Une souris et...Giselle : une Ts'Italienne à Lyon
Eté 1994. Chez mes grands-parents, je supporte l'étonnante équipe de Suède et son attaquant Kenett Andersson atteignant les demi-finales de la coupe du Monde de football, remportée finalement par l'équipe du Brésil. C'était aux Etats-Unis, sous un soleil caniculaire, et cette coupe du Monde constitue la première que je suivais un peu. C'était il y a 20 ans, et étrangement, aujourd'hui, le souvenir le plus clair qu'il me reste de cette année est le suivi de ce Mondial...mais d'autres souvenirs rejaillissent doucement, plus flous certainement, mais réels. Il faut dire qu'à cette époque-là, on apprenait notamment l'histoire du 20ième siècle en faisant les pitres dans les classes de 4ième et 3ième d'histoire-géographie...des bons souvenirs, mais je me rappelle encore des propos de mon professeur de l'époque, Mr Whurlin : "ayez conscience qu'à deux heures d'avion de Genève, certains pays sont en guerre". A deux heures, ou un peu plus loin. Au Rwanda par exemple. Autre pays, autre actualité. Celle d'un génocide...quelques images des infos, mais sinon ? Pas grand-chose. Il faut dire qu'à 14 ans, on est à peine adolescent. Peut-être une forme de déni ? Une réalité difficile à intégrer alors que la sienne, dans le bassin annemassien, est globalement douce. Je ne sais pas. 20 Septembre 1995. Dans un camp du Zaïre naît une Rwandaise de parents réfugiés de la guerre : Giselle.
Septembre 2014. Giselle a 19 ans. Elle a passé son baccalauréat dans la ville de Padoue, en Italie, et décide de partir faire un service volonaire européen (SVE) au sein des locaux de l'association Concordia. Son objectif: affiner sa conscience européenne, améliorer son français, voyager. En Italie, ses parents travaillent dans le champ de l'action sociale, et dans son petit village, ils représentent une famille de Blacks au milieu des Blancs. En cette soirée de janvier 2015, nous évoquons la période du génocide Rwandais. Ses parents qui sont partis dans les camps de réfugiés au Zaïre, aujoud'hui République démocratique du Congo. Elle qui est arrivée en Italie à l'âge de 5 mois. Et qui aujourd'hui, réalise un volontariat européen. Une belle expérience avant le monde étudiant. Quant au génocide, elle dit ne pas s'y identifier, elle qui ne l'a pas vécu. Mais toutefois, Giselle, Tutsi ou Hutu ? Généalogiquement, un peu des deux. Mais aujourd'hui : "Italienne, évidemment" !