France/Guyane - l'Oyapock : le pont, extraits choisis
Oiapoque est la ville brésilienne frontalière de la Guyane française et de la commune de Saint-Georges de l'Oyapock. Entre les deux communes s'est vu construire un pont, source de discorde. Ce petit article sans prétention synthétise quelques témoignages de personnes qui sont concernés d'une manière ou d'une autre par ce pont. Par exemple, Mael Cabaret, réalisateur breton dont vous trouverez le portrait en cliquant sur le lien précédent, a réalisé un beau reportage d'environ 1 heure, Oyapock, sur cette frontière fluviale davantage médiatisée depuis quelques années. De ma découverte des lieux, soit dans le cadre professionnel (Saint-Georges), soit dans le cadre personnel (Oiapoque), il n'est qu'une envie qui me dessine : continuer à apprendre sur ce territoire interragissant au jour le jour que compose les deux communes. Apprendre par la lecture, ou par l'écoute, et bien sûr, dans l'idéal, par l'échange avec les habitants.
Pont sur l'Oyapock (photo du web)
Avant d'inaugurer le pont, les autorités veulent d'abord trouver un nouvel accord transfrontalier pour les habitants de la vallée. Car pour beaucoup comme pour Rona, guide touristique, la notion de frontières, sur le fleuve Oyapock, c'est tout neuf. "On avait pas besoin de ce pont. On dit ici qu'ils sont en train de construire un nouveau mur de Berlin". Retour à Saint-Georges de l'Oyapock. De ce côté-ci, on commence aussi à être agacé par ce pont. Comme cet habitant, qui indique qu'il ne peut plus faire de parties ou jeux avec ses amis d'Oiapoque. Lors de l'annonce du projet, ni la population, ni les élus locaux n'ont été consultés. Chacun s'apprête à vivre avec un pont majestueux, mais jamais désiré...toutefois, Fabienne Mathurin, ex-maire de Saint-Georges, propose que s'il y a bien un ouvrage qui symbolise l'intégration de la Guyane en Amérique du Sud, c'est bien ce pont sur l'Oyapock. Pour Gérard Police, docteur en civilisation brésilienne interrogé dans ce reportage vidéo, les 50 millions d'euros dépensés pour la construction de ce pont ne représentent en réalité que très peu d'argent, par rapport aux enjeux économiques, financiers et militaires entre la France et le Brésil. Il y avait besoin d'un symbole de ces partenariats : ce pont.
Comme on peut le lire dans cet article d'Hervé Théry, pourquoi un pont aussi grandiose alors que l'on attend un trafic très limité, qui aurait très probablement pu être absorbé sans difficulté, à un coût moindre, en renforçant le service des bacs qui assuraient déjà la traversée. Cela ne s'explique que dans une perspective géopolitique régionale de liaison entre le Brésil et ses voisins du Nord. Ces voisins se sont longtemps méfiés de son expansionnisme, notamment la France qui s'est abstenue de construire la liaison routière de 80 km entre Régina et Saint-Georges. Ce n'est que plusieurs années après le retour de la démocratie au Brésil, après la période de la dictature militaire (1964-1985), que les travaux ont été entrepris en achevés en 2003. Avec leur conclusion, l'axe RN1/RN2 assure désormais la liaison de 450 km entre Saint-George et Saint-Laurent-du-Maroni à la frontière du Suriname. Avec la construction du pont, la route côtière constitue donc désormais un maillon d'une panaméricaine atlantique. Il faut toutefois noter que le Brésil n'avait pas attendu de se doter d'une autre sortie vers les Caraïbes, via l'ouverture de la route Manaus-Caracas...
Ainsi va le Monde, la vie qui avance dans ces deux communes d'Amazonie...alors que plusieurs années après sa construction, de l'eau en a coulée...sous ce fichu pont !
France/Guyane - L'orpaillage illégal, vu par la presse guyanaise
L'orpaillage illégal en Guyane est particulièrement médiatisé pour la double pollution qu'il génère: matières en suspension et mercure. Il n'est pas rare également d'entendre parler, dans certains documentaires, de l'insécurité liée aux attaques de mines légales par des garimperos. L'opération Harpie 2 a eu lieu en 2009. "La semaine guyanaise" a écrit de nombreux articles. Extraits choisis.
N°1332, 4-10 juillet 2009. "C'est une guerre des nerfs, une guerre d'usure que vit Saint-Elie. D'un côté, les gendarmes, constamment présents, à 9 ou 10, selon la relève. De l'autre les travailleurs clandestins de l'or qui - apparemment - ont déserté le bourg. Parmi ces étrangers en situation irrégulière, certains vivaient sur Saint-Elie depuis plus de 10 ans et pas exclusivement des Brésiliens. Avec ces dernières années, comme unique activité économique, l'orpaillage clandestin, ses commerces, ses emplois et son marché noir. "A leur arrivée mi-avril, les gendarmes ont d'abord mené une campagne d'information en prévenant les gens", raconte Rose Alexander, ancienne adjointe au maire, ex-agent de santé au dispensaire fermé depuis janvier 2006. Elle revient régulièrement dans la commune dont elle est originaire et possède une maison. J'ai vu trois phases de reconduite ces dernières semaines. Une fois les gendarmes en ont pris 20, une fois 12, une fois 17. En fait, ce sont les brésiliens qui viennent se livrer", indique-t-elle. Ce qu'un gendarme confirme: la plupart viennent d'eux mêmes car ils ont faim. On ne court pas après. Dans le bourg, une poignée de Brésiliens (à priori moins d'une vingtaine) restée sur place, connaît la chanson: "Segunda feira, seixta feira!": "lundi et vendredi" sont les deux jours de reconduites à partir de Saint-Elie. On les ramène en camion sur Petit Saut puis en pirogue", explique un gendarme. "Je suis venu me rendre", nous a indiqué, dimanche 28 juin, un Brésilien qui cueillait des oranges en attendant le lendemain. Selon les informations recueillies sur place, bon nombre d'illégaux se sont spontanément livrés pour repartir gratuitement au Brésil. (...)
Lac artificiel de Petit Saut. Nombre de sites d'orpaillage sont en amont.
Echange entre Frédéric Farine, journaliste, et une femme garimpero. "En forêt, nous avons tous le palu, à tour de rôle. J'ai eu encore une crise, il y a huit jours. Il ne nous reste qu'une tablette d'Artecom au camp. A la prochaine crise de l'un d'entre nous, plus de tablette." explique t'elle un brin fataliste. J'interroge Latidinia sur cette propension des ressortissants brésiliens à choisir l'aventure en Guyane. "Il faut comprendre les difficultés des classes défavorisées au Brésil. Qu'est-ce qu'il est possible de faire au Brésil pour des hommes qui ne savent ni lire ni écrire? De la maçonnerie, des charpentes: des travaux très mal payés là-bas. C'est une amie d'Altamira, ma ville d'origine au Para, qui m'a parlé de la Guyane en 2004" raconte encore Latidinia. "Elle venait d'en être expulsée après y avoir passé 2 ou 3 ans. Elle y vendait des vêtements, de la nourriture pour les sites d'orpaillage. Cela a bien marché pour elle en Guyane".
Lac de Petit Saut - Forêt noyée lors de la mise en eau du barrage
N° 1337 du 8 au 14 août 2009. Entretien entre ce même journaliste et un orpailleur du village clandestin de Zohia (région de Saul), secteur illustré sous le nom de "guérilla". "La plupart des gendarmes sont très bien entraînés, très bien éduqués. Mais pour une minorité d'entre eux, ce n'est pas le cas. Enfin, c'est sûr, ils ne sont pas violents, ils n'ont jamais tués personne sur un site" reprend Janilton qui explique travailler dans le secteur de Guérilla "depuis 2006". Pour lui, Guérilla n'existe plus. Alors qu'un an en arrière "en comptant l'ensemble des sites de ce secteur, on pouvait produire 12 à 15 kilos d'or en une journée! C'est fini maintenant. Et tout est cher ici.(...) Sur le problème de la violence entre garimperos sur Guérilla, Janilton dément: "il n'y a pas de violence, pas de meurtres à Guérilla, les villes de Guyane sont plus violentes que les sites d'orpaillage." Une affirmation contredite par l'instruction judiciaire en cours sur les crimes de Guérilla. "On a retrouvé 6 à 7 cadavres, dont certains abattus de balles dans le dos en 2007 et 2008" souligne une source judiciaire. Tout au plus, Janilton admet-il "des accidents, nombreux, dans les galeries qui s'effondrent". La galerie la plus profonde creusée à Guérilla ? "32 mètres", indique t'il. On apprend sur place comment les faire, puis on creuse à la pelle et à la pioche...Au Brésil, j'étais "motoboy" je faisais des courses en scooter pour une boutique à Manaus avant de venir en Guyane. Mais je refuse que mes frères viennent, c'est trop dur" poursuit-il. Sur la question écologique, Janilton a une parade: "Si on nous laissait faire, à notre départ, il n'y aurait ni trace de notre passage, ni de notre corotel (village d'orpailleurs)."(...) Sa présence en Guyane ? Il l'explique par le manque de perspective chez lui: "Au Brésil, il y a des terres avec de l'or mais le gouvernement n'autorise pas les garimperos à l'exploiter. J'ai étudié mais je n'ai pas eu l'opportunité d'avoir un bon travail dans mon pays" regrette-t-il.
Village sur le rivage brésilien de l'Oyapock. Un corotel ?
France/Guyane - C'est rare, non, la nostalgie ?
Parlons un peu de quelques groupes de personnes présentes en Guyane, à travers quelques anecdotes, réflexions et moments vécus. J'enrichis ces textes par quelques photos sans rapport.
>> Une pépite d'or pour la perle des Antilles
La Guyane possède tant par l'histoire que par l'actualité, certains liens forts avec Haïti, la "perle des Antilles" mais aussi un des pays les plus durement touchés par les catastrophes naturelles, dans un contexte de grandes difficultés pour sa population de satisfaire ses besoins de base. Malheureusement, notre Guyane n'est pas différente de tous les autres territoires, départements ou pays du monde, et j'ai compris à travers des discussions et la lecture des journaux guyanais qu'il existe au sein d'une partie de sa population une certaine méfiance voire une discrimination envers les Haïtiens. C'est toujours la même chose, quelque soit le territoire que j'ai côtoyé (la Suisse avec les Kosovars, l'Irlande avec les polonais): dès que dans un territoire donné une population étrangère ou d'origine étrangère est un peu trop nombreuse et un peu trop pauvre, elle est un peu trop mal vue et discriminée. J'ai vraiment le sentiment que c'est une réalité universelle. Aussi, dans le contexte d'explosion démographique que connaît la Guyane et avec toutes les difficultés et la peur que cela engendre, la politique d'immigration voulue par une partie de la population se devine facilement à travers les titres réguliers de l'hebdomadaire "la semaine guyanaise", avec l'exemple du N°1336 (août 2009): "Immigration: des chiffres et des affaires...Plus de 50 000 étrangers "non expulsables" en Guyane...Harpie fait chuter le nombre de reconduites!" Il est légitime que l'immigration fasse peur aux habitants de Guyane. Mais une autre chose est sûre, certains renvois sont terriblement injustes. Je vous laisse découvrir le blog lié dans la colonne de droite pour avoir un exemple frappant de ce qui peut se produire.
Partie de football à Suzini, Cayenne
>> Le Monde doit respecter le Brésil
Phrase interpellante, et d'autant plus frappante qu'elle était le slogan du gouvernement fédéral lors d'une publicité coupant la comédie romantique hollywoodienne "Shall We Dance ?", dans laquelle l'homme d'affaire Richard Gere, riche, élégant, blanc, décidait de se mettre à danser...la question existentielle du film étant: "va t'il quitter sa femme pour sa prof de danse?" Drôle de moment, difficile confrontation entre la réalité d'Oiapoque et celle d'Hollywood. Oiapoque, nouvel an 08-09, une ville d'orpailleurs, une ville aux infrastructures pires que celles des favelas de Rio (d'après une copine de la ville des J.O), une ville aux nombreuses princesas sirotant une caïpirinha, se disant peut-être qu'elle voudraient être cette prof de danse quand certains Français se disaient peut-être vouloir devenir Richard Gere, au même moment, en Europe. Hollywood, symbole de la culture de masse occidentale, reflet du rêve américain et de tout ce qu'il peut générer, de l'espoir à la souffrance, de la souffrance au sourire, du sourire à l'espoir. Ces princesas, certaines s'en vont traverser la frontière pour espérer trouver leur Richard Gere guyanais ou métropolitain, et du moins pour essayer d'obtenir un avenir un peu plus doré. Ces personnes brésiliennes, c'est une chance que j'ai eu de les côtoyer, notamment le dernier mois à Kourou, et je retiendrai cette triste comparaison d'une copine du moment connaissant l'Hexagone et la Guyane: "Ici, les hommes sont bien moins respectueux de nous, les Brésiliennes, qu'en France." Drôle de couples, entre le chercheur européen venu participer aux projets de la base spatial, ou entre le légionnaire parfois aussi, et la femme brésilienne. C'est une des réalités de la ville spatiale de Kourou.
Partie de football sous la pluie de Cayenne
>> C'est rare, non, la nostalgie ?
Ma dernière envie est d'écrire un petit mot pour ces princesses dominicaines, rencontrées au fil de l'année dans les rues de Cayenne, dont certaines ont une histoire proche de celle de Zulema, racontée dans "Princesas", film espagnol splendide, réalisé par Fernando Léon de Aranoa en 2005. Extrait choisi.
"Il y a un jour, tu verras, un jour où c'est le pied. Ce jour-là, tout se passe bien.Tu vois ceux que tu veux voir, tu manges ton plat préféré. Et tout ce qu'il t'arrive, c'est ce que tu veux qu'il t'arrive. Si tu allumes la radio, il y a ta chanson préférée. Et si tu vas à un jeu télévisé ce jour-là, tu remportes tout(...) Ecoute bien ce que je te dis: tout (...) Ce jour n'arrive qu'une fois, mais quand ? On doit être vigilante, il faudrait surtout pas le rater. C'est comme une déviation. Comme quand sur la route il y a une déviation. Mais tu es peut-être au téléphone, ou tu discutes ou tu as la tête ailleurs et tu t'en rends pas compte, et t'es baisée, parce que tu ne peux pas revenir en arrière. Ce jour là, c'est la même chose, une déviation. C'est très important, car tu peux décider du cours que les choses emprunteront ou pas: Le chemin nouveau ou pas."
Arc-en-ciel, la vie est belle !
France/Guyane - Dirty Paradise, pour introduire l'orpaillage
Dirty Paradise, de Daniel Schweizer, cinéaste genevois, est un documentaire de haute qualité cinématographique, parlant de l'orpaillage clandestin et ses conséquences sur la vie des amérindiens wayana dans le haut-Maroni. Ce film a été diffusé dans le cadre du festival du film et forum international sur les droits humains, et c'est avec un peu de plaisir mais aussi un peu de peine que je le découvrais en ce triste dimanche grisâtre de mars. Un peu de plaisir, car la qualité cinématographique de ce documentaire est indéniable. Des images splendides, des entretiens de qualité et un traitement du sujet plutôt complet. Et de la peine car la lutte contre ce fléau environnemental et sanitaire pourrait avoir des conséquences irréversibles pour les villages concernés, et pour l'environnement autrement préservé du territoire guyanais. Je suis revenu de Cayenne il y a maintenant quelques mois. Quelque soit l'endroit et le poste concerné, un contrat d'un an est court, très court, mais comme il me reste près de 40 ans à cotiser, des opportunités pour retravailler dans ce beau département habitées par de chouettes personnes, il y en aura probablement d'autres !
Allez, je retranscris avec une précision approximative les grandes lignes du débat qui a suivi ce film et qui s'est déroulé en présence du réalisateur, de Michel, un amérindien wayana venu à Genève pour témoigner avec quelques autres compères, et de deux ou trois autres professionnels ayant consacré leur vie professionnelle au travail avec les petites communautés minoritaires au sein de nombreux pays en Europe, en Amérique du Sud ou ailleurs. Ce débat, d'environ 45 minutes, m'a semblé assez juste tant par les avis de Michel sur la situation des siens que par les réflexions sur les problèmes dans la vie de tous les jours des amérindiens du Haut-Maroni. J'en profite pour glisser quelques photos de cette région de Guyane, prises par mes collègues de l'époque.
Lutter contre l'orpaillage: quelles solutions ? C'est la première question sur laquelle le débat a porté. Pour Michel, la lutte est quasiment impossible compte-tenu du statut international des eaux du Maroni, de la passoire totale que constituent les frontières de la Guyane, du nombre important de chercheurs d'or (peut-être 10 000 garimperos), de la sporadicité des opérations de l'armée (Anaconda, Harpie etc).
Vue de Maripasoula (photo prise par mes anciens collègues)
Face à ces difficultés géographiques, tout le monde s'accorde à dire que la France ne pourra probablement pas s'en sortir seule pour supprimer ce fléau irréversible. Alors, quelles solutions ? la coopération, et pas qu'un peu. Cet argument, je l'avais déjà entendu régulièrement lors de ma présence en terre guyanaise. Une coopération renforcée entre les autorités françaises, brésiliennes et surinamaises. Il semblerait que ces opérations portent quelque peu leur fruit, et le président de la République Nicolas Sarkozy a dans ce sens confirmé que l'opération Harpie deviendrait permanente sur le territoire de la Guyane, alors que les négociations avec le Brésil pour une meilleure coopération sont en cours. Le débat souligne également l'opacité du circuit de l'or en Suisse, l'existence évidente de financeurs, réels mafieux tirant leur épingle du lot en exploitant la majorité de ces garimperos ouvriers à la simple recherche d'un avenir plus doré. Un milieu assez pourri, comme le synthétise cette dernière réalité: la Guyane exporte plus d'or qu'elle n'en produit !
France/Guyane - Excursion sur l'Oyapock: Camopi
"Après cela, tu pourras dire que tu es allé au fin fond de la Guyane !" C'est en ces mots que mon chef résumait cette mission de 5 jours sur le fleuve Oyapock, de Saint-Georges à Trois Sauts en passant par Camopi et son opposée, Vila Brasil.
Bien sur, mes tâches étaient nombreuses et je n'étais pas là pour faire du tourisme! Mais il est vrai qu'en ce lundi 2 février, c'est le cœur joyeux que je rejoins une équipe de la circonscription académique et m'en vais pour une excursion qui s'avérera mémorable. Le trajet de Cayenne à Saint-Georges peut paraître long et monotone...mais des divertissements existent. Typiquement: compter le nombre de voitures abandonnées aux mains des garimpeiros, ces clandestins brésiliens à la recherche d'or dans la jungle amazonienne, et particulièrement en Guyane...Cette route, relativement dangereuse la nuit en terme de sécurité, a vu l'installation d'un poste de contrôle de manière à baisser le nombre de braquages. Lors de mon aller-retour au Brésil pour le nouvel an, j'avais comptabilisé 52 voitures...les éclats de balle sur l'express du milieu font froid dans le dos, peut-être ont ils été tirés après-coup ?
Arrivée à Saint-Georges, petite commune que j'apprécie particulièrement pour son ambiance calme et latine. Je n'y vivrais probablement pas, mais c'est une commune à voir en Guyane. Comme à Cayenne ou Kourou, quelques chiens errants, ici ou là. Un cas de rage avait été diagnostiqué ces dernières années. Petit problème dans la gestion des déchets ici, semble t'il ?
J'arrive avec l'équipe au point de départ de l'excursion, saut maripa, considéré par certains comme le plus beau des sauts (rapides) de Guyane. C'est parti pour plusieurs heures de pirogue. L'Oyapock est le deuxième fleuve de Guyane par son importance et fait 370 km de longueur. Beaucoup moins habitées que celles du Maroni, les rives restent ainsi davantage sauvages...Quelques petits villages, souvent dépendant de l'orpaillage, existent tout de même sur la rive brésilienne.
Après quelques heures de trajet, arrivée en début de soirée à Camopi, découverte du village, réunion de travail et départ pour l'autre rive, Vila-Brasil, un village ou réside une cinquantaine de résidents permanents. Ce site explique que "tout n'y est que commerce: bars-dancings, épiceries, menuiseries, restaurants...il a dans un premier temps été construit pour alimenter les sites d'orpaillages en matériel, carburant et nourriture", et il profite maintenant de l'argent dépensé par les amérindiens (RMI et allocations familiales). Ainsi, ici, on paye en reis, en euros, ou en or. L'orpaillage clandestin, sujet que je traiterai dans ce blog, n'est pas une mince affaire...En tout cas, belle maison d'hôte et accueil très sympa du couple de brésiliens qui le tient. Quant à la vue, no comment !
Averse au cœur de l'Amazonie guyanaise
Que dire de Camopi ? Ce village isolé, ou les conditions de vie ne sont pas faciles pour les personnes du littoral ou de métropole, ne laisse pas indifférent. Certaines personnes, comme ce directeur d'école (la photo n'est pas celle du directeur) au sacré parcours, y sont depuis plusieurs années, et se battent remarquablement pour faire avancer l'école. Des personnes amérindiennes envers lesquels la politique sociale française a, d'après certaines études, artificiellement développé des besoins et intensifié la situation de "dépendance", avec comme conséquences possibles un alcoolisme croissant et des taux de suicides importants, même si d'autres facteurs sont probablement en cause. En effet, l'Etat a introduit le RMI et les allocations familiales dans la vie des personnes de ces villages. Une discussion intéressante avec le directeur guadeloupéen de l'école du village de Trois Sauts, explique l'évolution qu'il perçoit au sein du village. Il y a encore dix ans, les habitants ne cherchaient à descendre à Saint Georges qu'une fois par an...avec l'arrivée des aides sociales, il est devenu fréquent qu'ils descendent l'Oyapock une fois tous les deux mois, notamment pour utiliser cet argent dans l'achat de produits de consommation. Bien sur, je ne me permettrais pas de donner un avis sur ces politiques sociales de l'Etat. Mais vous imaginez les questions de fonds que cela pose, par exemple dans le cas de l'Education Nationale. Plus de 2000 enfants ne sont pas scolarisés en Guyane, (d'après le quotidien France-Guyane d'aujourd'hui) certains viennent de ces communes. Ces personnes amérindiennes sont eux aussi confrontés à cette globalisation de l'économie. Imaginez aussi qu'Internet arrive au sein des villages amérindiens. Quel sera l'effet sur la vie quotidienne des habitants de ces villages ? Je vous invite à lire cet article, écrit par un enseignant de Camopi, qui y explique son rôle, et la vie de tout les jours, avec en bonus quelques photos. Nous sommes en zone protégée du tourisme, et l'accès à Camopi et Trois Sauts nécessite une autorisation préfectorale. Photos de personnes interdites !
France/Guyane - Oiapoque et Maripasoula: en pirogue, pas en métro !
Nouvel an au Brésil, à Oiapoque, ville frontière de l'État d'Amapa, un des plus pauvres de cette gigantesque puissance émergente, et "que le monde doit respecter", selon les pub des chaînes brésiliennes. Une ville qui représente donc dans ma jeune vie de voyageur la première terre hors Europe administrative que j'aurai foulé. Une réalité difficile. Certains visages très durs. Beaucoup de filles espérant qu'un français les emmènera de l'autre côté du fleuve frontière...un terrain de foot boueux ou des jeunes brésiliens jouent tous les jours...de l'animation en cette nouvelle année...un bon week-end...et c'est à peu près tout. Pas sur que je retourne à Oiapoque. Petite anecdote? Pour faire le déplacement Saint-Georges - Oiapoque, un individu prend une pirogue, remonte un peu le fleuve et y est. Temps: 19 minutes. Voilà, selon un postier, le trajet fait par un courrier divers: Saint-Georges > Cayenne (poste) > Cayenne (aéroport) > Paris Orly > Paris Roissy > Paris (centre de tri) > Brasilia > Belem > Macapa > Oiapoque. Durée: 19 jours. No comment. Petite note humoristique? Voilà la photo prise par ma collègue d'un taxi clandestin de Maripasoula, en Guyane, extraordinnaire...Notez l'incroyable "faya business" et les ajouts déjantés de la voiture. J'espère la voir un jour en vrai !
Petite anecdote humoristique? C'est l'histoire parait-il réelle d'un mec enseignant qui est parti en Guyane et a accepté un poste à Maripasoula, commune isolée du fleuve Maroni...Il jouait au tennis et a été très déçu de voir l'inexistence d'infrastructures sportives. Il faut dire qu'il s'attendait surement à autre chose, on lui avait dit qu'il y avait des métros à Maripasoula...Cherchez l'erreur??? Ici,un métro est un français de métropole, pas un moyen de transport...