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Une Souris et des Hommes
26 février 2009

France/Guyane - Carnaval 2009: la grande parade du littoral de Kourou

Le Carnaval de Guyane....moment particulier qui réveille l'âme endormie des villes du département. Le Carnaval est à la Guyane ce que la Saint Patrick est à l'Irlande: une grande fête, une ambiance qui métamorphose les villes et ses habitants. Bien sûr, l'origine des deux fêtes n'est pas comparable. D'ailleurs, il est certain que Vaval était une fête antérieure au christianisme. Je vous emmène donc à la grande parade de Kourou, un moment clé du Carnaval, là où se rassemble l'ensemble des groupes - venus des Guyanes, du Brésil, des Caraïbes etc - pour défiler à travers la ville, embellis par de subtils costumes, sous des airs de musique...carnavalesques, où danseuses et musiciens enluminent le défilé.

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Le carnaval peut être expliqué à travers son histoire, ses acteurs, ses costumes et ses bals. Passons son histoire, que je connaitrai mieux dans un an. Ses acteurs ? Les défilés de groupe...ils se font notamment pendant les parades, telle que celle de Kourou, la plus grande parade carnavalesque dont voilà les premières photos. Près de 2000 personnes y participent. A l'issue de la grande parade, un jury composé de professionnels décerne des trophées aux groupes carnavalesques en fonction de critères bien précis: les costumes, les chants, la musique et la créativité. Une  cinquantaine de groupes ont défilés cette année. Ils proviennent du plateau des Guyanes (Guyane, Suriname, Guyana), des Caraïbes (Antilles françaises, Haiti , Trinidad-et-Tobago etc), du Brésil, de métropole et d'autres pays.

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Aussi les costumes peuvent être variés: parfois masqués, souvent colorés, ils sont moins qu'avant confectionnés, pour chaque parade, mais de plus en plus loués. Toutefois, cela n'empêche pas que les costumes soient résussis et photogéniques.

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La grande parade de Kourou fête ses dix ans. Dix ans d'existence, dix ans de progrès, pour atteindre l'excellence. Cette année, ce n'est pas moins de 50 à 60 groupes qui étaient attendus, dont 45 groupes officiels plus les groupes de dernières minutes. Quasiment toutes les communes du littoral étaient représentées, dont 23 groupes de Kourou. L'animateur qui présentait les groupes était particulièrement bien déguisé (photo de droite). 

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Le carnaval n'est pas composé uniquement de défilés mais aussi des "universités du samedi soir", lieux tel que Polina et Nana à Cayenne ou se retrouvent danseurs et Touloulous. Les Touloulous ? Des personnages à priori féminins, mystiques et garants de la tradition carnavalesque. Entièrement déguisées, elles invitent à danser un homme de la salle. Une règle sacrée veulent qu'elles restent anonymes...

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Je ne suis pas allé aux soirées Touloulou mais en revanche ai été au sein d'un groupe original aux costumes à bas prix et très réussis, les Natural Tribal. Un moment très enrichissant...mais avant cela, voilà encore quelques photos de la parade, rien que pour vos yeux. D'autres seront ajoutées dans les albums photos consacrés à la Guyane.

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25 février 2009

France/Guyane - Excursion sur l'Oyapock: Trois Sauts

Départ de Vila Brazil le lendemain matin et c'est parti pour 9 heures de pirogue afin d' arriver à Trois Sauts, village le plus reculé de la Guyane. 9 heures: un trajet Camopi-Trois Sauts ou un vol Paris-Cayenne moins cher que le trajet en pirogue. Étonnante comparaison. 9 heures d'aventures, tant dans ma pensée que sur le terrain...oui,9 heures durant lesquelles je m'aventure à imaginer - et espérer - voir un anaconda sur une rive, découvrir et continuer à voir ces oiseaux multicolorés et de genres variés, penser à cette Guyane envoutante, à finaliser mon projet guyanais, à profiter, tout simplement. Au final, 9 heures, un léger mal de fesses, un décor somme toute peu variable mais qui me plait, et une faible quantité d'espèces observées: quelques tortues et une dizaine d'espèces d'oiseaux. 9 heures de joie, malgré la pluie équatoriale qui s'abat sur nous en fin de parcours, malgré notre obligation de tous sauter dans l'eau - à hauteur des cuisses - pour pousser la pirogue au niveau d'un saut. En Guyane, le terrain, c'est ça.

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La Guyane offre plus d'aventures que le dernier Indiana Jones dans le vol Paris-Cayenne!

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Arrivée à la tombée de la nuit, trempé...tout le village vient vers nous...l'arrivée de tant de personnes , dont le maire, est particulièrement rare à Trois Sauts, "loin de tout" et protégé par arrêté préfectoral.   

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L'équipe s'installe dans le carbet du village, je pose le hamac, et après un repas frugal, une nuit réparatrice s'offre à moi.

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Le lendemain, passage à l'action avec notamment une réunion qui restera dans ma mémoire probablement à vie. Une première grosse réunion durant laquelle je représentais mon service, et durant laquelle je dus m'exprimer devant une quarantaine de personnes, dont 20 amérindiens du village qui écoutaient et traduisaient avec attention mes paroles. Pfiou, je ne m'attendais pas à cela ! Et comme me l'a dit un habitant du village, j'étais blanc, puis rouge, puis blanc :). Un moment mémorable...La journée fut consacrée au travail. Certaines discussions furent très intéressantes, et certaines rencontres étonnantes, tant avec les amérindiens qu'avec le personnel enseignant. Voilà un aperçu du lieu de vie. Une famille nous a offert une cassave, à savoir une galette cuite de manioc. L'abattis (culture sur brûlis familiale)  photographié est justement planté de manioc.

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Une petite recherche internet m'apprend que le manioc, cet arbuste vivace, est originaire d'Amérique du Sud et en particulier du plateau des Guyanes. Il est toutefois largement cultivé et récolté comme plante annuelle dans les régions tropicales et subtropicales. On consomme généralement ses racines tubérifiées riches en amidon, mais aussi ses feuilles en Afrique, Asie et dans le nord du Brésil. Le couac, que j'avais découvert sur le Maroni, est une forme de farine - ressemblant plutôt à  une semoule sèche plus ou moins grossière de couleur allant du jaune vif au gris en passant par le blanc - et tient une place culturelle importante ici, en Guyane. Une visite des différents sites du village nous permet ensuite d'arriver au niveau des sauts qui lui donnent son nom. Une petite plage féérique permet à tout le monde de profiter de l'eau, qui plus est non polluée: la région de Trois Sauts n'est pas aurifère. Vous pouvez voir la tenue vestimentaire des amérindiens de Guyane, le kalimbe. L'enseignant au premier plan l'a adopté. 

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La journée s'achève et un petite diagnostic animalier du carbet peut être fait. Mis à part les chauves-souris, qui posent un réel problème d'hygiène dans les habitations (le guano engendre des problèmes de santé), mis à part les nombreux serpents que craignent toute la population - il y a une fréquence d'une morsure tous les trois mois au sein du village - quels sont les animaux observables au sein même du carbet ? Tout d'abord, cette espèce d'araignée qui peut faire mal, mais qui n'est pas à priori pas dangereuse...précision importante, vu le nombre relativement présent dans le carbet.

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Puis une copine des guyanais, la Matoutou, une grosse araignée mais petite mygale assez commune autour des habitations, y compris sur le littoral, et qui est inoffensive...le bout de ses pattes est d'un joli orange. D'un autre point de vue, signalons aussi les nombreuses volailles qui se rencontrent sur tout le village et sont un aliment de base des locaux. Je gouterai un morceau de poulet fumé et boucané sur le chemin du retour: un vrai délice.   

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Et gardons le meilleur pour la fin avec ce beau scorpion à la piqure douloureuse mais non mortelle d'après une discussion que j'ai eue. La rencontre la plus dangereuse de la semaine, surtout pour lui...

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Cette journée étonnante, je la prolonge pendant une bonne partie de la nuit en restant immobile dans mon hamac, guettant les sons et humant les odeurs d'une Amazonie en pleine action, profitant de ce moment fort. Le lendemain, réveil en douceur et retour sur Camopi, avec un peu de pluie. Petit arrêt autour d'un carbet, pour manger et prélever les nombreux piments de quelques arbustes. Ananas , bananes rouges et noix de cajou sont aussi au rendez-vous.

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La descente vers Camopi continue. Arrêt soudain. Un iguane est repéré par le piroguier et maire. Un potentiel repas que seul lui et son compère amérindien descelleront, au milieu des lianes...demi-tour et tentative de le tirer. Échec du tir. De l'autre côté de la rive, dans la canopée, les perroquets, des aras peut-être, crient leur inquiétude au son de l'arme. Impressions amazoniennes. L'iguane se laisse emporter par la gravité et plonge dans l'eau, sain et sauf. Les perroquets, sentinelles improvisées, nous voient partir. Au revoir l'Oyapock.  

20 février 2009

France/Guyane - Excursion sur l'Oyapock: Camopi

"Après cela, tu pourras dire que tu es allé au fin fond de la Guyane !" C'est en ces mots que mon chef résumait cette mission de 5 jours sur le fleuve Oyapock, de Saint-Georges à Trois Sauts en passant par Camopi et son opposée, Vila Brasil.

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Bien sur, mes tâches étaient nombreuses et je n'étais pas là pour faire du tourisme! Mais il est vrai qu'en ce lundi 2 février, c'est le cœur joyeux que je rejoins une équipe de la circonscription académique et m'en vais pour une excursion qui s'avérera mémorable. Le trajet de Cayenne à Saint-Georges peut paraître long et monotone...mais des divertissements existent. Typiquement: compter le nombre de voitures abandonnées aux mains des garimpeiros, ces clandestins brésiliens à la recherche d'or dans la jungle amazonienne, et particulièrement en Guyane...Cette route, relativement dangereuse la nuit en terme de sécurité, a vu l'installation d'un poste de contrôle de manière à baisser le nombre de braquages. Lors de mon aller-retour au Brésil pour le nouvel an, j'avais comptabilisé 52 voitures...les éclats de balle sur l'express du milieu font froid dans le dos, peut-être ont ils été tirés après-coup ?

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Arrivée à Saint-Georges, petite commune que j'apprécie particulièrement pour son ambiance calme et latine. Je n'y vivrais probablement pas, mais c'est une commune à voir en Guyane. Comme à Cayenne ou Kourou, quelques chiens errants, ici ou là. Un cas de rage avait été diagnostiqué ces dernières années. Petit problème dans la gestion des déchets ici, semble t'il ?

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J'arrive avec l'équipe au point de départ de l'excursion, saut maripa, considéré par certains comme le plus beau des sauts (rapides) de Guyane. C'est parti pour plusieurs heures de pirogue. L'Oyapock est le deuxième fleuve de Guyane par son importance et fait 370 km de longueur. Beaucoup moins habitées que celles du Maroni, les rives restent ainsi davantage sauvages...Quelques petits villages, souvent dépendant de l'orpaillage, existent tout de même sur la rive brésilienne.

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Après quelques heures de trajet, arrivée en début de soirée à Camopi, découverte du village, réunion de travail et départ pour l'autre rive, Vila-Brasil, un village ou réside une cinquantaine de résidents permanents. Ce site explique que "tout n'y est que commerce: bars-dancings, épiceries, menuiseries, restaurants...il a dans un premier temps été construit pour alimenter les sites d'orpaillages en matériel, carburant et nourriture", et il profite maintenant de l'argent dépensé par les amérindiens (RMI et allocations familiales). Ainsi, ici, on paye en reis, en euros, ou en or. L'orpaillage clandestin, sujet que je traiterai dans ce blog, n'est pas une mince affaire...En tout cas, belle maison d'hôte et accueil très sympa du couple de brésiliens qui le tient. Quant à la vue, no comment !  

 

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Averse au cœur de l'Amazonie guyanaise

Que dire de Camopi ? Ce village isolé, ou les conditions de vie ne sont pas faciles pour les personnes du littoral ou de métropole, ne laisse pas indifférent. Certaines personnes, comme ce directeur d'école (la photo n'est pas celle du directeur) au sacré parcours, y sont depuis plusieurs années, et se battent remarquablement pour faire avancer l'école. Des personnes amérindiennes envers lesquels la politique sociale française a, d'après certaines études, artificiellement développé des besoins et intensifié la situation de "dépendance", avec comme conséquences possibles un alcoolisme croissant et des taux de suicides importants, même si d'autres facteurs sont probablement en cause. En effet, l'Etat a introduit le RMI et les allocations familiales dans la vie des personnes de ces villages. Une discussion intéressante avec le directeur guadeloupéen de l'école du village de Trois Sauts, explique l'évolution qu'il perçoit au sein du village. Il y a encore dix ans, les habitants ne cherchaient à descendre à Saint Georges qu'une fois par an...avec l'arrivée des aides sociales, il est devenu fréquent qu'ils descendent l'Oyapock une fois tous les deux mois, notamment pour utiliser cet argent dans l'achat de produits de consommation. Bien sur, je ne me permettrais pas de donner un avis sur ces politiques sociales de l'Etat. Mais vous imaginez les questions de fonds que cela pose, par exemple dans le cas de l'Education Nationale. Plus de 2000 enfants ne sont pas scolarisés en Guyane, (d'après le quotidien France-Guyane d'aujourd'hui) certains viennent de ces communes. Ces personnes amérindiennes sont eux aussi confrontés à cette globalisation de l'économie. Imaginez aussi qu'Internet arrive au sein des villages amérindiens. Quel sera l'effet sur la vie quotidienne des habitants de ces villages ? Je vous invite à lire cet article, écrit par un enseignant de Camopi, qui y explique son rôle, et la vie de tout les jours, avec  en bonus quelques photos. Nous sommes en zone protégée du tourisme, et l'accès à Camopi et Trois Sauts nécessite une autorisation préfectorale. Photos de personnes interdites !

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