22 déc. 11

Une souris et...Kayoung, Saena et Agnes: " C'est triste "

La conscience internationale, la compétence interculturelle, une meilleure compréhension de notre Monde. Quelques exemples de ce que peuvent apporter des expatriations, des rencontres internationales, des chantiers de bénévoles, internet, les lectures, les conférences etc. Mais une chose est plus puissante que les autres pour la tolérance entre les peuples: le partage de moments de vie avec des personnes d'autres lieux. Oh que cela n'est pas toujours valorisé en France, et que la direction actuelle tend plutôt vers davantage de communautarisme, à première vue. L'échange avec des coréens et coréennes, il est aisé en Europe, tant ceux-ci s'expatrient plus qu'auparavant. La naissance d'amitiés a eu lieu, amitiés éphémères physiquement, mais qui restent dans un coin de cerveau. Alors que j'avais commencé à écrire ce message il y a quelques mois, et que, faute de motivation, le brouillon était resté en l'état, voilà que le dictateur nord-coréen meurt, et que les vidéos des habitants endoctrinés, en pleurs, apparaissent au monde entier. C'est il y a quelques jours seulement que j'ai davantage mesuré l'acquisition de cette conscience internationale, quand, pensant à Kayoung, cette petite coréenne qui a partagé un chantier international en ma compagnie, une légère insomnie s'est déclarée suite aux images de Corée du Nord. Une bonne raison de finaliser cet article sur des échanges avec ces copains coréens.

Août 2010: soirée en refuge. Une bougie. Une flamme. Un au-revoir. Un adieu ? Kayoung et Saena terminent d'écrire leur perception du jour ou de la semaine. Comme beaucoup de coréens à l'étranger, elles tiennent à jour un journal personnel de leurs expériences et de leur vécu. L'écriture coréenne est fine, esthétique, et même élégante. Pourquoi ne pas l'apprendre un jour ?

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L'écriture du soir se termine doucement. Les deux volontaires ont passé du temps ensemble, et l'entente fut bonne. L'une partira peu de temps au Portugal, faire un nouveau chantier. L'autre finira sa formation dans l'hotellerie en France. Deux parcours très différents, mais qu'un élément rapproche: leur origine sud-coréenne. Le silence est d'or. Plus un bruit. Seul un léger mouvement de la flamme. Un an et demi plus tard, le souvenir est flou, un peu illusoire. Ces journeaux intimes, sans doute plein de belles anecdotes de vie, des remarques sur les lieux découverts. Kayoung a t'elle aimé la tartiflette savoyarde ? Je ne le saurai pas. Nous parlons plutôt d'un sujet nettement plus intéressant, mais aussi beaucoup plus sensible; La Corée du Nord. La séparation de la Corée en deux blocs. C'était en 1953. Une éternité quand on a 10 ans, récemment quand on en a 30, le jour de ses 10 ans quand on en a 70. 60 ans, la guerre froide et cet autre monde. La Corée du Nord sera communiste, la Corée du Sud rattachée à l'économie de marché. Et les coréens alors ? Certains perdront de vue des membres de leur famille, de l'autre côté. La folie des puissants de ce Monde. Je ne rentrerai pas dans le détail de l'histoire des Corées, trop inconnue et sans doute très bien expliquée sur la toile. Mais ce sujet, Kayoung le résume dans cette phrase: c'est triste.

Cette phrase je m'en souviens bien. Cette méconnaissance du sujet que j'avais aussi. La discussion qui s'en suivi, sur le budget d'armement des nord-coréens, les tentatives de fuite, les frontières ultrabarricadées, la folie du dictateur. Cette vision par deux habitantes locales du Sud, la plus profonde, la plus importante à écouter. C'est sans doute pour cela qu'il y a quelques jours, Kayoung était omniprésente dans mon esprit. Le temps d'une nuit, comme la forte envie de lui envoyer un mail, sans nouvelle d'elle depuis un an et demi. Juste avant, j'ai écrit à Agnes, coréenne en Service Volontaire Européen à la délégation Auvergne de l'association Concordia. Nos chemins s'étaient croisé une petite semaine en 2010, dans le cadre d'une formation d'animateurs. Une jolie asiatique pleine d'humour.

Agnes Kim

J'approche la conclusion de ce petit article sans prétention par le petit échange de mail avec Agnes.

Moi. " Hello Agnes. How r u ? I'm wondering how you are doing and a bit "sad" for my corean friends cause of what happens in North Korea. I mean, the videos we can see on youtube are really impressive. What is your opinion ? "

Agnes. " I'm doing great! How are you doing?  Well, I'm not in the Korea now but when I read the news it seems like many s.korean people is afraid cuz no body know what is gonna happen.. Our president is (it's really easy if you think he's like a president of France) very negative to N.Korea so. Anyway, I saw that video too.. It was really impressive. but it's kind of scary that everyone cried like their family died.. I know it's sad but I could feel there is a lot of propagonda... Hopefully, we gonna reunited in a peaceful way someday, but sadly, many s.korean people doesn't want it anymore.. sad. really.  Thanks to ask anyway. Peace!" Best wishes Emmanuel! "

Cette séparation entre les deux corées, non réunies après 60 ans, Agnes le vit comme Kayoug et sans doute beaucoup d'autres de leurs compatriotes. Et c'est ce sentiment de tristesse qui revient dans les échanges.

Posté par Emmanuel_M à 21:44 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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12 juin 11

France/Rhône-Alpes/Ain: Anecdotes coréennes en France

la Haute-Chaîne du Jura est l'une des plus grande réserve naturelle de France, outre-mer compris. Réserve naturelle ? Comme son nom l'indique, cette terminologie désigne un territoire protégé à des fins de conservation de la nature. Conserver un environnement naturel est en effet une priorité en France, et l'Etat dispose pour cela d'un certain nombre d'outils réglementaires. Les réserves naturelles en font partie comme les parcs nationaux. La réserve naturelle de la Haute-Chaîne s'est construite au fil des années 70 et 80 à cette fin: protéger ce patrimoine paysager et naturel d'une grande valeur écologique et assurer la pérénnité d'un territoire soumis à une forte pression démographique. L'espèce symbole de la Haute-Chaîne est le Grand-Tétra, mais la valeur de la flore et de la faune ne se résume en aucun cas à cette unique espèce. Ces notions de protection du patrimoine naturel sont intéressantes à apporter à un groupe de volontaires internationaux, dont la plupart ne sont pas formés en gestion environnementale et ne connaissent presque rien à ces outils. Mais en plus d'une approche pédagogique lié à la réalisation d'un travail d'utilité publique par le groupe, le chantier de jeunes bénévoles permet aux personnes inscrites de vivre une expérience de vie assez puissante durant trois semaines, avec des personnes venant de 5 ou 6 pays différents, répartis sur plusieurs continents. Apprendre à gérer une réserve d'eau pluviale limitée pour tout le groupe. Se doucher à l'aide de douches solaires au milieu des épicéas. Marcher au milieu des vâches.

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C'est ce qu'une semaine en refuge au sein de la réserve peut faire vivre à une habitante de Moscou ou de Séoul. Sacré dépaysement ! Et le matin, travail pour dégager les arbres coupés par des agents de l'ONF, afin de laisser ouvert les habitats typiques des gélinottes et grand-tétras. Sans un habitat favorable, impossible à l'espèce de ce développer et à ses effectifs de rester stable ou en augmentation. C'est un peu cette problématique qui se retrouve dans les renaturation de cours d'eau: améliorer l'habitat sur le long-terme plutôt que repeupler une rivière chaque année. Et puis comme souvent, séjourner en refuge permet l'accès à des milieux protégés et à des paysages préservés. 

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Coucher de soleil dans le Jura français

La Haute-Chaîne sépare deux régions, deux départements, deux économies, deux manières de vivre. Le pays de Gex et le genevois d'un côté, la franche-comté et ses paysages agraires de l'autre. Le col de la Faucille permet le passage entre ces deux territoires, et l'ascencion de la haute-chaîne donne une vision panoramique exceptionnelle des environs.

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Vue sur les Alpes et le Jura depuis le Reculet, Haute-Chaîne du Jura

La plupart des personnes réalisant un chantier durant l'été ont entre 16 et 25 ans et ont plusieurs objectifs: valoriser un temps de vacances après un travail saisonnier et une année d'études. Rencontrer des jeunes internationaux, parler une langue étrangère et s'ouvrir sur le monde. Découvrir un territoire et ses habitants, en France ou à l'étranger. Beaucoup sont étudiants, certains sont déjà insérés dans le monde du travail. Certains viennent aussi parce que les politiques éducatives et internationales de leurs pays respectifs poussent à l'expatriation et à l'expérience internationale. C'est notamment le cas des étudiants coréens, dont le nombre explose sur ces chantiers internationaux, depuis 15 ans. Kayoung, en photo ci-dessous, exprime bien cette nouvelle mobilité de la jeunesse coréenne à travers le monde. En master de LEA, elle a préféré prendre une année de pause avant de terminer ses études, en venant vivre et voyager en Europe. Après quelques mois de travail à Séoul, c'est une série de quatre chantiers internationaux qu'elle a réalisé en 2010, en Europe du Sud. L'idée, progresser en anglais et mieux connaître les européens. Très utile, tant professionnellement que personnellement.

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Suki, rencontrée sur un autre chantier, en Bretagne, avait elle un autre objectif. A 31 ans, tenter l'aventure en partant 3 mois en Europe, seule, sans parler aucune langue du vieux continent, et sans jamais être sortie de Corée du Sud. Un challenge à relever, car sans aucune base en anglais, séjourner en Europe trois mois ne doit pas être si facile ! Brest, un matin, à la gare ferroviaire. Le soleil brille, un groupe de jeunes internationaux s'apprête à prendre le train, et d'un pas déterminé, Suki prononce au guichet, cette suite approximative de mots: "Moi, billet, Bénélux". Une tranche d'aventure!