France/Auvergne/Puy-de-Dôme - Une journée à Pont-du-chateau
Jamais. Et pourtant, si. Animer un projet avec des lycéens. 17 ans après être devenu majeur. A un âge qui, dans une série statistique sur l'âge des jeunes de France, s'approche terriblement d'une valeur aberrante à éliminer. Franchement, quand on est un teen, participer à un échange de jeunes, dispostif Erasmus+ qui a pour objectif de faire débattre des jeunes de quelques nationalités sur une thématique donnée, c'est bien. Mais participer à un échange de jeunes avec un animateur de deux fois son âge...hummm...c'est qui lui ? Pourquoi pas, mais peut-être pas, quand même. Faut dire, l'animation en général est un métier qui s'exerce plutôt dans la tranche d'âge 18-35, un métier de jeunes, quoi...et ceux qui y font carrière cherchent après à évoluer dans les structures d'animation et autres centres sociaux. Enfin, ce n'est pas moi qui le dit, hein, je ne fais qu'écrire quelque chose que j'ai lu récemment dans un livre. Bien sûr, à toute bonne règle des exceptions, et il n'y a qu'à prendre l'exemple d'animateurs techniques de tout âge qui apportent, le temps d'un chantier international, une compétence technique, à défaut de savoir vraiment animer. Forcément, quand on voit la grande variété des actions collectives, bénévoles et volontaires d'intérêt général sur le territoire national via le site d'Observo, on imagine bien qu'il existe des personnes s'engageant à tout âge dans ces démarches là. Mais quand même, on apprend une chose, quand on baigne dans une grosse asso comme Concordia sur son temps libre, c'est que jamais, il ne faut jamais le dire. Alors voilà. Je me retrouve comme devant animer un projet sur le thème des enjeux liés à l'eau pendant dix jours avec des lycéens de France et d'Italie. Arf, fichus djeuns ! C'est bien connu, les jeunes, les ados, c'est dangereux pour la société : "lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leur élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus d'eux l'autorité de rien ni de personne, alors c'est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie." N'est-ce pas là un magnifique tableau de notre jeunesse contemporaine, que rien ne semble pouvoir arrêter dans son manque de respect et son absence de valeurs ? C'est effectivement ce qu'en pensait Platon, auteur de cette citation, au IVième siècle avant J.-C !
Insécurité accrue sur l'Allier : attention, un jeune !
Des lycéens de 15-17 ans donc, de France et d'Italie. Dans un camping, au sein de la commune de Pont-du-Chateau, vers Clermont-Ferrand. C'est marrant de se retrouver à vivre dans un camping avec des lycéens, alors que depuis le bac, je n'avais jamais été en contact avec un groupe du lycée...ni pion, ni prof, notamment. La ligne directrice de la thématique : le projet Fleuves du Monde, produit une association quebecoise. Une invitation au voyage et à l'aventure par la découverte de 8 grands fleuves du Monde. La possibilité de se mettre dans la peau d'un chef politique d'un village d'un affluent du Niger qui doit travailler avec les habitants et une ONG de développement sur un projet de construction d'un micro-barrage d'irrigation. Un peu trop scolaire au goût de certains...mais un échange de jeunes est aussi source de visites: le centre d'information de Volvic, à défaut de l'usine d'embouteillage. une descente en canoë sur l'Allier, dans le cadre du marathon du saumon, activité ludique organisée notamment par une association qui oeuvre à la protection du saumon atlantique dans la Loire-Allier. Une station d'épuration ? Manque de temps, malheureusement. Des débats mouvants, par exemple sur l'affirmation : "boire l'eau directement à la source est meilleure pour la santé que boire l'eau du robinet".
Et puis, bien sûr, certaines visites en dehors de la thématique: le Puy-de-Dôme par exemple ! Histoire de voir enfin cette chaîne des Puy, d'apprécier le paysage local du département.
Mais dans tous ces dispositifs destinés (surtout) aux 15-30 ans, et qui malheureusement ne touchent que 2% des jeunes nés dans la même année, il y a aussi toute l'éducation informelle naturelle au jour le jour. Les échanges divers et variés sur la vie de chacun dans les territoires d'origine des jeunes, sur les petites nuances culturelles observables...nuances culturelles dont le jeu du Barnga est une belle métaphore! Voilà. A bientôt 35 balais, toutes les statistiques ne nous considérent plus comme des jeunes...Mais alors, ces jeunes adultes en devenir, aux t-shirts de Gun's n roses, aux sacs eastpak tâchés par des déclarations d'amour typiquement adolescentes au Tipex, sont-ils très différents d'il y a 15-20 ans ? Bien sûr, non ! Une nuance quand même: les échanges sur la cocaïne (je ne parle pas de sa consommation !) m'ont semblé plus importants et naturels que dans les années 90. Mais sinon, c'est fou, il y a 17 ans, on était comme eux ! Et c'est tant mieux.