France/Guyane - Excursion dans l'Ouest
Le paradis existe, il suffit d'ouvrir les yeux. Cette affirmation est particulièrement vraie lorsqu'on dors en Hamac au gîte Angoulême, sur la route de l'ouest guyanais, et qu'au petit matin une multitude de chants d'oiseaux réveille l'homme de passage pleinement assoupi au milieu de la forêt.
Coucher de soleil sur la forêt
Lever du jour sur la forêt
Cette forêt est toujours aussi envoutante et surprenante. Le gîte est un point de départ idéal pour une balade dans ses alentours, et c'est surveillé par le païpayo que nous nous y aventurons. un petit sentier, une rivière, des arbres majestueux, welcome to Amazony!
Le gite est sur une clairière aux nombreux arbres et arbustes fruitiers. Quant aux serpents collectionnés dans l'alcool, ils proviennent des alentours...
L'ouest, c'est aussi Saint-Laurent du Maroni et son marché aux multiples couleurs. Le marché le plus sympa que j'ai réalisé en Guyane, duquel on sent le Suriname. Il y a aussi ces petites cases sur le bord des routes, où des personnes, souvent bushinengés, vendent leur production de fruits et légumes. Puis, la route nous fait traverser Mana et nous fait arriver au bout de la Guyane, dans la commune amérindienne d'Awala-Yalimapo. Une petite commune aux habitations typiques, et un petit moment fort sympathique. L'ouest guyanais, c'est encore une autre saveur, qui se termine à Awala ou en remontant le Maroni, fleuve majeur de ce département et autre source de rencontres et de découvertes enrichissantes.
Vente de fruits sur le bord de la route, ouest guyanais
France/Guyane - Excursion sur le Maroni: retour à SLM
Levé à 6h30 pour redescendre le fleuve Maroni jusqu'à Saint-Laurent. C'est dans une atmosphère embrumée que je fais un dernier tour du kampoe où j'ai dormi. Une soirée étonnante durant laquelle j'aurai pu découvrir le ciel depuis l'Amazonie, un ciel d'une noirceur incomparable au ciel européen, et une chouette famille vivant ici.
Quelques minutes de préparation, un au-revoir chaleureux, et nous voilà repartis sur le fleuve, nous réveillant en même temps que la forêt embrumée...des images fortes, mes cinq sens sont réquisitionnés pour profiter de ce moments forts et de ce dépaysement complet...et ma tête...bien activée, comme mon appareil photo, pour mémoriser toutes ces images.
La descente continue, les heures passent, et différents endroits se prêtent admirablement bien à la photo: berges sauvages, jeux de lumière sur le fleuve, nids d'oiseau (de caciques en l'occurrence).
De belles images donc...puis après un retour à Apatou, un second d'arrêt sera là aussi très agréable et me permettra de rapporter un beau souvenir de ces trois jours: un copeau de bois ayant servi à la fabrication d'une pirogue. Le fond du bateau est constitué d'un seul et unique tronc, qui est vidé et brulé pour s'ouvrir davantage, ce qui permet d'y confectionner les parties latérales.
Arrivée à Saint-Laurent et photographie des épaves locales...
Ces trois jours m'auront permis de me rendre compte de la réalité de la vie sur les fleuves. le "les" inclut aussi le fleuve Oyapock qui fait office de frontière avec le Brésil, à l'est, et sur lequel se situent également quelques villages isolés. Le fleuve, une réalité différente du littoral. Une vie à laquelle la république française essaie d'appliquer sa devise "Liberté, Égalité, Fraternité"...mais cette mission soulève en chacun qui la vie une série de question de fond, sur la présence de l'État, sur le rôle que la république doit jouer et sur la multiculturalité. Ces deux personnes, d'une génération d'écart, sont ils libres sur le fleuve Maroni ?
Quelle définition faut il utiliser pour parler de cette notion fondamentale? Est-ce la liberté prônée par le modèle américain? Mardi, je dormais dans un petit hameau dépaysant du fleuve Maroni. Samedi après-midi, je regardais une fusée Ariane 5 décoller. Samedi soir, je rencontrais une femme péruvienne clandestine en boite de nuit. La mesure du temps pour une personne du fleuve est la journée...pour une personne du centre spatial, la mesure du temps est la seconde: en Guyane, plusieurs mondes se côtoient.
France/Guyane - Excursion sur le Maroni: Grand-Santi
Réveil à 7h00 après une nuit globalement peu reposante malgré le hamac de forêt haut de gamme que j'ai acheté. Le réveil est cependant très facile: le cadre de travail y contribue. Destination de la journée: la commune de Grand-Santi, prochaine commune du fleuve (voir localisation sur la carte dans le message précédent).
Trois heures après le départ, après avoir vu de nombreux campoe, en grande majorité sur le côté français, me voilà arrivé à Grand-Santi, commune de 3350 âmes approximativement. Il existe tout de même des équipements côté surinamais, par exemple cette école.
Le centre de la commune de Grand-Santi, le bourg, est assez semblable à celui d'Apatou quoi que peut-être plus propre. Quelques poules se baladent autour de certaines habitations, les oiseaux sont nombreux. De nouveau, le temps prend une toute autre valeur ici, comparée au littoral guyanais par exemple, ou encore plus, aux grandes villes européennes. Ici, tout est rythmé par le levé et la tombée du jour, ainsi que par l'arrivée et le départ des pirogues. Contrairement à Apatou, aucune piste de terre ne va à Grand-Santi.
Lors d'une discussion avec un directeur d'une école du village, certains chiffres me permettent de quantifier la poussée démographique guyanaise dans la commune, assez représentative de toutes les communes du fleuve. Dans cet exemple d'école, 4 classes d'enfants nés en 2003...soit une centaine d'enfants. Une autre école dans le bourg, soit 200 enfants. Des problèmes de non scolarisation et une école en voie de construction...au final, on s'approcherait de 300 enfants nés en 2003 dans la commune. Un autre chiffre m'interpelle: 24 nouvelles grossesses sont déclarés par mois à Grand Santi. 24 nouvelles grossesses ! Les besoins en termes d'équipements, notamment scolaires, sont énormes. Il me reste du temps entre la fin de ma mission et celle de mon collègue...j'en profite pour visiter le bourg. Je m'arrête manger à quelques pas de là, dans une petite piaule qui avec ces trois tables propose quelques repas, probablement de manière informelle. Je reprends mes notes et lors de mon départ, suis particulièrement surpris par le son fort d'un oiseau. A coup sûre, une sorte de perroquet, c'est bien connu dans mon village savoyard, les perruches et perroquets, ça à de la voix! En m'approchant de l' arbre, la curiosité s'estompe pour faire place à un sourire.
Un splendide Ara macao! A moitié domestiqué certes car appartenant à une voisine, mais tout de même en liberté dans le village. Oiseau grandiose, probablement un des plus beaux perroquets du monde et que je l'espère je verrais aussi à l'état entièrement sauvage lors de prochaines excursions. Puis vient 2 heures de pause et de découverte du bourg...
L'oiseau en cage ci-dessus est un Pikolèt. La possession de cet oiseau est une fierté, ici, en Guyane, et il n'est pas rare de voir un adolescent à bicyclette ou à vélomoteur tenant d'une main son guidon, de l'autre une cage avec l'oiseau; ou encore un adulte appuyé contre sa voiture discutant avec un groupe d'amis, et la cage posée sur le toit de la voiture; ou encore une cage avec l'oiseau, à l'entrée de magasins, comme ici. J'aurais l'occasion de vous reparler de cette tradition guyanaise, et de ses origines. Ballade dans le bourg, et observation des panneaux de signalisation.
Puis, départ en sens inverse et descente du fleuve en direction de Saint-Laurent. De nouveau, ces beaux paysages, ces grands espaces vierges et ce fleuve majestueux.
Arrive la fin de journée, et nous nous arrêtons alors acheter du poisson dans le même hameau que la veille...il est déjà tard. Nos piroguiers proposent de dormir ici...dans cet endroit très bien aménagé, très propre, avec une petite plage de sable blanc splendide et le fleuve. Je vais pouvoir passer une nuit avec cette famille, et échanger avec eux le temps d'une soirée.
Le début de soirée est consacré à un bon moment de détente: baignade et découverte de ces lieux et familles très accueillantes.
La vie de certaines personnes du fleuve se base sur la pêche, la chasse et l'agriculture sur abattis-brûlis. D'autres sont piroguiers et de vrais spécialistes de la remontée des fleuves guyanais, certains sont aussi partis vivre dans la ville du littoral, Saint-Laurent. C'est le cas du père de cette grande famille, qui a vécu plusieurs années à Saint-Laurent et, avec un peu d'argent en poche, est remonté construire sa maison sur le fleuve, loin de toute voie d'accès routière. Me voilà en Guyane, mais une autre, celle du fleuve, à des milliers de kilomètres de celle que j'ai connu jusqu'à présent. Après une petite baignade méritée, j'en profite pour m'écarter de quelques mètres à l'entrée de la forêt pour me changer...la nature me le rappelle vite: je ne suis pas chez moi. A deux mètres de moi, un serpent s'en va à vive allure. Environ 30 cm, d'un brun vert olive. Je ne le connais pas. Je sursaute, j'hésite, je m'arrête. Même si l'appareil est dans ma poche, je suis loin de tout, en sandale et short de bain: demi-tour immédiat, bien évidemment...J'en profite aussi pour photographier les systèmes de récupération de l'eau de pluie dans le village...le premier me laisse penser que leur dimensionnement est plus simple que lors de mes études ! Ici, la gestion de l'eau est facile dans tous les sens du terme: hormis l'eau de pluie, tout vient bien sur du fleuve et y repart. Cependant, une petite baraque du kampoue est tenue par un jeune qui y vent des boissons, telle que la Parbo, bière surinamaise.
2 systèmes de récupération de l'eau de pluie...
Vient alors le coucher de soleil, qui me permettra de tester mon appareil de boulot et faire de nouvelles prises de vue. Le coucher de soleil sur le fleuve Maroni est splendide, la couleur de l'eau métallique, le ciel étonnant, les bruits de la forêt qui commencent à entrer en résonance et à se multiplier...les moustiques aussi, je me protège complètement: ces lieux de vie en pleine nature sont des sites d'une forme potentiellement mortelle de paludisme...
La soirée avance tranquillement. Je goute à un repas entièrement guyanais et particulièrement bushinengé, avec au menu de la soupe bushinengé (composée de manioc notamment), en plat principal de l'atipa du fleuve, mais aussi un très beau kumaru d'au moins 30 cm (frère herbivore du piranha et poisson recherché pour sa chaire dans le haut-Maroni), un très bon gibier, l'agouti, avec des haricots rouges, du riz et du kwak, et en dessert des mangues. La suite de la soirée, je la passe assis à une table à écouter les habitants en sirotant un verre ou deux de Parbo, la bière des voisins. J'apprécie aussi ce moment par la contemplation du ciel amazonien, d'une noirceur incomparable avec le ciel français, environnements différents obligent...Ces moments sont forts, notamment car je sais que je n'aurais probablement jamais pu les vivre sans mon travail: la remontée du Maroni pour le tourisme coûte plusieurs centaines d'euros. Ce sont des moments authentiques ou la bonne humeur résonne avec un fond sonore de reggae.
France/Guyane - Excursion sur le Maroni: Apatou
"Bushinengé" ou "Noirs marrons"...noms surement peu connus en métropole. Petit cours d'histoire... A la fin du 17ième siècle, des esclaves noirs, employés au Surinam, l'ancienne Guyane hollandaise, profitèrent du désordre général pour se révolter et se réfugier dans la forêt. Cette fuite se nomme le marronnage. Elle a existé dans toutes les sociétés de plantations, mais ailleurs qu'au Surinam ces sociétés se sont fondues dans les sociétés créoles émergentes lors des abolitions de l'esclavage. Ainsi, les six groupes de Noirs marrons actuels sont les seuls à être demeurés intacts jusqu'à aujourd'hui. Le terme de Bushinengé signifie dans une de leur langue "hommes de la forêt"... En effet, les populations bushinengés actuelles vivent essentiellement dans des villages et campoe (une sorte de "hameau") le long du fleuve Maroni, des côtés surinamais et français, même si nombre d'entre eux ont gagné les villes du littoral, particulièrement Saint-Laurent du Maroni. Les Bushinengés, en particulier les Bonis, sont aussi les spécialistes des pirogues, qui permettent à toute personne de rejoindre les habitations seulement atteignables par le fleuve...et c'est donc en pirogue que dans un cadre professionnel, je réalise une première excursion sur le fleuve Maroni, le fleuve roi de la Guyane, frontière naturelle entre la Guyane et le Surinam. J'aurai le temps de visiter, durant les moments creux de ma mission, plusieurs petits villages.
Nous montons dans la pirogue, le moteur gronde et la magie opère. Une sensation d'aventure se dégage à travers ce moment de terrain particulièrement fort. Sur la photo de gauche, une île qui abritait dans le temps des bagnards malades de la lèpre.
Les paysages défilent...des oiseaux volent autour et sur le fleuve, parfois prêt de nous. A chaque approche de rive, je traque la moindre trace animale. Ils sont trop bien cachés pour moi et je n'en verrai pas. Puis, petit à petit, le nombre d'habitations et de campoe augmentent de part et d'autre du fleuve...et après un peu plus de deux heures, nous arrivons à Maïman, sur la commune d'Apatou.
Premier arrêt, forte sensation de dépaysement. Je m'approche des sites que je dois visiter et profite de chaque moment que m'offrent mes yeux pour apprécier ce paysage tellement différent de tout ce que j'ai pu voir auparavant.
Nous reprenons le chemin, ou plutôt le fleuve, voyons du monde sur les rives, comme ce petit groupe de jeunes nettoyant des chaises bleues, blanches et rouges. Dans le même temps, nous croisons d'autres pirogues, certaines redescendent de plus haut, des communes amérindiennes notamment, mais aussi du bourg (centre) d'Apatou, première commune ou nous nous arrêtons plus longuement. Voilà une carte la situant bien, sur le Maroni, à l'Est.
Nous voilà donc dans le centre de la première commune du fleuve Maroni. Dépaysement important. Des personnes nettoient leur matériel dans le fleuve. Le fleuve fait partie de leur identité, bien plus que les deux pays qu'elles côtoient. Ces personnes vivent avec et par le Maroni. Leur fleuve est leur vie, comme la montagne l'est pour certains savoyards.
Suite des visites programmées...Je réalise davantage les difficultés de la vie de tout les jours pour un enseignant fraichement débarqué: logements, forme potentiellement mortelle du paludisme, accès aux services de santé, seulement après plusieurs heures de pirogue. Dans le domaine de l'Education Nationale, le personnel manque sur le fleuve.
Alors que je discute avec une personne d'une école, une drôle de patte sort de la petite cage que j'avais remarqué dans un coin de la pièce...j'imaginais qu'il y avait je ne sais quel petit animal de compagnie. mais un splendide jeune paresseux en sort ! je m'en approche et le regarde monter méticuleusement l'étagère, à scruter toute prise possible. je lui caresse la bouille, je me permets, il me regarde et sa petite bouille est vraiment craquante. Ces animaux sont superbes très attachants. Celui là va peut être finir par appartenir à quelqu'un, malheureusement.
Je réalise les tâches qui m'ont emmené ici, puis profite d'un moment de pause pour le balader dans le bourg. C'est aussi le cas de nombreux mômes de la commune, qui rentrent chez eux.
Visites de sites terminée à Apatou. La remontée du fleuve continue...nous nous arrêtons acheter de la nourriture à un campoe, un endroit magnifique où je dormirai le lendemain. Nous nous approchons alors d'Apagui, une école sur une petite butte, là aussi splendide. Un beau cadre pour les élèves.
C'est ici que nous décidons de dormir. Nous posons le hamac, et j'en profite alors pour prendre quelques photos du coucher du jour. Je suis heureux de pouvoir prendre ces photos, ce coucher de soleil dans le cœur de l'Amazonie française.
Arrive alors l'heure du repas. J'ai dans mon sac deux oranges et deux boites de sardines..mais les piroguiers ont acheté leur repas et nous en proposent. De quoi s'agit il ? d'un poisson du même ordre (mais, après vérification, pas de la même famille) qu'un célèbre poisson des aquariums d'eau douce tropicale que l'on rencontre en métropole. Un poisson très recherché en Guyane par les personnes créoles, noirs marrons et amérindiennes. Ainsi, pour résumé, j'ai le choix entre manger des sardines en boite, ou les frères guyanais du...pléco! Le poisson le plus prisé est l'atipa du fleuve, avec une réelle carapace, à la couleur uniforme sur la photo.
Le repas est très typique. Je déguste l'atipa avec du kwak, un des aliments de base de la cuisine de Guyane, fait à partir de la racine de manioc. Malgré un peu de réticences, j'enlève sa carapace préhistorique et déguste sa chaire, delicieuse. Belle soirée au coeur de l'Amazonie, à discuter avec les piroguiers sous un fond sonore de reggae jamaicain. Des images de coucher de soleil, en forêt amazonienne, une nuit en hamac, des nouvelles découvertes culinaires et des échanges enrichissants: un des moments forts de mes trois premiers mois en Guyane.
Bonnes fêtes à tous. J'espère qu'elles se dérouleront dans la paix et le bonheur.
France/Guyane - Week-end aux Transamazoniennes
La Guyane est un territoire relativement enclavé et surtout peuplé le long du littoral, où les trois principales villes, Cayenne et Kourou à l'est, et Saint-Laurent-du-Maroni à l'ouest, se trouvent. Les trois villes ont une ambiance propre, Kourou étant la ville du centre spatiale, Cayenne regroupant les administrations et Saint-Laurent une ville frontalière avec le Suriname. Saint-Laurent est également à la source d'un festival au nom évocateur, les Transamazoniennes, festival important ici mais restant de taille modeste (1 seule scène...) et où nous avons donc décidé d'aller en ce week-end du 25 octobre. Ce festival est un festival international des cultures d'Amazonie, et se veut un lieu incontournable pour promouvoir la musique des différentes communautés guyanaises, mais aussi du plateau des Guyanes plus généralement, du Brésil, des Antilles, et un certain nombre de grosses pointures internationales, notamment jamaïcaines ou africaines.
Samedi 25 octobre, 13h30, Kourou, un parking, un soleil de plomb, 7 moustiques et autant de loustiques : Eric et ses compères: Steph, Kamal, Luis, Sandra, moi-même et Virginie, de passage en terre guyanaise. 2 voitures, quelques bières, quelques jus-de-fruit, une bonne dose d'énergie et une grande envie de rejoindre le camp de la transportation de Saint-Laurent, ancien bagne. La route est longue, et durant 3 heures environ, y défilent forêt vierge, savane (devant), marécages (au fond).
Premier arrêt à Iracoubo, petite commune calme où le temps semble arrêté...Un endroit bien dépaysant, et un vrai bonheur. Second arrêt pour se baigner dans une crique, mot local désignant une rivière. C'est le PIED!! Eau douce tropicale au moins à 25°C, nature sauvage, soleil. C'est beau, calme et vraiment agréable.
L'eau des criques amazoniennes offre de subtils et splendides reflets brun et or, qui me rappellent parfois certaines rivières irlandaises...mais seulement à la couleur ! D'où vient elle, cette couleur ? Probablement de l'humus (matière organique des sols), mais je le vérifierai lorsque je me pencherai, par intérêt personnel, sur les sols de Guyane. Ces rivières d'eau douce tropicale me permettent d' observer ces petits poissons qu'on voit en jardinerie, des Cichlidés de type Apistogramma et des petits Characidae proches des néons...Certaines peuvent sourire à cette lecture, mais en ce qui me concerne, j'apprécie les voir dans leur milieu ! D'ailleurs, ici, pour se faire un aquarium d'eau douce tropicale, il suffit de prendre un filet. Ceci dit, il est aussi très intéressant de lever la tête...
Un mouton paresseux (ou paresseux , ou aï) s'accroche au bout de l'arbre pour y grignoter quelques feuilles ! C'est un très beau moment que de voir ces habituels bêtes de documentaires animaliers dans leur milieu naturel, et de se rendre compte de leur beauté. Il s'agit ainsi du premier mammifère que je vois en vie en Guyane, et il est beau et semble bien plus agile que je ne l'imaginais. Cette petite crique offre encore de belles possibilités de photos...
...mais la route n'est pas terminée et il faut repartir après cette pause plus qu' agréable, sur une route assez délicate car plutôt longiligne sur trois heures.
Quelques dizaines de minutes après le départ de cette crique, arrivée à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville et sous-préfecture de Guyane. J'entends parler en bien de cette ville depuis mon arrivée, pour sa culture à priori "reggae" et les soirées qu'on y passe. Située à proximité de l'embouchure du Maroni, le fleuve roi de Guyane, elle est le point de départ des pirogues pour rejoindre le Suriname via la commune d'Albina et les communes guyanaises construite le long du fleuve Maroni. Beaucoup d'ethnies y cohabitent, et en particulier de Bushinéngué, que j'aurai le temps de vous présenter. Plus d'explications sur cette ville suivront dans le futur, mais pour le moment, revenons-en à notre arrivée à Saint-Laurent, et aux premières vues apparaissant sur le Maroni, et aux couleurs légèrement amplifiées par l'appareil. Un endroit splendide.
Après un apéro légèrement arhumatisé, la soirée se déroule au camp de la Transportation (ancien bagne). Les concerts se succèdent, entre groupes locaux en début de soirée, puis tête d'affiche de plus en plus importantes. La bonne surprise est pour moi ma découverte de Daby Touré, dont je mettrai le myspace en lien sur ce blog, et qui a vraiment assuré. Puis vient la star de la soirée, Gregory Isaacs, jamaïcain de l'époque de Bob mais plus loveur que rasta, et enfin, après quelques groupes locaux, Diblo Dibala. Une soirée aux groupes d'origine très variée et donc originale, car plutôt différents des concerts habituels de Haute-Savoie. Un très bon moment qui se termine tôt le matin à l'internat de médecine, où nous pouvons poser les hamacs et où le levé du jour est un délice photographique.
Le jour se lève, les festivaliers se couchent dans le hamac...et c'est reparti dans le sens inverse! Dimanche matin, 9h00, sept moustiques et autant de loustiques sortent de leur sommeil à Saint-Laurent, et commencent leur journée. Retour le long du Maroni, avec vue, au fond, du Suriname.
Petite assiette de poisson locale au bord du fleuve...et nous revoilà sur la route au début de l'après-midi ! Retour à la crique...Baignade dans une eau splendide à 25°, soleil, repos et décontraction assurée avant de reprendre la route. Malheureusement, l'endroit est beau mais sale...comme bcp d'endroits de ce DOM. Un vrai effort à faire de la part de Mr tout le monde, mais j'aurai le temps d'en reparler.
N'oublions pas non plus les papayers, arbres fruitiers à feuillage persistant des régions tropicales humides cultivés pour leur fruit, la papaye, et originaire du Sud du Mexique.
Puis, retour à Iracoubo. Le centre du village (bourg) fut construit au début du 19ième siècle en même temps qu'un certain nombre de hameaux l'entourant...C'est une petite commune vraiment dépaysante, qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir auparavant.
L'église Saint-Joseph, qui date de la fin du 19ième siècle et que vous voyez sur la droite, a une particularité de taille. Ses murs intérieurs ont été recouverts par des fresques très originales. Ces peintures, d'aspiration naïve, sont l'œuvre d'un artiste du nom de Pierre Huguet, un bagnard (évadé récidiviste) pris en assignation par le père Raffray. L'ensemble de l'édifice intérieur a été peint, de 1892 à 1898. Voici quelques photos de cette très belle décoration.
Le retour à Cayenne se termine avec cette photo...de la tête au pied.
Ce week-end m'a montré que la Guyane, lieu encore très préservé, offre une certaine qualité de vie très intéressante. Ici, peu de musées et assez peu d'évènements culturels en général, mais des possibilités d'excursions riches et variées. J'aurai l'occasion de vous en présenter d'autres.