfin, il est très intéressant de noter que plusieurs études soulignent une grande différence entre le fait de s'expatrier avec ou sans préparation. Du fait des challenges sociaux et psychologiques générés par une expatriation, certains auteurs mettent en avant le besoin de programmes de support et d'orientation pour les étudiants s'expatriant. Pour conclure, les expatriations d'un an peuvent permettre à des personnes novices de se lancer dans le développement d'une compétence puis une expertise sur l'interculturel...pour pouvoir mieux repartir !

31 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (2)

Partie 2 : des habitants. "Notre association intervient également dans le champ du patrimoine. Nous considérons celui-ci comme l'ensemble des biens d'une collectivité, d'un groupe social ou de l'humanité considéré comme un héritage commun et universel. Les chantiers réalisés par les volontaires sont le seul lieu où Concordia s'investit dans ce champ d'action.(...) Parfois cette action sur le patrimoine concerne l'aménagement des espaces qui l'entourent. Nous trouvons dans ce type d'actions le lieu idéal où se rencontrent le projet d'une communauté locale et notre projet international, permettant ainsi aux volontaires, et à la population qui les accueille, de se rendre compte immédiatement de l'impact de leur action dans un milieu donné". Cet extrait du projet éducatif de l'association Concordia l'évoque: un chantier de bénévole doit se réaliser, dans l'idéal, en lien avec la population locale du territoire sur lequel il se déroule. Le site Natura 2000 de Guissény, comme tout site naturel, est connu de tous, aimé de certains, et activement géré par d'autres: ingénieurs gestionnaires, acteurs associatifs, habitants, agriculteurs etc. La gestion d'un site naturel prend alors davantage de sens, celui de relier l'habitant plus ou moins urbanisé à sa nature environnante.

Alors que le jour se lève, une Skoda arrive au club de voile de Guissény. Il fait beau, la mer est bleue et d'un pas calme et déterminé, Monsieur Boucher apporte quelques légumes aux volontaires fraichement encaféinés. l'Homme, fonctionnaire hydraulicien retraité et dynamique habitant du bourg, est accueillant et très motivé par le chantier. Il livre une explication remarquable sur le fonctionnement hydraulique du bassin hydrographique dans lequel se situe le site naturel. A ce moment, Michal, jeune tchèque de 19 ans, s'excuse au nom de son pays pour les nombreux problèmes que Mr Boucher a rencontré sur sa voiture: rire général.

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Un de ses fidèles compères se nomme Mr Roudaut, qui, s'il ne radotte pas, grimace un peu du regard et grogne un peu de la voix. Les deux forment une paire d'habitants motivés pour faire avancer la commune. Une bien bonne entente, autour d'un jardin partagé, par exemple. Mais ce monsieur là à une passion, qu'il fera découvrir aux volontaires: la soie. Un étage entier, pour fabriquer et traiter ce matériau précieux et méconnu. Des oeufs de diverses couleurs, d'un ton clair, offrent un mélange agréable à l'oeil.

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Dans ce bourg rural du Finistère Nord se situe également un professeur de dessin et artiste à ses heures de pause. A travers ses dessins, il alimente l'Histoire de Guissény et de son site naturel. Ailleurs, en centre-ville, une habitante demande: "y a t'il un Grec parmi vos volontaires ?" Lisette a en effet vécu une année dans ce pays, il y a longtemps, et aurait été ravi de croiser une personne de là-bas. Ses racines sont à Guissény, et elle se dit d'origine celte, bretonne de coeur, française par annexion, et européenne pour l'égalité de peuples. Son engagement s'est fait notamment par la création d'une association ayant oeuvré pour la connaissance et l'éducation à l'environnement autour de ce site naturel qu'elle a vu évoluer négativement au fil des décennies. Et à travers ses échanges avec les volontaires, on apprend à connaître le site, et ce qu'il représentait pour certains à l'époque de la guerre des boutons. Alors qu'ailleurs, les enfants fumaient des lianes, ici, Lisette et ses copains fumaient du crottin de cheval, pendant qu'ils gardaient des vaches. Et puis Mr Marhadour, lui, était ouvrier sur la tourbière, qui dans le temps, était exploitée pour le pouvoir calorifique que possède la tourbe. Cette exploitation se faisait à l'aide d'outils spéciaux, après avoir coupé les roseaux des marais.Toutes ces personnes qui ont traversé la seconde moitié du 20ième siècle avec les progrès techniques qui ont transformé le Monde connaissent mieux que quiconque l'histoire et l'évolution des sites naturels qu'ils parcouraient enfants. Leur implication pour une gestion durable de ces mêmes sites qui serviront aux enfants d'aujourd'hui et de demain est une richesse. Car comme la revue "Terre Sauvage" le souligne dans un récent hors-série: la Nature est l'avenir de l'Homme.

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"La Nature est l'avenir de l'Homme" (Bon, en ce qui concerne les requins, murènes et méduses, on peut peut-être en rediscuter) Oceanopolis, Brest.

28 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (1)

Partie 1 : des habitats. Guissény. Ce nom vous est inconnu ? C'est assez normal ! Petit commune du Finistère Nord, elle n'est pas la plus touristique de la Bretagne. Et pourtant, qui sait apprécier la nature et la beauté d'un paysage authentique prendra grand plaisir à découvrir les plages et le site Natura 2000 aux multiples biotopes qui composent son territoire. Natura 2000 est un dispositif européen de gestion sites naturels d'importance européenne. A la différence d'une réserve naturelle où l'activité humaine se veut particulièrement restreinte, celle en lien avec un site Natura 2000 n'a pas pour vocation d'être nulle mais simplement d'être particulièrement soucieuse de la préservation des espèces.

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Guissény: un site naturel caractérisée par sa petite surface, sa grande diversité d'espèces et de milieux, et d'une situation de milieu récepteur d'un bassin versant à vocation agricole.

S'y trouvent une tourbière, un étang entourée d'une roseraie, une zone océanique riche, des prairies, un cordon dunaire à la flore particulière...le tout sur quelques km2. 

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Suki (Corée du Sud, 31 ans): "l'autochtone breton possède des techniques hydrauliques tout de même assez primitives: il vide l'eau de son bateau avec un seau et ne connait visiblement pas l'effet siphon"

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17 volontaires internationaux ont ainsi pu découvrir ce site splendide et comprendre quels enjeux se trouvent derrière la préservation de tels milieux tout en permettant une utilisation douce des terrains par l'Homme. L'une des problématiques environnementales les plus célèbres de France est la prolifération des algues vertes sur les côtes de Bretagne. une sujet sensible, où l'activité professionnelle des uns (les éleveurs de porcs notamment) agit sur celle des autres (les pêcheurs notamment), et éventuellement sur l'activité touristique de la région. Tamito, un japonais de 32 ans, a peut être trouvé la solution à ce problème: pourquoi ne pas développer des recettes de sushi ! Plus sérieusement, la prolifération d'algues, les dépôts de nombreuses tonnes de végétaux marins sur les plages, les risques de pollution et de toxicité de celles-ci (certaines espèces génèrent des toxines) sont un sujet sensible car réellement problématique.

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Dépôt d'algues sur la côte de Granit Rose, Côtes d'Armor

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Dépôt d'algues vertes sur une plage du Finistère Nord, août 2010

Le site Natura 2000 de Guissény offre donc une variété de sites naturels, de biotopes, particulièrement sensibles et dont la préservation est importante voire essentielle à l'échelle géographique de l'Europe. Cette zone littorale, comme beaucoup d'autres en France, est en effet potentiellement soumis à des contraintes foncières particulièrement fortes. Cela est bien sur une richesse, mais nécessite aussi des approches de travail et de gestion différentes d'un habitat à un autre. En revanche, la découverte de certaines espèces sensibles et protégées devient particulièrement riche pour le promeneur lambda. 

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Plante carnivore protégé dans un site tourbeux de Guissény

Ce promeneur, ce peut typiquement être l'un des habitants du village, dont certains, fin connaisseurs du site, deviennent des piliers pour le gestionnaire chargé de la mise en oeuvre du document d'objectif du site. Un site naturel, c'est ses habitats, mais aussi ses habitants ! Une petite présentation de certains d'entre eux sera pertinente....dans un prochain article !

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12 juin 2011

France/Rhône-Alpes/Ain: Anecdotes coréennes en France

la Haute-Chaîne du Jura est l'une des plus grande réserve naturelle de France, outre-mer compris. Réserve naturelle ? Comme son nom l'indique, cette terminologie désigne un territoire protégé à des fins de conservation de la nature. Conserver un environnement naturel est en effet une priorité en France, et l'Etat dispose pour cela d'un certain nombre d'outils réglementaires. Les réserves naturelles en font partie comme les parcs nationaux. La réserve naturelle de la Haute-Chaîne s'est construite au fil des années 70 et 80 à cette fin: protéger ce patrimoine paysager et naturel d'une grande valeur écologique et assurer la pérénnité d'un territoire soumis à une forte pression démographique. L'espèce symbole de la Haute-Chaîne est le Grand-Tétra, mais la valeur de la flore et de la faune ne se résume en aucun cas à cette unique espèce. Ces notions de protection du patrimoine naturel sont intéressantes à apporter à un groupe de volontaires internationaux, dont la plupart ne sont pas formés en gestion environnementale et ne connaissent presque rien à ces outils. Mais en plus d'une approche pédagogique lié à la réalisation d'un travail d'utilité publique par le groupe, le chantier de jeunes bénévoles permet aux personnes inscrites de vivre une expérience de vie assez puissante durant trois semaines, avec des personnes venant de 5 ou 6 pays différents, répartis sur plusieurs continents. Apprendre à gérer une réserve d'eau pluviale limitée pour tout le groupe. Se doucher à l'aide de douches solaires au milieu des épicéas. Marcher au milieu des vâches.

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C'est ce qu'une semaine en refuge au sein de la réserve peut faire vivre à une habitante de Moscou ou de Séoul. Sacré dépaysement ! Et le matin, travail pour dégager les arbres coupés par des agents de l'ONF, afin de laisser ouvert les habitats typiques des gélinottes et grand-tétras. Sans un habitat favorable, impossible à l'espèce de ce développer et à ses effectifs de rester stable ou en augmentation. C'est un peu cette problématique qui se retrouve dans les renaturation de cours d'eau: améliorer l'habitat sur le long-terme plutôt que repeupler une rivière chaque année. Et puis comme souvent, séjourner en refuge permet l'accès à des milieux protégés et à des paysages préservés. 

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Coucher de soleil dans le Jura français

La Haute-Chaîne sépare deux régions, deux départements, deux économies, deux manières de vivre. Le pays de Gex et le genevois d'un côté, la franche-comté et ses paysages agraires de l'autre. Le col de la Faucille permet le passage entre ces deux territoires, et l'ascencion de la haute-chaîne donne une vision panoramique exceptionnelle des environs.

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Vue sur les Alpes et le Jura depuis le Reculet, Haute-Chaîne du Jura

La plupart des personnes réalisant un chantier durant l'été ont entre 16 et 25 ans et ont plusieurs objectifs: valoriser un temps de vacances après un travail saisonnier et une année d'études. Rencontrer des jeunes internationaux, parler une langue étrangère et s'ouvrir sur le monde. Découvrir un territoire et ses habitants, en France ou à l'étranger. Beaucoup sont étudiants, certains sont déjà insérés dans le monde du travail. Certains viennent aussi parce que les politiques éducatives et internationales de leurs pays respectifs poussent à l'expatriation et à l'expérience internationale. C'est notamment le cas des étudiants coréens, dont le nombre explose sur ces chantiers internationaux, depuis 15 ans. Kayoung, en photo ci-dessous, exprime bien cette nouvelle mobilité de la jeunesse coréenne à travers le monde. En master de LEA, elle a préféré prendre une année de pause avant de terminer ses études, en venant vivre et voyager en Europe. Après quelques mois de travail à Séoul, c'est une série de quatre chantiers internationaux qu'elle a réalisé en 2010, en Europe du Sud. L'idée, progresser en anglais et mieux connaître les européens. Très utile, tant professionnellement que personnellement.

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Suki, rencontrée sur un autre chantier, en Bretagne, avait elle un autre objectif. A 31 ans, tenter l'aventure en partant 3 mois en Europe, seule, sans parler aucune langue du vieux continent, et sans jamais être sortie de Corée du Sud. Un challenge à relever, car sans aucune base en anglais, séjourner en Europe trois mois ne doit pas être si facile ! Brest, un matin, à la gare ferroviaire. Le soleil brille, un groupe de jeunes internationaux s'apprête à prendre le train, et d'un pas déterminé, Suki prononce au guichet, cette suite approximative de mots: "Moi, billet, Bénélux". Une tranche d'aventure! 

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8 janvier 2011

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Crozet

Save Lulu. Mot-clé d'un chantier de bénévoles qui a eu pour cadre de travail la haute-chaîne du Jura, massif surplombant le lac et qui délimite deux mondes bien différents. D'un côté, le pays de Gex, un des territoires du département de l'Ain, séparé du reste du département par le Fort l'Ecluse, et disposant d'une réelle identité culturelle de part son intime relation au canton de Genêve. De l'autre, le Jura, un des plus grands massifs calcaires de France, ses pâturages, son Parc Naturel Régional, sa zone Natura 2000, sa réserve naturelle...protéger les mille-pâtes se fait avec un mille-feuille ! Quoi que, des mille-pâtes, il en existe surement dans la réserve naturelle Haute-Chaîne du Jura, mais il ne s'agit pas de l'espèce emblêmatique du territoire. Non, qui dit Haute-Chaîne dit Grand Tétra ! Mais revenons à Lulu ; C'est un peu un emblême dans certaines parties du Monde maintenant, en Ukraine, à Moscou ou à Séoul. Et pour cause, de jeunes et dynamiques volontaires sont venus travailler dans les bas-monts de la Haute-Chaîne, dans le cadre de la gestion de ces habitats précieux à de nombreux égards.

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L'année 2010 était l'année de la biodiversité. Thème dont le matraquage médiatique peut fatiguer l'esprit et mettre aux oubliettes du citoyen lambda l'importance de sa préservation pour la pérénnité de tous. Car en plus d'une valeur intrinsèque, ce papillon ne pourrait-il pas un jour fournir la molécule salvatrice d'une épidémie de l'Homme ou de ses sources d'alimentation ? Et dans la prise en compte du développement pérenne d'un territoire, comment l'agriculture peut-elle rester viable si des lieux de pâtures gêrés de manière extensive ne subsistent pas au sein de celui-ci. La région des alentours de Genêve est, comme dans beaucoup d'autres villes du monde, soumise à une pression de l'urbanisation sans cesse croissante...une pression pour l'agriculture, qui se doit de garder des terres arables pour survivre, et que les réseaux de type AMAP soutiennent. Pression pour la biodiversité, car dans des régions ou l'habitat résidentiel est important, qu'en est il de la richesse écologique des jardins et autres parcs? Ici ou là-bas, des associations veillent à encadrer l'aménagement du territoire. LA FRAPNA, par exemple. Et puis, n'y a t'il pas des perceptions de la nature en ville à faire évoluer au sein des habitants urbains, de 7 à 77 ans. Prendre en compte le maintient et le développement de la diversité biologique en ville doit devenir un axe majeur dans les projets d'urbanisme et d'aménagements. Mais revenons à nos bas-monts...

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Ces habitats sont des pelouses sêches. D'un sol calcaire et sec et d'un ensoleillement important  découle une flore très riche avec des espèces méditéranéennes. Un habitat assez ouvert, et qui se doit de le rester pour maintenir une avifaune de valeur en Europe, telle que l'atteste la présence des pie grièche écorcheurs ou des alouettes Lulu. Ces sites possèdent également une valeur patrimoniale en tant qu'anciens sites de transhumance, et agricoles. Août 2010, le clocher de Crozet sonne l'heure du levé, et d'un pas éclairé, Kayoung et ses compères partent dans les bas-monts avec un objectif en tête: Save Lulu!

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Les chantiers de bénévoles (locaux ou internationaux), démarche fréquemment utilisée par les structures de protection du patrimoine naturel à des fins de travaux, d'animation et/ou de communication

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