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Une Souris et des Hommes
21 mars 2009

France/Guyane - "Les enfants du fleuve": éléments de réflexions (1)

"Les enfants du fleuve. Les enfants du fleuve en Guyane française: le parcours d'une psy" est un livre témoignage d'une psychologue scolaire, Élisabeth Godon,  qui a travaillé pendant 4 années sur la circonscription du fleuve Maroni (villages majoritairement bushinengés). De manière à présenter davantage la vie et la culture de ces populations, à travers celle des enfants, ainsi que les problématiques liées à l'Education Nationale en Guyane, je me permets de retranscrire quelques morceaux choisis. J'y joins quelques photos de ma première excursion sur le Maroni, en complément des photos précédemment publiées.

"Les enfants du fleuve" - Extrait 1: "A la rentrée 2008,  les écoles élémentaires de Grand-Santi accueilleront, du moins nous le souhaitons vivement, plusieurs classes d'enfants âgés de 6 à 7 ans, non scolarisés auparavant: il faut créer des postes, les pourvoir en enseignants après avoir trouvé les salles susceptibles d'accueillir tout ce petit monde. A Grand-Santi, la majorité de cet effectif se trouvait déjà sur liste d'attente. Les syndicats d'enseignants d'une part, l' Observatoire de la non-scolarisation, mis en place par le rectorat dans le souci de voir la loi appliquée partout et pour tous d'autre part, ont effectué plusieurs recensements concernant les enfants non scolarisés en Guyane. Selon les sources, le nombre oscille entre 1000 et 3000. Certains enfants sont inscrits dans plusieurs endroits du Maroni, rive droite comme rive gauche. Ils sont scolarisés d'une manière que je qualifierais volontiers de "nomade", ce qui rend difficile une comptabilité précise. A Providence, qui se trouve quelque part entre Apatou et Apaguy, la naissance de certains enfants n'aurait même jamais été déclarée, ni au Surinam, ni en France. Mais ils font partie des enfants qui, se trouvant sur le sol français, doivent être scolarisés."

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Une école du fleuve

"Les enfants du fleuve" - Extrait 2: "Souvent, les enseignants ne prennent pas en considération les éléments historiques et médicaux (non traités parce que non reconnus et non identifiés par leurs parents) de leurs élèves. Ils maintiennent alors malgré eux ceux-ci dans une position de "non-sujet": pour de multiples raisons, dont ceux-ci sont propres à leur culture, les enfants du bord du fleuve Maroni présentant des handicaps ne reçoivent pas les soins auxquels, en France, ils auraient droit: il ne sont pas élevés dans le but de réussir leurs études, et ne sont pas préparés, physiquement et moralement, à celui d'apprendre à lire et à écrire à l'école française. Une des raisons, simple, est que l'école y existe que depuis trente, au mieux quarante années. L'évolution est maintenant évidente, les enfants doivent aller à l'école. Et les enseignants doivent leur reconnaître le droit d'être malvoyants, malentendants ou dépressifs, d'être comme tous les enfants du monde. Ils doivent s'étonner de ne pas voir de paires de lunettes sur le nez de leurs élèves, de, parfois, ne jamais entendre le son de leur voix, ne pas accepter qu'ils dorment en classe, aient faim ou présentent des traces de coups, ils doivent s'inquiéter lorsqu'ils parlent de "leur coeur qui  leur donne de grands coups dans la poitrine". Ils doivent s'étonner et s'inquiéter car ils ont en face d'eux des enfants, pas "des enfants du fleuve" qui auraient cette spécificité de pouvoir se passer des soins dont tous les enfants du monde ont besoin uniquement parcequ'ils ne les reçoivent pas. Ils doivent s'inquiéter car sinon, ce déni de leur souffrance revient à dire qu'ils ne reçoivent pas de soins parce qu'ils n'en ont pas besoin: ils sont différents en tout des élèves "prévus", ce qui devient un déni de leur statut d'enfant et s'apparente à une forme de racisme. Ils ne sont plus alors ni des élèves, ni des enfants, et se trouvent dans une position d'élèves implacable."

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L'Ecole du fleuve: la même qu'à Cayenne ou qu'en métropole ?

"Les enfants du fleuve" - Extrait 3: "Le danger pour les équipes enseignantes, dont l'un des principaux combats est la lutte contre l'absentéisme et le respect des droits de tous les enfants, est que les parents gardent leurs enfants devenus grands, et non scolarisables dans les structures présentes, dans le village, chez eux. Chez eux, cela veut dire travailler dans l'abattis et à la maison. S'occuper des plus petits et du ménage, entre autre. Ne plus aller à l'école. Il faut donc ne jamais cesser la lutte. Il faut, pour chacun d'entre eux, de la petite section au CM2 en passant par les CLIS, chaque année, deux fois dans l'année si cela est possible, monter des dossiers, effectuer des équipes éducatives, inviter les parents à venir parler de leur enfant, parfois de ses progrès, parfois des soucis qu'il génère. Toujours dans l'optique de trouver une meilleure place pour lui. Dans les écoles du fleuve, à aucun moment l'école ne doit oublier que si elle ne tente pas tout, et sans cesse, pour que les dossiers arrivent, complets et en temps, sur des bureaux et dans des commissions qui doivent étudier les devenirs des élèves concernés, alors ces derniers seront oubliés. On peut parfois se demander si, justement, il n'y a pas une volonté politique de les oublier. Si l'on ne profite pas de certains aspects des cultures traditionnelles pour ne pas intervenir, pour ne pas aider ces élèves venus d'ailleurs, ces enfants de plus en plus nombreux, de plus en plus instruits, curieux, battants, énergiques à devenir des citoyens français comme les autres. Donc susceptibles d'occuper un emploi comme tout le monde en Guyane ou ailleurs. De revendiquer ce droit au travail. Ne pas se donner les moyens de traiter les handicaps des enfants du fleuve comme ceux des autres enfants de Guyane ou de Toulouse n'est pas envisageable dans la France d'aujourd'hui. Sauf s'il s'agit d'une volonté d'ignorer, de ne pas voir. Cette volonté peut se réfugier avec beaucoup de mauvaise foi derrière la grande négligence de beaucoup et un soi-disant respect des cultures assez peu crédible vu le manque apparent de connaissances, de la part des décideurs, de ces cultures et des fleuves en général."

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Le collège d'Apatou. Et après ?

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20 mars 2009

France/Guyane - Une journée à Cacao

Cacao, un village étonnant de par son histoire, son environnement, et des personnes accueillantes. La route menant à cette petite bourgade de l'est guyanais s'avère, sur les 13 derniers kilomètres, être une piste plus ou moins abimée. La forêt est là, entourant l'ensemble de la route, les sentinelles (oiseaux) informent ses habitants de notre présence, et la magie opère, quand ce château, directement inspiré de l'univers de Tolkien, apparait, envahi petit à petit par une végétation aussi belle qu'imposante.

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Le panorama est par moment saisissant, laissant  une vue sur la forêt guyanaise splendide.

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Qui sont les habitants de Cacao? Des personnes qui se sont remarquablement bien débrouillées lors de leur arrivée à partir de 1977, du Laos. Cacao est un village Hmong.

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Une journée à Cacao: éléments d'histoire. Issus de la région tibétaine, le peuple Hmong s'est, en 2000 ans, installés dans différents pays d'Asie. 2 millions en Chine, 800 000 au Vietnam, 300 000 au Laos: ainsi étaient réparti le gros de la population Hmong avant 1975. Ils vivaient toujours dans les hauts-plateaux. Peuple de montagnards à l'origine donc, mais par la suite également pour des raisons de survie: pourchassés de tous temps en raison de leur différence culturelle par les autochtones de tous les pays ou ils ont cherché à s'installer, ils se sont toujours réfugiés sur les crêtes. Alliés des français pendant la guerre d'Indochine, puis des Américains pendant la guerre du Vietnam, ils furent après le départ des américains et l'arrivée du Pathet Lao (parti communiste qui a pris le contrôle du Laos en 1975)  prirent pour cible par le pouvoir en place. La plupart demandèrent à partir aux USA, mais mille se virent proposer une installation en Guyane, pour fonder un village à vocation agricole. Ils furent ainsi installés à Cacao, dans la commune de Roura, ainsi qu'à Javouhey, dans la commune de Mana. Cacao n'était alors qu'un ancien village du bagne, abandonné. Au prix de nombreux efforts, les Hmongs ont commencé à défriché, construire ce village et mettre en place de petites exploitations agricoles. Aujourd'hui, ils sont les plus importants producteurs de fruits et de légumes du département, comme on le peut le voir au marché de Cayenne.

Une journée à Cacao - acte 1: l'arrivée au village. Une heure de voiture environ, puis une piste menant à de somptueux panoramas sur la forêt guyanaise, comme ci-dessus. Des sentinelles (oiseaux) dans les arbres: nous sommes repérés, la  jungle le sait. Des bambous étonnamment grands, une piste parfois délicate, mieux vaut un 4*4, des cultures qui commencent à apparaitre. Et cet étonnant château. Le château "des choses dernières". Inspiré du seigneur des anneaux - oui oui, c'est vrai -, construit par un passionné de l'époque médiéval, il commence gentiment à se faire couvrir de plantes grimpantes aussi belles qu' imposantes. Puis, après ces péripéties maîtrisées par Hervé (copain du Rectorat), nous voilà arrivés au village.

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Une journée à Cacao - acte 2: la découverte du marché. Le marché de Cacao. Chaque dimanche matin. Étant arrivés à 9h30, nous avons pu profiter de moments authentiques, durant lesquels quasiment seuls les locaux étaient présents. La plupart des clients arrivent vers les 11h00. Le marché: des fruits, des produits alimentaires faits par les hmongs et délicieux, et des objets d'artisanat, notamment de la broderie. Splendides éléments. Un art maîtrisé. Visite du marché, puis dégustation d'une soupe hmong. Délicieuse, mais attention à ne pas mettre trop de piment...j'ai fait l'expérience en en mettant beaucoup trop, tout mon visage l'a ressenti pendant 30 minutes. Des larmes trop irritantes  pour ouvrir les yeux. Aie.

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Une journée à Cacao - acte 3: visite du musée le planeur bleu." "le planeur bleu". Étonnant nom pour cette association présentant une collection de spécimens vivants de mygales et autres beautés, mais aussi de papillons morts, d'insectes endémiques de la Guyane, ainsi que de richesses archéologiques de la Guyane. On y apprend, lors d'une présentation par un passionné de ces bébêtes, qu'il n'y a aucun risque mortel par une piqure de mygale en Guyane, ou encore que la dangerosité d'un scorpion est inversement proportionnelle à la taille de ses pinces, et qu'il existe selon cette règle un scorpion potentiellement mortel en Guyane. On y découvre aussi des scolopendres, dont, selon mes souvenirs, les piqures ne seraient pas mortelles non plus, en ce qui concerne les spécimens guyanais.

Parmi les papillons, citons les Brassolidés, papillons diurnes mais qui volent à l'aube et au crépuscule, ce qui les fait ressembler à des nocturnes (photo de gauche). Citons aussi les Caligos, ou "papillons-chouettes" en référence à leurs deux formes oculaires au "verso" ressemblant à des yeux de chouettes et effrayant leurs prédateurs, les oiseaux (au centre). Pourquoi ne pas citer également les Baeolus, surprenant par leur différence entre le recto (bleu ou orange) et le verso (blanc). Les morphos, emblèmes de la Guyane, sont aussi présentés, ainsi que certains  lycénides. Ce n'est bien sur qu'un petit éventail des nombreuses espèces de papillon d'Amazonie. La mouche cacahuète m'a quant à elle étonné!

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Mais au fait, d'où vient cette étonnante biodiversité des zones intertropicales ? Comment s'est elle formé au cours de l'évolution? Écoutant RFI le soir, j'ai en tête cette réponse d'un éminent biologiste ayant beaucoup travaillé en Amazonie. Il y a perte graduelle de biodiversité des tropiques vers les pôles et cela serait à la différence entre les facteurs qui influent cette biodiversité. Sous les tropiques, l'absence de facteurs physiques tels que le froid permet à des facteurs biologiques d'agir tout au long de l'année sur la faune. Par facteur biologique, il faut comprendre que les relations entre espèces sont sources d'évolution, c'est à dire de co-évolution. Un exemple connu est celui de la relation entre le papillon Heliconius et la passiflore...la passiflore va au fil des générations développé de nouvelles techniques de protection contre ce papillon, (imitation des œufs, développement d'une toxine etc) et cette évolution va inciter le papillon à évoluer à son tour. Or, ces facteurs biologiques, au lieu d'agir durant 12 mois, ne peuvent se développer que pendant l'été en zone tempéré telle qu'en Europe...d'où cette théorie des biologiques de l'évolution sur les causes de l'existence de gradients de biodiversité avec la latitude. 

Revenons à nos moutons scorpions en allant découvrir les espèces vivantes présentes dans ce musée. Celui-ci par exemple, ne vient pas de Guyane. Splendide, et relativement peu dangereux, à la vue de ses pinces.

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Le passionné qui nous présente son musée vivant n'a pas fini de nous surprendre en nous proposant de prendre dans nos mains cette étonnante araignée cavernicole d'Amérique centrale, que vous pouvez voir dans son élément en jetant un coup d'œil à cet article ami. Les mygales ne sont pas les seules reines en leur pays ! D'ailleurs, cette araignée cavernicole est la seule que l'on peut prendre en main dans un musée français: elle n'a aucun venin, à la différence d'une pourtant inoffensive matoutou.

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Voilà encore quelques espèces locales. Les phasmes sont particulièrement géniaux à observer dans la nature. Les mantes religieuses et autres sauterelles ne sont pas mal non plus!

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Cependant, la Guyane n'est pas seulement connue pour sa nature, mais aussi pour son passé...les bagnards étaient envoyés ici, et certains objets permettent de ne pas l'oublier.

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Une journée à Cacao - acte 4: la visite du village. Ce village étonnant. Lorsqu'on s'y balade, on n'ose imaginer le travail qui a été fourni pour en arriver là. Une balade très agréable. On s'y promène au milieu des ramboutans, arbres et fruits de la famille des litchis. C'est la saison, c'est bon et peu cher: de bonnes raisons pour en manger presque tous les jours! Et puis il y a cette église, ces maisons, cette station service...chaque rue offrant son brin de dépaysement.

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Cacao, un dimanche de mars 2009. Une belle journée.

15 mars 2009

France/Guyane - Du côté de la nature: découvertes ornithologiques (2)

Le jardin des guyanais est la forêt amazonienne. Mais n'imaginez pas que c'est le seul paysage de ce DOM vert...hé oui, qui dit Guyane dit côte, et en cette belle journée du 5 mars, c'est dans un écosystème inédit pour moi - non pas en 5 mois de Guyane mais bien en 28 ans de vie - que j'ai réalisé ma première sortie à visée intégralement naturaliste, avec le GEPOG, association d'ornithologues. Quel est cet écosystème ?? En fait, il y en a deux. Le premier, qui sera le principal site d'observation, est une splendide vasière.         

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Le second est l'écosystème végétal qui pousse autour et évolue très rapidement: une mangrove.

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La côte guyanaise...découvrons là en citant ce très beau livre que je recommande à tout amoureux de la nature. 300 km, délimitée par deux estuaires (du Maroni et de l'Oyapock). Très influencé par le tout puissant Amazone, son littoral est particulièrement dynamique, évoluant sans cesse au gré de l'érosion, ou, au contraire, des dépôts de sédiments. Sauvage et difficile d'accès, le front de mer est le lieu de confrontation direct entre la mangrove et l'océan. Ce n'est qu'à de rares endroits qu'apparaissent des plages de sable...hé oui, la Guyane a de très belles plages, mais, je le découvre par cette lecture, elles sont loin d'être nombreuses. Surpris, maintenant je comprends enfin pourquoi les tortues viennent pondre seulement à quelques endroits du littoral...forcément! D'ailleurs, ça tombe bien, l'une de ses grandes plages est à 10 minutes en vélo de chez moi...Aussi, cette côte est avant tout l'occasion d'observer des concentrations importantes de limicoles...limicoles ? Du latin limicola, de limus, "vase, boue" et colere, "habiter"...et en cette belle fin de journée, c'est donc à marée basse que je vous emmène ausculter cette splendide vasière découverte par la mer. Comme quoi, la vase de mangrove ne sert pas seulement aux Natural Tribal !

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La vasière, interface physique périodique entre mangrove et océan

Cette belle vasière offre une nourriture abondante à nombre d'aigrettes. Ainsi, devant nous, observateurs du moment, se baladent et chassent, de manière caractéristique, de splendides aigrettes bleues. Habitante du nouveau monde, elles fréquentent en Guyane toute la zone côtière et semblent se limiter aux vasières du littoral, exception faite des rizières de la région de Mana. L'aigrette bleue, au même titre que tous les autres hérons de Guyane, est entièrement protégée en tout temps et en tout lieux.

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Sa "cousine" est l'aigrette tricolore. Elle se différencies de l'Aigrette bleue par son ventre entièrement blanc, et par son mode d'alimentation, une pêche à l'affut. Oiseau du Nouveau Monde, elle affectionne en Guyane les vasières, les mangroves et les criques soumises à l'influence des marées. Elle est également entièrement protégée.

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Une belle aigrette neigeuse chasse à la limite de la mangrove. Blanche de plumage, aux pattes et bec noirs, elle a aussi les pieds jaunes, tout comme une partie de peau nue à la base du bec.   

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Autre joli héron du littoral guyanais mais présent dans beaucoup de pays du monde, le Bihoreau violacé. Héron qui, lorsqu'il n'est pas persécuté, peut être très familier et nicher en pleine ville ou dans des parcs très fréquentés, comme à Georgetown au Guyana.

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Alors que je reste admiratif devant ces somptueuses aigrettes, mon regard se tourne vers la droite, à l'arrivée d'une population de mouettes...accompagnant, comme souvent, un pêcheur venu chercher son repas. Combien d'espèces peut on y voir ?? Petit jeu...la réponse est déjà citée. Alors ? Je suis sur que les écologues amateurs l'auront deviné...Une seule ! Hé oui, en écologie fondamentale, une population désigne l'ensemble des individus d'une même espèce qui occupent simultanément le même milieu. Et je suis certain de ma réponse: il n'y a qu'une seule espèce de mouette en Guyane, la mouette atricille. Fidèle compagne des pêcheurs guyanais, elle profite en particulier des très nombreux déchets rejetés par les crevettiers qui relâchent environ 90 kg de poissons morts pour seulement 10 kg de crevettes prélevées.   

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Mais revenons à nos limicoles. Voilà un petit oiseau fort sympathique à observer, le bécasseau semipalmé. Sans aucun doute, ce bécasseau est le limicole le plus abondant en Guyane, présent par centaines de milliers aux époques les plus favorables. Grand migrateur se reproduisant dans l'extrême nord de l'Amérique (Alaska), ses effectifs sont, selon l'ornithologue présent en cette soirée, en chute libre...problème de disparition de son habitat. Sa manière de sonder la vase avec son bec pour chasser est plutôt marrante à regarder.

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La parole est lancée: "regardez là-haut, en voilà". Je lève la tête, et les vois. Je prends une photo, que je recadre, puis je colle mes yeux à ma paire de jumelle. Majestueux. 4 ibis rouges en vol. L' ibis rouge, un des symboles de la Guyane. Splendides. Un plumage remarquable, un bec en courbe caractéristique. En Guyane, ils se rencontrent presque exclusivement sur les vasières et lagunes littorales, et dans la mangrove en front de mer, et les estuaires. Considéré comme un gibier jusqu'à 1984, très chassé, on en trouvait sur les marchés guyanais et dans de nombreux restaurants. Chassé en second lieu pour son plumage, il a ainsi failli disparaître de la Guyane. Aujourd'hui protégé par arrêté ministériel, le statut de l'espèce reste cependant précaire en Guyane (4500 couples en 1995). Voila d'autres infos.

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Les observations ne s'arrêtent pas là, mais toutes ne sont pas photographiées..grande aigrette, spatule, moucherolle pie, balbuzard pêcheur sont d'autres espèces observées en cette belle soirée de mars. Ce moment précieux, terminé par une averse, restera dans ma mémoire. Un moment simple et accessible à tous, qui rendra certains insensibles mais qui suffit à véhiculer en moi de belles d'émotions. Voir ce monde naturel évoluer dans son milieu, découvrir et ressentir cette nature si présente en Guyane, profiter de ce séjour pour vivre davantage l'ornithologie, observer des nouvelles espèces, rencontrer des passionnés locaux. Cela ne demande pas d'argent et suffit largement à embellir mon séjour. D'ailleurs, cette première excursion me décide à ne plus laisser passer de temps: j'adhère au GEPOG pour réaliser le plus possible d'excursions ornithologiques, et sans doute également à la SEPANGUY, une autre association qui organise plutôt des sorties plantes et insectes. De beaux moments en perspective...          

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Et la mangrove continue de se déplacer sur les bancs de vase...

6 mars 2009

France/Guyane - Carnaval 2009: Balade au coeur des Natural Tribal

La grande parade de Kourou est le grand défilé des groupes de l'année, mais cela n'empêche pas que Cayenne ait aussi le sien! Aussi, Dave, un pote rencontré via Couchsurfing, me proposa de me joindre à lui pour vivre le temps d'un week-end au sein d'un groupe étonnant de ce carnaval: les Natural Tribal. L'association du même nom a été crée par Tony Riga, artiste guyanais, qui, sensible au nombre de déchets jonchant les bas-côtés des routes guyanaises, décidait, il y a une dizaine d'année, de défiler au carnaval en créant des costumes à partir de tout déchet jonchant les routes, et tout objet naturel: bois, vase, déchets verts plus généralement. Un costume crée par défilé et à moindre frais. Aussi la thématique  de cette année était la création d'une armée de guerriers du futurs, pacifiques (sans armes) et écolos.   

La préparation du char, la finalisation des costumes par les participants et la mise en scène de la musique eut lieu en cet agréable samedi 21 février.

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Mais c'est bien dimanche 22 février que la parade eut lieu à Cayenne. Appréciez le char, étonnamment décoré et enduit de vase de mangrove: un style, sans aucun doute, et un vrai trône pour le roi de l'armée. 

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Tout est emmené à proximité du départ de la parade: char, objets et costumes. C'est à ce moment là que commence la dernière ligne droite, à savoir l'habillage de chaque participant...une des règle de la journée: tout le monde enduit de vase de mangrove. 100% naturel. Et hop, c'est parti !

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Puis chacun aide son voisin pour améliorer l'enduit, puis décorer avec patience et assiduité visages, cheveux et toute partie charnelle possiblement oubliée. Il n'y a pas grand-chose à ajouter, les photographies sont bien plus parlantes!

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Petit à petit, la préparation avance, et apparaissent d'étonnants déguisements...de belles décorations, de savantes inventions, de surprenantes idées. Difficile de trouver le bon qualitatif. De l'originalité, à n'en point douter. La créativité est peu enseignée dans l'éducation française, et je suis certain que peu de personnes développent leur potentiel artistique et créatif. Participer à ce genre d'évènements est une bonne solution pour développer son imagination.

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Tous les costumes ont leurs particularités. Tous sont beaux, certains sont splendides.

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Voilà encore quelques photos de cet étonnant groupe...Un vrai plaisir d'avoir pu les suivre tout un week-end. Je ne connais pas leur classement, mais ce groupe a le mérite de créer ses costumes pour chaque défilé, avec 0 achat. C'est moins le cas de la majorité des autres groupes. le Carnaval serait il devenu davantage commercial qu'auparavant? Ce serait le cas selon la discussion que j'ai eu avec un guyanais. Ce n'est pas pour ça que c'est pas bien et que ça ne vaut pas le coup! Hé puis ici, c'est un élément important de la culture guyanaise, non pas comme la fête d'halloween, purement commerciale en France, par exemple. Voilà encore quelques photos, d'autres seront rajoutées lors de la création de l'album. 

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Un beau week-end que ce défilé au sein même de ce groupe alternatif, qui m'a vraiment plu et fournit parmi les plus beaux costumes du carnaval. 100% écologique, économique, avec une grande originalité conceptuelle, une créativité artistique étonnante et une bonne ambiance. De belles rencontres !

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