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Une Souris et des Hommes
13 avril 2014

Une souris et...Bennett, de la compétence interculturelle

Développer des compétences progressives sur les thèmes de l'expatriation, de la culture, de l'interculturel. Voilà un beau projet à mener dans ces temps où le chômage important en France peut inciter une personne demandeuse d'emploi à s'ouvrir à l'international. Cet article n'est que recopiage, une fois n'est pas coûtume. Après tout, l'écriture d'éléments purement recopiés est un outil pour apprendre.

Stéphane Talleux et Bertrand Fouquoire en parlent dans un des (nombreux) livres de la collection "la première fois" des éditions StudyramaPro, qui fournissent nombre d'ouvrages synthétiques et efficaces sur divers outils de travail à utiliser dans le cadre personnel ou professionnel. Leur sujet d'expertise: l'expatriation. Le thème du livre: "réussir ma première expatriation". Un des enjeux : anticiper le "choc" culturel. Pour cela, évaluer sa compétence interculturelle. Il est important de repérer où l'on en est de sa capacité à vivre dans une autre culture. La personne qui n'a pas éprouvé ce que recouvre la confrontation avec une autre culture peut minimiser ou maximiser son impact. Aussi, la génération Y (née depuis 1980) a vécu une entrée progressive dans l'international. A l'origine de cela: les classes européennes et leurs échanges scolaires, le programme ERASMUS, les stages à l'étranger imposés en post-bac. Mais aussi les réseaux sociaux, car ils permettent la gestion de liens nombreux et faibles en investissements de temps. On conserve les liens avec les personnes qui déménagent en France ou à l'étranger. Le Schéma chez les X était de s'expatrier pour une entreprise. A 25 ans, on pouvait se retrouver à travailler au Japon, sans avoir fait ses armes dans un pays européen. Les Y ont construit progressivement leur compétence interculturelle : d'abord dans des pays proches culturellement au collège (Angleterre, Allemagne, Espagne), puis dans des pays européens plus éloignés, pour aborder ensuite les autres continents. "Dans mon parcours d'ouverture et de découverte du monde, j'ai procédé par étapes : chaque étape me prépare à l'étape suivante. Je pense qu'il est difficile d'entrer en contact avec les locaux dès la première expérience. La démarche est progressive. Mais ce n'est qu'en se retournant qu'on se rend compte que chaque étape a permis la suivante. Je conseille de s'inscrire progressivement dans une démarche de mobilité internationale. J'ai commencé à Londres par échanger avec des gens qui ont voyagé. J'ai profité de leur expérience. J'ai réalisé que ce n'est pas sorcier, ce qui a enclenché mon départ. Je me souviens avoir été ébahie par une fille partie en Amérique du Sud et qui avait trouvé un travail très sympa là-bas : elle avait été obligée de trouver quelque chose car elle n'avait plus d'argent. En fait, quand tu es ouverte, et que tu te retrouves dans une situation d'inconfort, tu te mets à chercher et tu trouves. La plupart de ceux qui hésitent pour s'expatrier ne savent pas par quel bout prendre ce projet de partir. ça les fait rêver mais c'est finalement trop de remise en question", indique Justine, 24 ans. L'inscription dans une démarche de mobilité internationale a été directe pour une majorité de X, ce qui explique une mise sous contrôle et l'installation fréquente dans la bulle expatriée. Vigiliance chez les Y néanmoins : Erasmus est un premier pas, certes. Cependant, les conditions n'ont rien à voir avec un départ en solo à l'autre bout du Monde : le système Erasmus est une ouverture à un milieu de Y internationaux, non une intégration culturelle dans des conditions de travail avec des autochtones de toute génération. L'échelle de Bennett permet alors à toute personne d'évaluer son attitude dans une situation de confrontation à une autre culture (source: document de l'institut canadien du service extérieur, centre d'apprentissage interculturel)

BENNETT_SCALE2

Déni: le déni représente le plus bas degré d'ouverture face aux différences culturelles. On ignore tout simplement qu' elles existent, ou bien on les perçoit à un niveau très général : ce qui résulte d'un isolement physique ou social en rapport avec ces différences. En tant que telle, cette position représente l'ultime ethnocentrisme, où la propre vision du monde que l'on a, n'est jamais remise en question et est posée comme étant centrale à toute réalité. Une forme plus répandue de déni est ce que l'on nomme " l'esprit de clocher " ou une vision du monde plus ou moins étroite. Cet état d'esprit reflète un degré limité de contact avec les différences culturelles, ce qui se manifeste par de la gêne, ou par le fait qu'on trouve bizarre ce qui est différent. L'esprit de clocher se caractérise par l'utilisation de très larges catégories pour classifier les différences, ces larges catégories permettront aux différences d'être perçues de manière minimale et sans grand discernement. Un exemple d'une telle catégorie serait la reconnaissance que les Asiatiques sont différents des Occidentaux, sans reconnaître que les cultures asiatiques diffèrent entre elles. 

Défense: La défense, deuxième stade, représente un développement de la sensibilité par rapport au déni, parce qu'il est le résultat d'une perception assez forte des différences pour qu'elles soient menaçantes. La forme de défense la plus commune est celle du dénigrement des différences. On reconnaît généralement ce phénomène à l'élaboration de stéréotypes négatifs, où chaque membre d'un groupe culturel distinct se voit doté de caractéristiques indésirables qu'on voit doté à tout son groupe. Ce type de dénigrement est considéré ici comme un stade de développement et non comme un acte isolé. Une observation qui corrobore cette opinion est que les gens qui dénigrent un groupe en particulier sont également susceptibles de dénigrer d'autres groupes. Bien que le dénigreur puisse être mal informé, ce n'est pas l'ignorance qui explique sont attitude défensive, mais bien l'ethnocentrisme. Une autre forme du stade de défense est le postulat de supériorité culturelle. Plutôt que de dénigrer une culture, on présume simplement que sa propre culture est l'apogée de quelque projet évolutionnaire. Une telle manoeuvre insigne automatiquement à ce qui est inférieur un statut inférieur. C'est un stade où l'insécurité face aux différences est très grande, puisqu'elles laissent entrevoir la possibilité que notre culture ne soit pas la seule vision du monde possible. A une étape plus avancée de défense, on considère que les autres cultures sont tout simplement inférieures à la notre, sur un continuum dont nous sommes l'apogée.

Minimisation: ce troisième et dernier stade de fermeture face aux différences culturelles traduit un degré si intense d'expérience de la différence que l'individu qui le traverse cherche un refuge. Les personnes à ce stade recherchent une paix ou un confort qu'il est impossible de ressentir dans le stade de la Défense. A ce stade, on présuppose que toute l'humanité est régie par des principes communs de base qui guident les valeurs et les comportements. Les gens qui adoptent ce point de vue abordent généralement les situations interculturelles avec l'assurance qu'une simple conscience des patterns fondamentaux d'interaction humaine leur suffira pour assurer le succès de la communication. Un tel point de vue est ethnocentrique parce qu'il présuppose que les catégories fondamentales de comportement sont absolues et que ces catégories sont justement les nôtres ! Dans ce contexte, les différences ne sont que des variations sur un thème commun à toutes les cultures. A ce stade, les différences culturelles sont reconnues et tolérées jusqu'à un certain point. Par contre, ces différences sont perçues comme étant superficielles, ou comme pouvant constituer un obstacle à la communication. Cela se comprend du fait qu'à ce stade, on présume que la communication repose nécessairement sur un ensemble commun et universel de règles et de principes. Bien qu'à ce stade on démontre plus de sensibilité culturelle qu'aux stades précédents, on ne peut pleinement entrer dans la compréhension interculturelle comme le prétendent les gens qui traversent ce stade.

Acceptation: entre le stade de minimalisation et d'acceptation se fait un embrayage qui change radicalement l'attitude des gens face aux différences. Ce passage est marqué par une nouvelle manière de voir les cultures comme étant fluides et dynamiques, plutôt que rigides et statiques. Cette transition se  caractérise par un passage de la vision des différences comme des choses à la vision des différences comme des processus. D'un point de vue ethnorelativiste, les gens n'ont pas un comportement mais plutôt ils se comportent. Plus profondément, les gens n'ont pas de valeurs, mais plutôt ils valorisent quelque chose. Cette réinterprétation subjective permet d'éviter une vision statique de la culture telle que définie par Hall. A ce stade, les gens sont également perçus comme étant en quelque sorte co-créateurs de leur propre réalité. Cette vision de la réalité culturelle comme à la fois consensuelle et muable (en mouvement) constitue la base de l'ethnorelativisme, et est donc nécessaire à un plus grand développement de la sensibilité interculturelle. Il est possible à ce stade de concevoir d'autres cadres de référence culturelle que le nôtre, bien qu'on ne les comprenne pas toujours dans toute leur complexité. Les gens qui sont au stade de l'acceptation cherchent à explorer les différences et ne les perçoivent plus comme menaçantes. Ils acceptent le fait que des gens puissent avoir des cadres de référence culturels différents des leurs, et se réjouissent de ce fait. On les reconnaît à leur questionnement avide des gens de l'autre culture, qui traduit une volonté réelle de s'informer, et non pas de confirmer des préjugés. Le stade de l'acceptation souligne une ouverture dans sa vision des différences. Le mot-clé de ce stade est connaître ou apprendre.

Adaptation: accepter les différences culturelles comme non-figées permet d'y adapter son comportement et sa pensée. La capacité de modifier temporairement sa vision habituelle des choses constitue le coeur de la communication interculturelle. En contexte interculturel, changer ainsi sa façon de traiter la réalité témoigne d'une augmentation de la sensibilité culturelle. La forme la plus commune d'adaptation est l'empathie. L'empathie implique un changement temporaire des cadres de référence, où l'on perçoit des situations comme si l'on était l'autre personne. Lorsque cette autre personne utilise une vision du monde passablement différente de la notre, l'empathie se rapproche d'un changement de vision culturelle. Généralement, l'empathie est partielle, s'étendant seulement aux domaines pertinents à la situation de communication. Le comportement empathique se manifeste par des actions qui sont plus appropriées dans la culture cible que dans sa propre culture. Ces actions peuvent être simplement mentales,tel que le fait de formuler des questions acceptables, ou elles peuvent inclure la capacité de générer des comportements verbaux et non-verbaux coordonnés qui sont perçus comme étant appropriés par un membre de la culture cible. Adaptation aux différences culturelles suit l'Acceptation et souligne un changement au niveau de manières d'agir des personnes. Les gens qui traversent ce stade comprennent le cadre de référence de l'autre culture et sont capables d'agir en conséquence : ils sont en mesure d'empathiser avec les gens de l'autre culture. A ce stade avancé d'adaptation, les gens sont des pluralistes culturels, puisqu'ils sont capables de fonctionner dans plus d'un cadre de référence culturel. Ils sont devenus capables de faire spontanément le décodage des normes et valeurs qui expliquent un comportement dans sa logique culturelle. Le pluralisme culturel peut être également vu comme une capacité devenue habituelle d'empathiser. En résumé, l'adaptation aux différences en tant que stade de développement de la sensibilité interculturelle se traduit par l'habileté d'une personne à agir de façon ethnorelative. Cette habileté d'agir hors de son cadre culturel est basé sur une vision dynamique des différences, et est au coeur de la communication interculturelle. D'autres formes de comportements adaptifs, telles l'assimilation ou le pluralisme né de long séjours en cultures étrangères, peuvent sembler de la sensibilitéinterculturelle, mais en soi, elles relèvent plutôt d'une forme de mimétisme et n'ont pas la base développementale nécessaire à l'ethnorelativisme. Ce stade traduit un sentiment de sécurité par rapport à sa culture d'origine : on peut s'adapter sans se sentir menacé. Le mot-clé de ce stade est comprendre.

Intégration: l'intégration est le dernier stade d'ouverture face aux différences culturelles. C'est le sens qui sous-tend la description qu'Adler fait de la personne multiculturelle : cette personne n'est pas simplement la personne sensible à plusieurs cultures différentes. C'est plutôt la personne qui est constamment en train de devenir une partie de et qui se sent en même temps en dehors d'un contexte culturel donné. Elle se développe seulement après des séjours prolongés dans plusieurs endrois où l'on est mis en contact avec d'importantes différences culturelles. Dans le langage de ce modèle, une personne qui a intégré la différence est celle qui peut percevoir les différences en tant que processus, qui peut s'adapter à ces différences et qui, en plus, peut définir sa culture de plusieurs façons différentes. Une aptitude de la sensibilité culturelle à ce stade est l'habileté d'évaluer un phénomène en regard d'un contexte culturel donné. Cette aptitude, appelée évaluation contextuelle, permet de reconsidérer les jugements qu'on avait suspendu au stade de l'acceptation sans toutefois tomber dans l'ethnocentrisme. C'est en regard de tel ou tel cadre de référence culture qu'on évaluer les actions. La même action peut donc être jugée potentiellement " bonne " (culture A) ou " mauvaise " (culture B). En termes d'éthique individuelle, cela implique que les actions sont évaluées par rapport à un contexte culturel qu'on a soit même établi. A ce stade, l'individu intègre plusieurs cadres de référence dans sa propre manière d'être. Son système de valeur est extrait de ces différents cadres culturels, mais il n'en adopte aucun tout entier. Le fait qu'une personne ne s'identifie de manière absolue à aucune autre culture peut être positif. Cette marginalité constructive peut devenir un précieux outil en médiation culturelle. A ce point culminant de la sensibilité interculturelle qu'est le stade de l'intégration, une personne vit les différences culturelles comme un aspect essentiel et réjouissant de la vie.

Stratégies d'évolution d'un stade à un autre: Bennett propose aussi des stratégies d'évolution afin de favoriser les transitions d'un stade au suivant. En voici un résumé. Du déni vers la défense : une prise de conscience des différences ; De la défense à la minimisation : dépolariser les jugements négatifs, introduire les aspects positifs communs à toutes les cultures, voir les similitudes ; De la minimisation à l'acceptation : se rendre compte de l'importance des différences culturelles ; De l'acceptation à l'adaptation : encourager l'exploration intensive et la recherche (questionner pour connaître l'autre cadre culturel) ; De l'adaptation à l'intégration : tout ce qui permet de développer sa capacité d'empathie avec l'autre culture ainsi que sa capacité de communiquer interculturellement ; de l'intégration sans désintégration : préciser ou définir un cadre d'éthique personnel, servir de médiateur culturel où le fait de ne s'identifier complètement à aucune culture en particulier sera considéré comme un atout et non une faiblesse.

Maintenant,il ne reste plus qu'à utiliser cette échelle pour continuer à mûrir cette compétence et alimenter ce blog en présentant des anecdotes vécues ou entendues !

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