France/Guyane - Week-end aux Transamazoniennes
La Guyane est un territoire relativement enclavé et surtout peuplé le long du littoral, où les trois principales villes, Cayenne et Kourou à l'est, et Saint-Laurent-du-Maroni à l'ouest, se trouvent. Les trois villes ont une ambiance propre, Kourou étant la ville du centre spatiale, Cayenne regroupant les administrations et Saint-Laurent une ville frontalière avec le Suriname. Saint-Laurent est également à la source d'un festival au nom évocateur, les Transamazoniennes, festival important ici mais restant de taille modeste (1 seule scène...) et où nous avons donc décidé d'aller en ce week-end du 25 octobre. Ce festival est un festival international des cultures d'Amazonie, et se veut un lieu incontournable pour promouvoir la musique des différentes communautés guyanaises, mais aussi du plateau des Guyanes plus généralement, du Brésil, des Antilles, et un certain nombre de grosses pointures internationales, notamment jamaïcaines ou africaines.
Samedi 25 octobre, 13h30, Kourou, un parking, un soleil de plomb, 7 moustiques et autant de loustiques : Eric et ses compères: Steph, Kamal, Luis, Sandra, moi-même et Virginie, de passage en terre guyanaise. 2 voitures, quelques bières, quelques jus-de-fruit, une bonne dose d'énergie et une grande envie de rejoindre le camp de la transportation de Saint-Laurent, ancien bagne. La route est longue, et durant 3 heures environ, y défilent forêt vierge, savane (devant), marécages (au fond).
Premier arrêt à Iracoubo, petite commune calme où le temps semble arrêté...Un endroit bien dépaysant, et un vrai bonheur. Second arrêt pour se baigner dans une crique, mot local désignant une rivière. C'est le PIED!! Eau douce tropicale au moins à 25°C, nature sauvage, soleil. C'est beau, calme et vraiment agréable.
L'eau des criques amazoniennes offre de subtils et splendides reflets brun et or, qui me rappellent parfois certaines rivières irlandaises...mais seulement à la couleur ! D'où vient elle, cette couleur ? Probablement de l'humus (matière organique des sols), mais je le vérifierai lorsque je me pencherai, par intérêt personnel, sur les sols de Guyane. Ces rivières d'eau douce tropicale me permettent d' observer ces petits poissons qu'on voit en jardinerie, des Cichlidés de type Apistogramma et des petits Characidae proches des néons...Certaines peuvent sourire à cette lecture, mais en ce qui me concerne, j'apprécie les voir dans leur milieu ! D'ailleurs, ici, pour se faire un aquarium d'eau douce tropicale, il suffit de prendre un filet. Ceci dit, il est aussi très intéressant de lever la tête...
Un mouton paresseux (ou paresseux , ou aï) s'accroche au bout de l'arbre pour y grignoter quelques feuilles ! C'est un très beau moment que de voir ces habituels bêtes de documentaires animaliers dans leur milieu naturel, et de se rendre compte de leur beauté. Il s'agit ainsi du premier mammifère que je vois en vie en Guyane, et il est beau et semble bien plus agile que je ne l'imaginais. Cette petite crique offre encore de belles possibilités de photos...
...mais la route n'est pas terminée et il faut repartir après cette pause plus qu' agréable, sur une route assez délicate car plutôt longiligne sur trois heures.
Quelques dizaines de minutes après le départ de cette crique, arrivée à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville et sous-préfecture de Guyane. J'entends parler en bien de cette ville depuis mon arrivée, pour sa culture à priori "reggae" et les soirées qu'on y passe. Située à proximité de l'embouchure du Maroni, le fleuve roi de Guyane, elle est le point de départ des pirogues pour rejoindre le Suriname via la commune d'Albina et les communes guyanaises construite le long du fleuve Maroni. Beaucoup d'ethnies y cohabitent, et en particulier de Bushinéngué, que j'aurai le temps de vous présenter. Plus d'explications sur cette ville suivront dans le futur, mais pour le moment, revenons-en à notre arrivée à Saint-Laurent, et aux premières vues apparaissant sur le Maroni, et aux couleurs légèrement amplifiées par l'appareil. Un endroit splendide.
Après un apéro légèrement arhumatisé, la soirée se déroule au camp de la Transportation (ancien bagne). Les concerts se succèdent, entre groupes locaux en début de soirée, puis tête d'affiche de plus en plus importantes. La bonne surprise est pour moi ma découverte de Daby Touré, dont je mettrai le myspace en lien sur ce blog, et qui a vraiment assuré. Puis vient la star de la soirée, Gregory Isaacs, jamaïcain de l'époque de Bob mais plus loveur que rasta, et enfin, après quelques groupes locaux, Diblo Dibala. Une soirée aux groupes d'origine très variée et donc originale, car plutôt différents des concerts habituels de Haute-Savoie. Un très bon moment qui se termine tôt le matin à l'internat de médecine, où nous pouvons poser les hamacs et où le levé du jour est un délice photographique.
Le jour se lève, les festivaliers se couchent dans le hamac...et c'est reparti dans le sens inverse! Dimanche matin, 9h00, sept moustiques et autant de loustiques sortent de leur sommeil à Saint-Laurent, et commencent leur journée. Retour le long du Maroni, avec vue, au fond, du Suriname.
Petite assiette de poisson locale au bord du fleuve...et nous revoilà sur la route au début de l'après-midi ! Retour à la crique...Baignade dans une eau splendide à 25°, soleil, repos et décontraction assurée avant de reprendre la route. Malheureusement, l'endroit est beau mais sale...comme bcp d'endroits de ce DOM. Un vrai effort à faire de la part de Mr tout le monde, mais j'aurai le temps d'en reparler.
N'oublions pas non plus les papayers, arbres fruitiers à feuillage persistant des régions tropicales humides cultivés pour leur fruit, la papaye, et originaire du Sud du Mexique.
Puis, retour à Iracoubo. Le centre du village (bourg) fut construit au début du 19ième siècle en même temps qu'un certain nombre de hameaux l'entourant...C'est une petite commune vraiment dépaysante, qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir auparavant.
L'église Saint-Joseph, qui date de la fin du 19ième siècle et que vous voyez sur la droite, a une particularité de taille. Ses murs intérieurs ont été recouverts par des fresques très originales. Ces peintures, d'aspiration naïve, sont l'œuvre d'un artiste du nom de Pierre Huguet, un bagnard (évadé récidiviste) pris en assignation par le père Raffray. L'ensemble de l'édifice intérieur a été peint, de 1892 à 1898. Voici quelques photos de cette très belle décoration.
Le retour à Cayenne se termine avec cette photo...de la tête au pied.
Ce week-end m'a montré que la Guyane, lieu encore très préservé, offre une certaine qualité de vie très intéressante. Ici, peu de musées et assez peu d'évènements culturels en général, mais des possibilités d'excursions riches et variées. J'aurai l'occasion de vous en présenter d'autres.